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trouver notre Sauveur lorfque nous ne le verrons plus, & qui conduira nos pas pour aller à vous, puifque vous dites vous-même que nous ne fçavons pas où vous allez ? Ce fera fans doute, ô mon Dieu, le Confolateur que vous prometez de nous envoïer; puifqu'il feroit impoffible qu'il nous confolât, s'il ne nous rendoit ce cher Maître qui veut s'éloigner de nous. Vous dites qu'il nous aprendra toute vérité. Il nous aprendra donc où vous allez, & le chemin qu'il faut tenir pour s'y rendre. Il nous fera donc concevoir combien eft grand le malheur d'être fans vous. Ainfi, ô mon Dieu, quand il y faudroit aller par la divifion du corps & de l'ame, par les roues & par les feux, il n'y auroit point de peine qui ne nous parût légere en comparaifon d'un fi grand bien. Que le renoncement à toutes les chofes de la terre, à notre vie, à notre corps, à tout, excepté à notre falut, doit être aifé & paroître doux à qui vous connoît, & qui vous aïant perdu, efpere par-là vous revoir ! Quel objet peut encore arrêter le cœur de celui qui a pu fans mourir, fe voir privé de votre vûe, & des plaifirs infinis que peut donner le bonheur de s'entrete

nir & de converfer avec vous ? S'il a fallu, pour notre bien, nous priver d'un fi faint atachement, quel autre atachement fur la terre peut n'être pas dangereux Puifque votre oracle a prononcé que nous n'aurions jamais votre faint Efprit, fi la préfence vifible de votre chair adorable ne nous étoit enlevée, dans quel aveuglement font ceux qui croient tirer leur félicité de quelque chofe de fenfible? C'eft donc une vérité enfeignée ainfi par vous-même,qu'on ne peut jamais atendre sa conlation des fens, & qu'on ne peut être heureux, fi l'on s'atache uniquement à ce qu'ils nous préfentent, & qu'on n'en pénêtre pas le fonds qu'y découvre la

foi.

O Dieu, qui avez crû, & qui nous avez fi foigneufement déclaré qu'il nous étoit néceffaire de vous éloigner de nous, ne nous étant plus visiblement préfent, & qui pour notre bien avez voulu faire une féparation fi dure; combien à bien plus forte raison nous eft-il néceffaire de nous féparer de nous-mêmes? Faites cette féparation, Seigneur, qui nous eft plus importante. Acordezla à notre priere, vous qui fans en être prié, avez voulu faire l'autre. Rompez

les liens qui m'atachent non-feulement à tout ce qui me femble mauvais, mais encore à tout ce que je puis croire indiférent, puifque vous avez jugé qu'il étoit expédient pour le bien de vos Difciples, & de toute votre Eglife, de rompre ceux qui les atachoient à la chofe du monde la plus adorable & la plus divine. Et s'il a été befoin, pour nous rendre heureux, que nos fens aïert perdu la chere préfence de celui qui

fait le bonheur éternel des Saints; faires au moins que nous puiffions la retrouver, & que nous foïons très-foigneux de la chercher dans le lieu où elle a voulu demeurer encore ici-bas pour nous; je veux dire dans l'augufte Sacrement que votre amour a institué pour êtte avec nous jufqu'à la confommation des fiécles; où des aparences myftérieuses trompant nos fens, leur cachent ce qu'ils ne doivent pas apercevoir, & laiffent voir à nos cœurs & à nos entendemens, fous les ombres de la foi, tous les charmes & tous les tréfors qui ne font ôtés à nos corps que pour enrichir & pour remplir nos ames, afin de nous conduire à la jotiffance d'une vûë fpirituelle, qui doit nous combler d'une béatitude inaltéra

ble. Envoïez-nous pour cela, ê mon Dieu, ce Confolateur promis, qui nous rempliffant de fageffe, d'intelligence, de force, de fcience, de piété, & d'une crainte falutaire, produife en nous la charité, la joïe, la paix, la patience, la clémence, la bonté, la courageufe perfévérance, la douceur, la foi, la modeftie, la continence & la chafteté. Que ce divin difpenfateur des graces joigne par furcroît à toutes celles-ci, le don de les pouvoir énoncer pour les faire connoître & les faire défirer à tous ceux qui les ignorent; pour faire adorer l'Efprit faint qui les diftribuë; pour vous faire adorer vous-même, Seigneur, & votre Pere célefte, qui avec vous eft la divine fource de ce divin & défirable ruiffeau: ou s'il ne ne fait

pas en moi, comme il fit autrefois dans les Apôtres, que ma bouche parlant toutes les langues du monde, puiffe enfeigner tous les peuples, & leur aprendre fa gleire, qui eft la vôtre, qu'il faffe au moins qu'en moi les actions, qui font un langage universel qui parle à tous les yeux, & fe fait entendre à toutes les nations de la terre, publient fes miféricordes, & annoncent à tous ceux qui les verront, la maniere véritable dont il veut être fervi.

cet

Que ce violent Transformateur, Ouvrier de miracles, ce Soufle à qui rien ne peut résister, qui fait toutes chofes nouvelles, & qui change en un moment les pleurs en joïe, la glace en feu, la haine en amour, la mort en la vie, faffe en moi ce qui paroît impoffible; amoliffe ma dureté, quelque grande qu'elle puiffe être, purifie la multitude innombrable de mes imperfections, change en vertus l'horreur de mes crimes; qu'il excite en moi le bruit, l'impétuofité & le feu dans lequel il est venu; afin que ce bruit réveille l'affoupiffement de mon ame, que cette impétuofité anime les mouvemens de mon & que ce feu confumant tout ce qui m'apéfantit, m'éleve par fon a

cœur,

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mour à la célefte demeure où vous régnez un feul Dieu, le Pere, le Fils, & le faint Efprit, dans une gloire inéfable pour toute l'Eternité. Amen.

V

Pour le même jour.

Ous avez commencé, Seigneur, par ôter à vos Apôtres tout ce qui paroiffoit le plus propre à les foutenir, confoler & perfectionner, je veux dire, la préfence fenfible de JESUS votre Fils mais vous avez tout détruit

pour

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