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de fon Sauveur qui est anéanti & fou
frant; elle fe fent écrasée
té de cet éxemple.

par l'autori

Il faut donc préparer fon cœur à la confusion & à l'amertume. Oui, je le veux, ô JESUS! Je prens la Croix pour marcher après vous. Qu'on me méprife, on aura raison. Le mépris que j'ai pour moi, n'eft fincere qu'autant qu'il me fait confentir à être méprisé par les autres. Quelle injustice, de vouLoir que ce qui nous paroît bas & indigne, éblouiffe notre prochain ! Je me livre donc, ô JESUS, à tout opro

bre
que vous m'envoïerez, je n'en re-
fufe aucun : & il n'y en a aucun que je
ne mérite. O ver de terre ! eft-ce à toi
que l'honneur eft dû 2 O ame péche-
reffe, qu'as tu mérité finon d'être la ba→
Licure du monde ? Puis-je jamais être
mis trop bas, moi qui ne fuis par ma na-
ture que néant, & par ma propre volon→
té que péché? Ame vaine, & ingrate à
ton Dieu, porte donc fans murmurer
la confufion qui eft ton partage. Plus
d'honneur, plus de bienféance, plus de
réputation. Tous ces beaux noms doi-
vent être facrifiés à un Sauveur raffafié
d'oprobres. Qu'as-tu en toi qui ne de-
mande l'humiliation?Eft-ce ton orgücile

2

Hé, c'eft ton orgueil même qui te rend encore plus miférable & plus indigne de tout honneur.

Mais hélas, O JESUS! qu'il y a loin entre les fentimens généraux d'humiliation, & la pratique ! On faluë la Croix de loin, mais de près on en a horreur. Je vous promets maintenant de marcher fur les traces fanglantes. que vous me laiffez, afin que je vous fuive portant la Croix après vous : mais quand l'oprobre & la douleur de la Croix paroîtront, tout mon courage m'abandonnera. Alors quels vains prétextes de bienféances ! quelles délicateffes honteufes! quelles jaloufies diaboliques! Mon Dieu, je parle magnifiquement de la Croix, & je n'en veux connoître que le nom! Je la crains, je la fuis, fa vie feule me défole. Qu'aVous avez, à mon ame! D'où vient que Vous murmurez, que vous tombez dans. le découragement, que vous allez mendier chez tous vos amis un peu de confolation? Ah! c'eft que Dieu m'humilie, & me charge de croix. Hé, n'est-ce pas ce que vous lui avez promis d'aimer ? Qu'avez-vous donc ? Qu'est-ce qui vous trouble? Le Chrétien doit-il être hors de lui, quand il a ce qu'il a voulu,& qu'il

eft fait femblable à JESUS foufrant? OJESUS Enfant ! donnez-moi la fimplicité de votre enfance dans la douleur. Si je pleure, fi je gémis, qu'au moins je ne résiste jamais à votre main crucifiante. Coupez jufqu'au vif, brûlez, brûlez: Plus je crains de foufrir; plus j'en ai befoin.

Pour le jour de l'Epiphanie, on des

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Rois.

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Créateur du Ciel & de la terre, Etre éternel & infini, origine de tous les êtres, en qui nous éxiftons, nous vivons, nous agiffons, & hors duquel nous ne fommes rien ! Comment fe peut-il qu'étant par tout & animant toutes chofes, le monde ait demeuré fi long-tems fans vous connoître? Comment pouvez Vous être ignoré de ceux qui n'ont rien qu'ils ne reçoivent de vous ? O unique & intariffable source de tous les biens! comment encore tous les jours n'êtes-vous pas aperçue de ceux qui ne ceffent point de puifer en vous? O vive & vivifiante clarté ! quelle peut être l'obfcuri té qui empêche de vous voir? Qu'il faut que les ténebres de nos ames foient

épaifles

épaiffes pour réfifter à votre éclat! Heureux ceux à qui vous daignez paroître, & à qui vous faites la grace de vous découvrir comme vous avez fait aux faints Mages, dont vous avez fçû fraper les yeux au travers des fombres nuages de la plus aveugle Gentilité!

Brifez, ô mon Dieu, les voiles de mon ame. Détruifez la forte muraille que le péché a bâtie entre vous & moi, & par laquelle il vient à bout de me dérober les raions de votre fainte lumiere. Soleil de Juftice, furpaffez les montagnes de mon orgueil, qui retarde votre aurore. Pénétrez les forêts noires & confufes de mes paffions, dans la fombre nuit defquelles mon cœur demeure égaré. Ce font ces malheureuses paffions, ô mon Dieu, qui non feulement ont voilé mes yeux, mais qui vous ont encore en velopé vous même des voiles mortels, fous lefquels vous avez fi longtems gémi à cause de moi dans votre vie de voïageur fur la terre; & qui, quoique pénétrés de la fplendeur de votre divinité, qui leur a été communiquée, font encore fouvent pour mes foibles yeux un nuage ui me la fait inéconnoître; au lieu qu'ils devroient

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toujours contribuer à me la montrer, puifque votre immense charité ne vous en a fait couvrir que pour vous proportionner à ma foible vûë, & la rendre capable de vous fuporter.

ce que

Qui eft-ce qui me délivrera du corps de cette mort, pour me rejoindre à la fource de ma vie? Hélas ! quand feraviendra mon tour pour arri ver à la connoiffance de celui qui feul peut faire ma fouveraine félicité ? Quand verrai-je celui dont la vûë fait les défirs des Anges? Je fouhaite que mes liens foient rompus, pour être avec mon Sauveur. Funeftes chaînes, qui chargez mon ame, jufques à quand prolongerez-vous la mifere de mon éxil? Chaînes, qui nous atachant à ce féjour de ténebres, nous tenez abfens de celui de la lumiere éternelle, que vous êtes digne de haine ! Liens, qui nous uniffant à la créature, nous féparez du Créateur, quel cœur faut-il avoir pour vous aimer O éternelle Beauté ! que les objets après lefquels on court dans cette ombre de la mort, & qui femblent fi aimables à des cours aveugles, deviennent horribles & infuportables à ceux qui font éclairés du moindre de vos raions! Que je renon

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