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véritablement humble. Celui qui veut quelque chofe pour foi-même fans le raporter à Dieu, ne l'eft pas non plus : mais celui qui au - dedans n'eft que baffeffe, & qui n'est bleffé de rien fans afecter la patience au-dehors; qui parle de foi comme d'un autre, qui fe livre aux éxercices de charité envers fes freres, qui eft très-content de paffer pour être fans humilité; enfin celui qui eft plein de charité, eft véritablement humble, s'il cherche les intérêts de Dieu pour le tems, & pour l'éternité. Plus on aime Dieu, plus l'humilité eft parfaite. Ne mefurons donc point l'humilité fur l'extérieur compofé. Ne la faifons point dépendre d'une action ou d'une autre, mais de la cha◄ rité qui dépouille l'homme de l'amour déreglé de lui-même, & le revêt de JESUS CHRIST, ce qui fait nous ne vivons plus, mais que c'eft JESUS-CHRIST qui vit en nous.

que

Nous tendons toujours à être quelque chofe. Nous faifons fouvent du bruit dans la dévotion, après en avoir fait dans les chofes que nous avons quitées. Et pourquoi ? c'eft que l'on veut être diftingués en toutes fortes d'états; mais celui qui eft humble

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cherche rien, il lui eft égal d'être loué ou méprifé, parce qu'il ne prend rien pour foi-même, & qu'il laiffe faire de lui tout ce que l'on veut. En quelque lieu qu'on le mette, il s'y tient, il ne comprend pas même qu'il lui en faille

un autre.

Celui qui s'aperçoit qu'il s'abaiffe, n'eft point encore à la place, qui eft audeffous de tout abaiffement. Ces perfonnes qui croïent s'abaiffer beaucoup, marquent beaucoup d'élevation. Auffi dans le fond cette maniere d'humilité, eft fouvent une recherche fubtile d'élevation. Ces fortes d'humilités n'entreront point dans le Ciel, qu'elles ne foient réduites à la charité, fource de la véritable humilité, feule digne de Dieu, qui prend plaifir de remplir de lui-même ceux qui en font remplis.

Ceux qui font dans cette difpofition, croïent ne pouvoir s'humilier, ni s'a baiffer, fe trouvant au-deffous de tout abaiffement. S'ils vouloient s'abaisser, il faudroit qu'ils s'élevaffent aupara vant, & fortiffent par-là de l'état qui leur eft propre. Auffi font-ils perfuadés que pour s'humilier, il faut le mettre au-deffus de ce que l'on eft & fortir de fa place, ce qu'ils ne croient pas ja

mais

mais pouvoir faire. Ils ne fe trouvent point humiliés par tous les mépris, & toutes les contradictions des hommes.

De même qu'ils ne prennent aucune part à tout l'aplaudiffement qu'on pourroit leur donner, ils croïent ne mériter rien; auffi ils n'atendent rien, ne prennent part à rien, ils comprennent qu'il n'y a que le Verbe de Dieu, qui en s'incarnant s'eft abaiffé au-deffous de ce qu'il étoit ; c'eft pourquoi l'Ecriture dit qu'il s'eft anéanti, ce qu'elle ne dit jamais d'aucune créature.

Tout doit être facrifié à la fouveraineté de Dieu feul. Plufieurs fe méprennent en ce point, foûtenant leur humilité par leur feule volonté, & manquant à la résignation & au parfait renoncement d'eux-mêmes. Ils ofenfent la charité divine, croïant favorifer l'humilité. Si l'on avoit de la lumiere difcerner cela, on verroit que par pour où l'on croit s'humilier, on s'éleve; qu'en penfant s'anéantir, on cherche fa propre fubfiftance; & qu'enfin l'on veut goûter, pofféder feulement la gloire de l'humilité dans les actes que l'on en pratique.

Le vrai humble ne fait rien de luimême, mais en même tems, il ne s'oY

pose en rien. Il se laiffe conduire & mener où l'on veut. Il croit que Dieu peut tout faire de lui, ainfi qu'il pourroit tout faire d'une paille, & il y a plus d'humilité à cela, qu'à s'opofer par humilité, ou plutôt fous prétexte d'humilité aux deffeins de Dieu.

pas

Celui qui préfere le mépris par fon choix à l'élevation, n'eft peut-être encore auffi véritablement humble qu'il le paroît, quoiqu'il ait le goût de l'humilité. Enfin celui qui fe laiffe placer où l'on veut, haut & bas ; qui ne sent pas cette diférence, qui n'aperçoit pas fi on le loüe, ou fi on le blâme, eft véritablement humble, quoiqu'il ne le paroiffe pas aux yeux des hommes, qui ne jugent pas de la véritable vertu, par ce qu'elle eft en elle-même, mais bien les idées qu'ils s'en font faites.

par

Celui qui eft véritablement humble, eft parfaitement obéiffant, parce qu'il a renoncé à fa propre volonté, il fe laiffe conduire, comme l'on veut, d'une façon ou d'une autre. Il plie à tout. Il ne réfifte à rien, parce qu'il ne feroit pas humble, s'il avoit un choix & une volonté, ou raifonnement fur ce qu'on lui ordonne. Il n'a de penchant propre pour aucune chose, mais il fe laiffe

pancher de quel côté l'on veut. L'humble véritable eft un de fes enfans, dont JESUS CHRIST a dit, que le Roïaume des Cieux lui apartenoit. Un enfant fe laiffe conduire. Abandonnons-nous donc avec courage. Si Dieu ne faifoit rien de nous, il nous rendroit juftice, puifque par nous-mêmes nous ne fommes bons à rien ; mais fi nous nous jettons entre fes bras, & que nous mettions notre confiance en

lui, il fera par nous & pour nous de grandes choses. Ce fera fa gloire, & nous dirons avec Marie, Dien a fait Luc. I. 48.49 de grandes chofes en nous, parce qu'il a regardé notre baffeffe.

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L faut s'acoûtumer à voir la mort. s'aprocher de nous & de nos proches. Nous avons une cité là-haut, où nous devons tendre; celle-ci eft un paffage. Nous ne devons pas pleurer nos proches, comme ceux qui n'ont pas les grandes efpérances de l'Eternité; pré

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