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Ou plutôt, que foufre-je, fi j'ofe me comparer à vous ? O homme lâche! Tai-toi. Regarde ton Maître, & rougis. Seigneur, faites que j'aime, & je ne craindrai plus la croix. Alors fije foufre encore des chofes dures & douloureuses, du moins je n'en foufrirai plus que je ne veüille bien foufrir.

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ENTRETIENS AFFECTIFS POUR LES PRINCIPALES

FESTES DE L'ANNE'E.

C

Durant l'Avent.

'Eft maintenant, ô mon Dieu que je me veux recueillir, pour adorer en filence les Mysteres de votre Fils, & pour atendre qu'il naiffe au fond de mon cœur. Venez, Seigneur JESUS, venez Esprit de vérité & d'amour qui le formâtes dans le fein de la fainte Vierge.

Je vous arends, divin JESUS, comme les Prophètes & les Patriarches

ousont atendu. Que volontiers je dis

avec eux : 0 Cieux, répandez votre ro- Ifaïe XLV.. fée, & que les nuées faffent defcendre Le Jufte, que la terre s'entr'ouvre, qu'elle germe fon Sauveur. Vous êtes déja venu une fois. Les anciens Juftes ont vû le défiré des Nations; mais les vôtres ne vous ont point connu. La lu- Jean 1. sa miere a lui au milieu des ténebres, & les ténebres ne l'ont point comprife. Que tardez-vous? Revenez, Seigneur, revenez fraper la terre ingrate, & juger les hommes aveugles. O Roi, dont les Princes de la terre ne font qu'une foible image, que votre Régne arrive. Quand viendra-t-il d'en-haut fur nous ce régne de juftice, de paix & de vérité Votre Pere vous a donné toutes les Nations ; il vous a donné toute puiffance & dans le Ciel, & fur la terre; & cependant vous êtes méconnu, méprifé, ofenfé, trahi! Quand viendra donc le jugement de ce monde endurci, & le jour de votre triomphe? Levez-vous, levez-vous, ô Dieu ! jugez votre propre caufe, brifez l'impie du foufle de vos lévres, délivrez vos enfans, juftifiez-vous en ce grand jour à la face de toutes les Nations; c'est vo

tre gloire, & non la nôtre que nouš cherchons.

Mon Dieu, je vous aime pour vous, & non pour moi. Je foufre, je féche de trifteffe, voïant prévaloir l'iniquité fur la terre, & votre Evangile foulé aux pieds. Je foufre, me fentant malgré moi affujéti à la vanité. Jufques à quand, Seigneur, laifferez-vous votre héritage défolé ? Revenez donc, Seigneur JESUS, rendez-nous la lumiere de votre vifage. Je ne veux tenir à aucune des chofes qui m'environnent ici-bas. Elles ménacent toute ruine prochaine. Les voutes immenfes des Cieux s'écouleront dans les abîmes ; cette terre couverte de péchés fera confumée, & renouvellée par le feu vengeur. Les aftres tomberont, leur lumiere s'éteindra; les élemens embrafés fe confondront, la nature entiere fera bouleverfée. A ce fpectacle,que l'impie frémisfe. Pour moi, je m'écrie avec amour & confiance: Frapez, Seigneur, glorifiezvous aux dépens de tout ce qui bleffe votre Sainteté. Frapez fur moi, ne m'épar gnez point, pour me purifier, & pour me rendre digne de vous. Hélas! ce monde infenfé n'eft ocupé que du moment

préfent, qui échape. Tout ceci va périr, & on en veut jouir comme s'il devoit être éternel. Le Ciel & la terre pafferont comme la fumée, votre parole feule demeure éternellement. O vérité ! on ne vous connoît point. Le menfonge eft adoré, & remplit tout le cœur de l'homme. Tout eft faux, tout eft trompeur. Tout ce qui fe voit, tout ce qui fe touche, tout ce qui eft fenfible, tout ce qui eft mefuré par le tems, n'eft rien. Faut-il que ce vain fantôme foit cru fi folide, & que l'immuable vérité paffe pour un fonge? Hélas, Seigneur pourquoi foufrez-vous cet enchantement? La terre entiere eft plongée dans le fommeil de la mort, reveillez-la par votre lumiere. Pour moi. je ne veux que vous, je n'atens que vous. Je regarde la foudre prête à partir de votre main pour écrafer les hommes fuperbes, & pour venger votre patience méprifée; & loin de craindre la mort, je la regarde comme la délivrance de vos enfans. Oui, Seigneur, nous mourrons; & le charme funefte fe rompra tout à coup. Vous ne ferez plus ofenfé; je vous aimerai, je n'aimerai que vous, je ne m'aimerai plus moimême d'un amour déréglé. O que j'ai

me votre Avénement ! Déja, felon votre précepte, je leve les yeux & la tête pour aller au devant de vous. Par le transport de mon amour je m'élance au-devant du Seigneur, comme le premier de vos Apôtres me l'a enfeigné. Je fuis foible, miférable, fragile, il eft vrai: j'ai tout à craindre fr vous me jugez dans la rigueur de votre justice, j'en conviens: Mais plus je fuis fragile, plus je conclus que la vie eft un danger, & que la mort eft une grace.

O Seigneur ! ôtez le péché, venez régner en moi; arrachez-moi à moimême, & je ferai pleinement à vous. Hé, quai-je à faire fur la terre ? Que puis-je défirer dans cette vallée de lar mes, où le mal paroît au comble, & où le bien eft fi imparfait ? Rien que votre volonté ne m'y peut retenir; je n'aime rien de tout ce que je vois, je ne veux point m'aimer moi-même, je ne veux aimer que votre Avénement.

Pour le jour de faint Thomas.

Mon Dieu, ouvrez-moi les yeux, élargissez mon cœur,pour me faire comprendre & fentir les dons que vous

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