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peu ardent à défirer une viande fi fublime, par la péfanteur d'un efprit peu animé à la recherche des pures délices, par la langueur & l'acablement d'une confcience malade.

Vous aurez les pieds chauffés : C'està-dire, la partie de vous-mêmes, par laquelle vous communiquez à la terre, & lui touchez de plus près, fera foigneufement munie contre toutes les fouillures & toutes les impuretés qu'el le pourroit contracter de fon atou chement, & du commerce que les né ceffités de la vie mortelle l'obligent d'avoir avec elle dans ce paffage.

Vous aurez fur les reins une ceinture : par laquelle vous ferez préfervés de la diffolution du fiécle, & qui fervira de frein aux défordres de la chair..

Vous ne mangerez rien de cet Agneau qui foit cuit dans Pean. La pureté de fon fuc divin ne fera point altérée par aucun mélange fade & infipide, qui pourroit en diminuer le goût & la force: mais il fera rôti & rendu mangeable par le feul feu de la charité, qui en fera une nourriture propre à votre ame, agréa ble à votre goût, & utile à votre falut. Si vous ne fufifez pas vous feul pour le manger, vous chercherez la compagnie

de votre voifin. La compagnie excite l'a petit; elle rend le repas plus joïeux & La fête plus folennelle.

Les forces unies ont plus de pouvoir. Ne négligeons pas dans une ocafion fi importante, de chercher le fecours d'une édifiante fociété : On ne peut trop être aidé dans une action à laquelle on fufit fi peu foi-même. Vous nous avez dit, Seigneur, que toutes les fois que nous ferions plufieurs affemblés en votre nom vous feriez au milieu de nous : La multitude anime : l'éxemple touche. Mais ne pourroit-il point fe rencontrer que ce voifin à qui on nous ordonne de nous joindre, feroit notre ennemi ? Comment en ce cas acomplir la loi ? Quel moïen de s'affocier à une perfonne avec qui on eft broüllé? C'eft en eela particulierement que la loi qui commande cette union eft fainte, & qu'elle convient parfaitement à ce myf. tere d'amour. Mortel, ofez-vous prérendre vous unir à Dieu par la charité, pendant que la haine vous tient féparé de votre frere? & vous réconcilier à votre Seigneur ofenfé, fi vous.refufez de vous réconcilier à votre pochain que vous avez peut-être ofenfé vous même ? Mauvais, ferviteur,j'ai eu la bour

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té de vous remettre toutes vos dettes, parce que vous m'en avez prié ; & vous ne voulez rien paffer à celui qui me fert avec vous! Craignez les pleurs & & les grincemens des dents qui habirent dans les ténebres extérieures. Laif

fez donc votre préfent devant l'autel; & avant que de l'ofrir, allez vous remettre en graces avec votre frere. Si vous ne pardonnez pas, on ne vous pardonnera point. On mefurera pour vous avec la même mefure dont vous aurez mefuré aux autres. Croïez- vous pou voir nourrir de la chair d'un Dieu qui s'eft immolé pour les ennemis, une ame qui ne veut pardonner aucune injure? Joignez-vous à votre prochain, d'au tant plus étroitement, qu'il y aura eu entre vous une inimitié plus grande; parce que fans.lui vous ne fufirez jamais à manger l'Agneau qui eft mort pour la réconciliation des hommes. Et fi ce prochain vous résiste, que votre foin charitable & votre pieufe importunité triomphe de fa résistance. Si vous l'engagez ainfi à prendre avec vous ce faint repas d'une maniere convenable, vous: aurez fait deux conquêtes, celle de votre ame, & celle de la fienne.

Après tout cela, s'il refte encore quel

que chofe qui paffe nos forces, & à quoi notre ame, quoiqu'aidée du secours qu'elle a cherché dans la compagnie du prochain, ne puiffe entierement fatisfaire; qu'alors le feu de l'amour fuplée au défaut de nos autres facultés, & qu'il acheve de dévorer entierement, ce que le refte de nous-mêmes n'aura pas été capable de confumer dans cet adorable myftere. S'il ref te quelque chofe, dit la loi, vous le confumerez par le feu.

Enfin, ajoute-t-elle, vous n'en romprez pas un os. Circonftance admirable, & inftruction utile pour les ames d'une difpofition opofée aux ames qui manquent de forces; pour les ames, dis-je, dont le tempéranment vif & dévorant feroit en danger de pécher par un vice contraire à celui des perfonnes qui n'ont pas affez de vivacité dans cette fonction fpirituelle. Ames téméraires, ô mon Dieu, & gâtées par un levain dangereux de fuperbe & d'amour propre, qui non contentes de manger votre Chair & de boire votre Sang, que vous avez donné aux hommes pour les nourrir, changeant pour cela par cette tranfubftantiation auffi inconpréhenfi ble qu'elle eft véritable, le pain & le

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vin en votre Corps & en votre Sang, voudroient encore, infatiables & trop afamées, brifer par une avidité criminelle les os de cette viande fainte; qui fouhaiteroient avoir des marques vifibles de ce changement; & qui tâchant de pénétrer par une dangereufe curiofité jufqu'au fond de ce terrible & adorable myftere, auroient envie d'en découvrir jufques aux moëlles, qui doivent nous être cachées, & font enfermées pour nous fous des voiles épais, comme dans des remparts durs & dificiles à

percer. Banniffez, ô mon Dieu, de mon efprit & de mon cœur tout vain défir de voir ce qu'il vous a plu voiler à mes yeux, & enlever à la connoiffance de mon ame. Bienheureux ceux qui croient fans voir ! Je veux croire tout ce que vous avez révelé, & je le veux croire fur votre feule parole, fans aprofondir les fecrets que votre fageffe s'eft réfervés, en atendant que votre lumiere diffipant tous mes nuages dans le tems: que vous avez réglé, votre miféricorde me faffe voir à découvert ce que j'aurai cru fermement dans les obfcurités de la foi.

Nourriture fainte & miraculeufe fource infinie de merveilles, qui êtes

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