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eft le fceau de notre fantification.
Quelle diférence de conduite; le
néant fe croit quelque chofe, & le
Tout-puiffant s'anéantit ! Je m'anéanti-
rai avec vous, Seigneur. Je vous ferai
un facrifice entier de mon orgueil, &
de la vanité qui m'a poffédé jufqu'à
préfent. Aidez ma bonne volonté. E-
loignez de moi les ocasions où je tom-
berois. Détournez mes yeux, afin que je P, CXVIII.
ne regarde point la vanité. Que je ne
voïe que vous, & que je me voie de-
vant vous. Ce fera alors, que je con-
noîtrai ce que je fuis, & ce que vous
êtes.

JESUS-CHRIST naît dans une
étable, il eft contraint du fuïr en Egyp-
te; il paffe trente ans de fa vie dans la
boutique d'un artifan; il foufre la faim,
la foif, la laffitude; il est
pauvre, mé-
prifé & abject; il enfeigne la doctrine
du Ciel, & perfonne ne l'écoute, tous
les grands & les Sages le pourfuivent,
le prennent, lui font foufrir des tour-
mens éfroïables, le traitent comme un
efclave, le font mourir entre deux vo-
leurs, après avoir préféré à lui un vo-
leur. Voilà la vie que JESUS-CHRIST a
choifie; & nous, nous avons en horreur
toutes fortes d'humiliations, les moin-

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37.

dres mépris nous font infuportables. Comparons notre vie à celle de JESUS-CHRIST. Souvenons-nous qu'il eft le Maître, & que nous fommes les efclaves ; qu'il eft Tout-puiffant, & que nous ne fommes que foibleffe; il s'abaiffe, & nous nous élevons. Acoutu mons-nous à penser si souvent à notre mifere, que nous n'aïons de mépris que pour nous. Pouvons-nous avec juftice méprifer les autres, & confidérer leurs défauts, quand nous en sommes nousmêmes remplis ? Commençons à marcher par le chemin que JESUS - CHRIST nous a tracé, puifque c'eft le feul qui nous puiffe conduire à lui.

Et comment pouvons-nous trouver JESUS CHRIST, fi nous ne le cherchons dans les états de fa vie mortelle; c'eft-à-dire, dans la folitude, dans le filence, dans la pauvreté & la foufrance, dans les perfécutions & les mépris, dans la Croix & les anéantissemens Les Saints le trouvent dans le

Ciel, dans les fplendeurs de la gloire, & dans les plaifirs inéfables; mais c'est après être demeurés avec lui en terre dans les oprobres, les douleurs, & les humiliations. Etre Chrétiens, c'est être imitateurs de JESUS-CHRIST. Et

en quoi pouvons-nous l'imiter, que dans fes humiliations? Rien autre chofe ne nous peut aprocher de lui. Comme Tout-puiffant, nous devons l'adorer; comme jufte, nous devons le craindre; comme bon & miféricordieux, nous devons l'aimer de toutes nos forces; comme humble, foumis, abject, & mortifié, nous devons l'imiter.

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Ne prétendons pas de pouvoir arriver par nos propres forces à cet état. Tout ce qui eft en nous, y réfifte; mais confolons nous dans la préfence de Dieu. JESUS-CHRIST a voulu fentir toutes nos foibleffes. Il eft un Pontife compatiffant, qui a voulu être tenté comme nous. Prenons donc toute notre force en lui, devenu volontairement foible pour nous fortifier. Enrichiffons-nous par fa pauvreté, & difons avec confiance; Je puis tout en ce- Phil. IV. 13. lui qui me fortifie.

Je veux fuivre, ô JESUS, le che min que vous avez pris. Je vous veux imiter. Je ne le puis que par votre grace. O Sauveur abject & humble, donnez-moi la science des véritables Chrétiens, & le goût du mépris de moimême; & que j'aprenne la leçon incompréhensible à l'esprit humain

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qui

eft de mourir à foi-même par la mor tification, & par la véritable humilité. Mettons la main à l'œuvre; & changeons ce cœur fi dur & fi rebelle au cœur de JESUS-CHRIST. Aprochons-nous du cœur facré de JESUS; qu'il anime le nôtre; qu'il détruise toutes nos répugnances. O bon Jefus, qui avez foufert pour l'amour de moi tant d'oprobres & d'humiliations, imprimez-en puiffanment l'eftime & l'a mour dans mon cœur, & faites-m'en défirer les pratiques!

Que l'humiliation eft un grand bien pour le progrès d'une ame qui la foùtient de bonne foi! On y trouve mille bénédictions pour foi, & pour sa fa conduite à l'égard des autres; car notre Seigneur donne fa grace aux humbles.

L'humilité produit le fuport d'autrui. La vûë feule de nos míferes peut nous rendre compatiffans & indulgens pour celles d'autrui.

Deux choses mises enfemble produiront l'humilité; la premiere eft, l'abî me de mifere d'où la puiffante main de Dieu nous a tirés, & au-deffus duquel il nous tient encore comme fufpendus en l'air. La feconde eft la pré

fence de ce Dieu qui est tout.

Ce n'eft qu'en voïant Dieu, & en l'aimant fans ceffe qu'on s'oublie foimême, qu'on fe défabuse de ce néant qui nous avoit éblouis, & qu'on s'acoûtume à s'apetiffer avec confolation fous cette haute Majefté qui engloutit tout. Aimons Dieu, & nous ferons humbles. Aimons Dieu, & nous ne nous aimerons plus nous-mêmes d'un amour déréglé. Aimons Dieu, & nous aimerons tout ce qu'il veut que nous aimions pour l'amour de lui.

Les fautes les plus ameres à fuporter tournent à bien, fi nous nous en fervons pour nous humilier, fans nous ralentir dans l'aplication à nous corriger. Le découragement ne remedie à rien; ce n'eft qu'un défefpoir de l'amour propre dépité. Le vrai moïen de profiter de l'humiliation de nos fautes, eft de les voir dans toute leur laideur, fans perdre l'efpérance en Dieu, & fans efpérer jamais rien de foi-même. Nous avons de preffans befoins d'être humiliés par nos fautes. Ce n'est que par-là que Dieu écrafera notre orgüeil, & confondra notre fageffe préfomptueufe. Quand Dieu aura ôté toute reffource en nous-mêmes, il bâtira

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