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1.Cor, V. 10.

de Dieu, on craint même de voir ce qu'on ne peut pas connoître. O fageffe hautaine & profane, je te crains, je t'abhorre, je ne veux plus t'écouter. Il n'y a plus que l'Enfance de JESUS que je prétens fuivre. Que le monde insensé en dife tout ce qu'il voudra, qu'il s'en fcandalife même. Malheur au monde à caufe de fes fcandales! C'eft l'oprobre & la folie du Sauveur que j'aime. Je ne tiens plus à rien. Nul refpect humain, nulle crainte des railleries & de la cenfure des faux fages, les gens de bien même qui font encore trop enfoncés par fageffe en eux-mêmes, ne m'arrê teront pas. Quand je verrai l'étoile, je leur dirai comme faint Paul aux fideles encore trop atachés aux bienféances mondaines & à leur raifon; Vous êtes fages en JESUS CHRIST; & nous, nous fommes infenfès en lui.

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Heureux deffein ! mais comment l'a-complir? O vous, Seigneur, qui l'infpirez, faites que je le fuive. Vous qui m'en donnez le défir, donnez-moi auffi le courage de l'éxécuter. Plus d'autre lumiere que celle d'enhaut ! Plus d'autre raifon, que celle de facrifier tous mes raifonnemens Tais - toi, raifon préfomptueuse je ne te puis foufrir. O

:

Dieu, Vérité éternelle, fouveraine & pure, venez être l'unique raifon qui m'éclaire dans les ténebres de la foi.

J

Sur la Converfion de S. Paul.

SUS,

E viens à vos pieds, ô Seigneur Jr, plus abatu que Saul ne le fut aux portes de Damas. C'eft votre main qui me renverfe; j'adore cette main, c'eft elle qui fait tout. O toute puiffante main, ma joïe eft de me voir à votre difcretion. Frapez, renverfez, écrafez. Je viens, ô mon Dieu, fous cette main terrible & miféricordieufe. En me renverfant, éclairez-moi, touchez-moi, convertiffez - moi comme Saul. Mon premier cri dans cette chute, c'eft de dire: Seigneur, que voulez- Aa. IX. 6, vous que je faffe? O que j'aime ce cri! Il comprend tout; il renferme lui feul toutes les plus parfaites prieres, & toutes les plus hautes vertus. Avec le maître point de conditions ni de bornes. Que voulez-vous que je faffe? Je fuis prêt à tout faire & à ne faire rien, à ne vouloir rien, & à vouloir tout, à foufrir fans confolations, & à goûter les confolations les plus douces. Je ne vous dis point, ô mon Dieu: Je ferai

de grandes austérités, des renoncemens dificiles, des changemens étonnans dans ma conduite. Ce n'est point à moi à décider ce que je ferai. Ce que je ferai c'eft de vous écouter, & d'atendre la loi de vous. Il n'eft plus queftion de ma volonté, elle eft perdue dans la vôtre. Dites feulement ce que vous voulez; car je veux tout ce qu'il vous plaît de vouloir, non feulement pénitences corporelles, mais humiliations de l'efprit, facrifices de fanté, de repos, d'amitié, de réputation, de confolation intérieure, de vie temporelle, & même de ces confolations fenfibles qui font un avant-goût de l'éternité. Tout cela eft entre vos mains. Donnez, ôtez, qu’importe? Faites, Seigneur, & ne me confultez jamais. Ne me montrez que vos ordres, & ne me laiffez qu'à obéir.

Qu'en quelque épreuve amere & donloureufe où vous me mettiez, il ne me reste que cette seule parole: Que voulezvous ? Renverfez-moi, comme Saul, dans la pouffiere,à la vûe de tout le genre humain : mais renversez-moi en forte je ne puiffe me relever. Aveuglez-moi, comme lui; reprochez-moi mes infidėlités ; je veux bien qu'on les fçache, & je dirai volontiers, comme Saul, à la

que

face de toutes les Eglifes: J'ai été infi-
dele, impie, blafphémateur, perfécu-
teur de JESUS-CHRIST. Il m'a con-
verti pour ranimer l'efpérance des pé-
cheurs les plus endurcis, & pour don-
ner un éxemple touchant de la patience
avec laquelle il atend les ames les plus
égarées. Venez donc me voir, ô vous
tous qui oubliez Dieu, qui violez fa
&
loi, qui infultez à la vertu; venez,
voïez cette main charitable qui m'aveu-
gle pour m'éclairer, & qui me renver-

fe
pour me relever. Venez admirer a-
vec moi cette miféricorde, qui fe plaît
à éclater dans l'abîme de mes miferes.
Seigneur, loin de murmurer dans ma
chute, je baife & j'adore la main qui
me frape. Voulez-vous me faire tom-
ber encore plus bas? je le veux fi vous
le voulez ; que voulez-vous que je faffe?

Je fens, ô mon Dieu, la vérité & la force de cette parole: Il eft dur de régimber contre l'aiguillon. O qu'il eft dur de réfifter à l'atrait intérieur de votre grace! Qui eft-ce qui vous a jamais réfifté, Job. IX. 4. &qui a pù trouver la paix dans cette réfiftance? Non feulement l'impie & le mondain ne goûtent aucune paix, jufqu'à ce qu'ils fe tournent vers vous ; mais l'ame que vous avez délivrée des

liens du péché, ne peut jouïr de la paix fi elle rélite encore par quelque réferve ou quelque retardement à cet aiguillon perçant de votre Efprit, qui la pouf

dépouillement, à l'enfance, à là mort intérieure. La prudence réfifte, elle affemble mille raifons; elle regarde comme un égarement la bienheureufe folie de la croix. Elle aimeroit mieux les plus afreuses auftérités, que cette fimplicité & cette petiteffe des Enfans de Dieu, qui aiment mieux être enfans dans fon fein, que grands& fages en eux-mêmes. O que ce combat eft rude! qu'il agite l'ame' qu'il lui en coûte pour facrifier fa raifon & tous fes beaux prétextes! Mais auffi, fans ce facrifice, nulle paix, nul avancement: au contraire, le trouble d'une ame que Dieu preffe, & qui craint de voir jufqu'où Dieu la veut mener pour lui arracher tout apui d'amour propre. O Dieu, je ne veux plus vous réfifter. Je n'hésiterai plus, je craindrai toujours plus de

ne

faire pas affez, que de faire trop. Je veux être Saul converti. Après ce que vous avez fait pour ce perfécuteur, il n'y a rien que vous ne puiffiez faire d'une ame péchereffe. C'est parce que je fuis indigne de tout, que vous pren

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