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la viande des vivans, & pourtant la viande des morts, la viande des forts & pourtant la viande des foibles, & qui êtes faite pour donner en même tems à la même ame la mort & la vie ! Pain des Anges & pain des hommes, pain des enfans & des ferviteurs, mettez-moi vous-même dans l'état où je dois être pour vous manger, & voir naître en moi tous les éfets que vous y devez produire. Vous êtes le vrai fruit de vie; qui vous mangera ne mourra jamais. Vous faites cependant mourir celui qui vous mange; mais il n'eft pas plutôt mort que vous le reffufcitez, vous qui êtes vous-même une chair qui a été morte, & qui s'eft reffufcitée par fon feul pouvoir, par lequel elle tue tous ceux qui l'aprochent, & reffuscite tous les morts qu'elle nourrit. Nul ne peut vous manger dignement qu'il ne meure d'une mort parfaite. Nul ne peut vous manger dignement, qu'il n'ait en foi la fource & le gage effentiel de la vie. Quiconque vous mange comme il doit meurt entierement à lui-même; mais en même tems qu'il meurt, il reffufcite pour vous. Vous êtes une nourriture médicinale, vous êtes donc pour les foibles; vous êtes une

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nourriture

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nourriture qui fait périr fans reffource ceux qui n'ont pas la force de la foutenir, vous êtes donc en même tems la nourriture des forts. O Pain céleste. qui transformez les hommes en Anges, & les ferviteurs en enfans! corrigez mes imperfections, guériffez toutes mes foibleffes, & donnez-moi une force digne de vous. Faites - moi mourir à la mort, & reffuciter à la vie, de maniere qu'étant ainfi reffucité, je ne fasse plus des actions de mort, que je n'aïe plus le goût de mort que donnent les chofes de la terre; mais que nourri des azymes de la vérité & de la fincérité, je ne goûte que les chofes célestes, dans lefquelles confifte la vie. Que ma vie charnelle foit morte, & cachée en Dieu avec vous; pendant que reffucité auffi avec vous, je vivrai d'un efprit dégagé de la corruption de la terre, & ataché à l'incorruptibilité des choses du Ciel, où vous régnez affis à la droite de votre Pere dans l'immenfité de la gloire que vous poffédez pour jamais, & que vous communiquerez éternellement à vos Elus, au nombre defquels je fuplie votre miféricorde infinie de recevoir mon indignité. Amen.

Hh

Matth.

Pour le jour de l'Afcenfion

L me femble que j'acompagne, avec les Difciples, JESUS-CHRIST jufqu'à Béthanie. Là il monte au Ciel à mes yeux, je l'adore, je ne puis me laffer de le regarder,de le fuivre d'afection, & de goûter au fond de mon cœur les paroles de vie, qui font forties les dernieres de fa bouche facrée quand il a quitté la terre. O Sauveur ! vous ne ceffez point d'être avec moi & de me parler. Je fens la vérité de cette promeffe: Voilà que je fuis avec vous XXVIII. 20. tous les jours jufqu'à la consommation du fiécle. Vous êtes avec nous, non-feulement fur cet autel fenfible où vous apellez tous vos enfans à manger le pain defcendu du Ciel; mais vous êtes encore au-dedans de nous fur cet autel invisible, dans cette Eglife & ce fanctuaire inacceffible de nos ames, où fe fait l'adoration en efprit & en vérité. Là vous font ofertes les pures victimes; là font égorgés tous les défirs criminels, & tous les goûts de l'amour propre. Là nous mangeons le véritable pain de vie, dont votre chair adorable même n'est que la fuperficie fenfible; là nous fommes nourris de la pure fubftance de

l'éternelle vérité. Là le Verbe fait chair fe donne à nous comme notre verbe intérieur, comme notre parole, notre Lageffe notre vie, notre être, notre tout. Si nous l'avons connu felon la chair & par les fens, pour y rechercher un goût fenfible, nous ne le connoiffons plus de même; c'eft la pure foi & le pur amour qui fe nourriffent de la pure vérité de Dieu, fait une même chose avec nous. O régne de mon Dieu! c'est ainsi que vous venez à nous dès cette vie miférable. O volonté du Pere! vous êtes par-là acomplie fur la terre comme dans le Ciel. O Ciel! pendant qu'il plait à Dieu de me tenir hors de vous dans ce lieu d'éxil, je ne vais point vous chercher plus loin, & je vous trouve fur la terre. Je ne connois ni ne veux d'autre Ciel que mon Dieu; & mon Dieu eft avec moi au milieu de cette vallée de larmes. Je le porte, je le glorifie en mon cœur, il vit en moi. Ce n'eft pas moi qui vis, c'eft lui qui vit, triomphant dans fa créature de bouë, & qui la fait vivre en lui feul. O bienheureuse & éternelle Sion, où JESUS régne avec tous les Saints! que de chofes glorieufes font dites de vous! Que j'aime ce régne

de gloire qui n'aura point de fin! A vous feul, Seigneur, l'empire, la majefté, la force, la toute-puiffance, aux fiécles des fiécles!

Seigneur JESUs, bien loin de m'aAliger pour nous de ce que vous n'êtes plus vifible fur la terre, je me réjouis de votre triomphe; c'est votre feule gloire qui m'ocupe. Je joins ici-bas ma foible voix avec celle de tous les Bienheureux, pour chanter le cantique de l'Agneau vainqueur: trop heureux, ô JESUS, de foufrir dans cet éxil pour vous glorifier ! Votre préfence fenfible, il est vrai, eft le plus doux de tous les parfums; mais ce n'eft pas pour moi feul que je vous cherche, c'eft pour vous. Ofi je me regardois moi-même, qu'est-ce qui pourroit me confoler dans Cette miférable vie, de ne vous avoir point, de vous déplaire par tant de fautes, & de me voir fans ceffe en rifque de vous perdre éternellement ? Qu'est-ce qui feroit capable d'adoucir mes peines, & de me faire fuporter la vie? Mais j'aime mieux votre volonté que ma fureté propre.

Je vis donc, puifque vous voulez que je vive. Cette vie, qui n'eft qu'une durera autant que vous voudrez.

mort,

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