faux principes dont son elprit ne s'est que trop nourri& entretenu: Un Chrétien vivant de cette maniere , trouvera fans doute que les moindres ocupations de la retraite font mille fois plus utiles & plus importantes, que ce qu'il apelloit les grandes affaires dont il étoit ocupé dans le commerce du monde.. Il trouvera que le tems lui échape, & qu'il s'en faut beaucoup qu'il n'en ait assez pour remplir remplir tous les devoirs. Et bien loin de s'ennuier dans sa retraite, il sentira comme il doit l'obligation qu'il a à la bonté de Dieu, de l'avoir tiré de l'embaras & de la vie tumultueuse du monde , où l'on vit dans un continuel oubli de l'afaire dont on devroit continuellement s'ocuper , qui est l'afaire du salut éternel, auquel on ne parvient que par le bon emploi du tems. Je sçai, mon Dieu, que ce tems est bien court, que fa durée est incerraine, que la perte est irréparable. Quel sujet de gémir pour le mauvais usage que j'en ai fait jusqu'à présent ! Je fais une ferme résolution, inon divin Sauveur, de mieux emplorer les momens précieux que vous m'avez achetés au prix de votre sång, & que votre miféricorde me donne pour faire péniten ce , pour obtenir le pardon de mes pé- SUJETS POUR UNE RETRAITE DE DIX JOURS. I. JOUR Joar. V1.69. Seigneur , à qui irions-nous ? Vous avez les paroles de la vie éternelle. S. Pierre. CHRIST, qu'il faut écouter. Les hommes ne doivent être écoutés & crus , qu'autant qu'ils nous aprenent l'Evangile. Allons donc à cette source facrée. JES U SCHRIST n’a parlé & n’a agi qu'afin que nous l'écoutions, & que nous considérions atentivement le dérail de ses actions & de sa vie. Malheureux que nous sommes, nous courons après nos propres pensées , qui ne sont Nous ne connoissons point assez l’E- II. JOUR. Cherchez premierement le Rožaume et Matth. VI. la justice de Dieu, toutes ces choses vous seront données comme par surcroît. Je fus-Christ. N'avons-nous point de honte, de chercher quelque chose avec Dieu ? Quand nous avons la source de tous biens, nous nous croïons encore pauze yres. On cherche dans la piété même les commodités & les confolations temporelles. On regarde la piété comme un adoucissement aux peines qu’on foufre, & non comme un état d'adoucissement, de renoncement , & de facrifice. De-là viennent tous nos découragemens. Commençons par nous abandonner à Dieu. En le servant, ne nous mettons jamais en peine d'une maniere inquiére, de ce qu'il fera pour nous. Un peu plus ou un peu moins foufrir dans une vie si courte, ce n'est pas grand chose , quand on a devant les yeux un Roïaume éternel. III. JOUR. N. Cor. IV. Le moment si court & si léger des tri bulations que nous soufrons en cette vie ; opérera en nous un poids immense de gloire. S. Paul. Quelle proportion entre nos maux présens, & les biens que nous espérons ! Les premiers Chrétiens se réjouissoient sans cesse à la vûë de leur espérance. A tout moment ils croïoient voir le Ciel ouvert. Les croix, les infamies, les suplices les plus cruels , tout étoit doux pour eux. Ils connoif soient la libéralité infinie , qui doit païer de telles douleurs. Ils ne comtoient jamais assez soufrir. Ils étoient transportés de joie, lorsqu'ils étoient jugés dignes de soufrir ; & nous aines lâches , nous ne sçavons pas soufrir , parce que nous ne sçavons pas aimer, ni espérer. Nous sommes acablées par les moindres croix ; souvent même par celles qui nous viennent de notre vanité, de notre imprudence , & de notre délicatesle. 1 Croïez - vous que le Fils de l'homme Luc. XV111,3, venant sur la terre , y trouvera de la Foi? Jesus-Chrift. S'il y venoit maintenant, en trouveroit-il en nous ? Où sont les marques de notre foi ? Croïons-nous que cette vie n'est qu'un court passage à une meilleure ? Songeons-nous qu'il faut soufrir avec JESUS-CHRIST, avant que de régner avec lui ? Regardons-nous le monde comme une figure trompeuse, qui passe, & la mort comme l'entrée dans les véritables biens ? Vivons-nous de la Foi ? Nous anime-t-elle ? Goûtons-nous les vérités éternelles qu'elle |