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ne vous écoutez plus vous-même dans ce filence qui eft l'anéantissement de l'efprit. Laiffez parler le Verbe fait chair; ô qu'il dirà de choses! il est lui feul toute vérité. Quelle diférence, entre la créature qui dit en paffant quel que vérité, & qui dit ce qui n'eft point à elle, mais ce qui eft comme emprun té de Dieu; & le Fils de Dieu, qui est la Vérité même ! Il eft ce qu'il dit; il eft la vérité en fubftance: auffi ne la dit il point comme nous la difons; il ne la fait point paffer devant les yeux de notre efprit fucceffivement & par pen fées détachées; il la porte elle-même toute entiere dans le fond de notre être; il l'incorpore en nous, & nous en elle nous fommes faits vérité de Dieu. Alors ce n'eft point par force de raifonnemens & de fcience; c'est par fimplicité d'amour qu'on eft dans la vé rité; tout le refte n'eft plus qu'ombre & menfonge. On n'a plus befoin de difcourir & de fe convaincre en détail : c'est l'amour qui imprime toute vérité. D'une feule vûe, on eft faifi du néant de la créature & du tout de Dieu. Cette vûe décide tout, elle entraîne tout, elle ne laiffe prefque plus rien à l'efprit on ne voit qu'une seule vérité, & tout le refte difparoît.

O monde infenfé & fcandaleux, on ne peut plus vous voir ni vous entendre! O amour propre, vous faites horreur on fe fuporte patienment comme JESUS-CHRIST fuportoit Judas. Tout paffe de devant mes yeux, mais rien ne m'importe, rien n'eft mon afaire, finon l'afaire unique de faire la volonté de Dieu dans le moment préfent, & de vouloir fa volonté fur la terre comme on la veut dansle Ciel.

O JESUS, voilà le vrai culte que vous atendez. Qu'il eft aifé de vous adorer par des cérémonies & des louanges; mais qu'il y a peu d'ames qui vous rendent ce culte intérieur!Hélas,on voit en beaucoup d'endroits une Religion en figure, une Religion Judaïque. On voudroit par l'efprit poffeder votre vérité, mais on ne veut point fe laiffer pofféder par elle : on veut participer à votre facrifice, & jamais fe facrifier avec vous. A moins qu'on ne fe perde en vous, jamais on ne fera fait une même chofe avec vous. O Dieu caché, que vous êtes inconnu aux hommes ! O amour, on ne fçait ce que c'eft que d'aimer. Enseignez - le moi & ce sera. m'enfeigner toutes les vérités en une feule

J

Sur fainte Madeleine.

E voudrois, mon Sauveur, comme fainte Madeleine, vous fuivre par amour jufques dans la pouffiere du tombeau. C'étoit d'elle, Seigneur, que vous avez fait fortir fept démons. Que je fuis aife de voir que les Saints que vous avez tirés de l'état le plus afreux, font ceux qui cherchent vos miféricordes avec plus de courage & de tendreffe! Tous vos Difciples, Seigneur, s'enfuïent; Madeleine feule; qui a été la proïe de tant de démons, arofe votre tombeau de fes larmes ; elle efst inconfolable de ne plus trouver votre Corps: elle le demande à tout ce qu'elle trouve dans le tranfport de fa douleur, elle ne mesure point ce qu'elle dit; elle ne fçait pas même les paroles qu'elle prononce. Quand l'amour parle, il ne confulte point la raison.

Je cours en pleine liberté comme vos vrais enfans, à l'odeur de vos parfums je cours, ô mon Dieu, avec Madeleine vers votre tombeau, je cours fans m'arrêter: je defcends jufques dans la pouffiere, aux ténebres, à l'horreur de ce tombeau. Je ne trouve prefque plus, ô Sauveur, aucun refte

cœur,

de votre préfence, aucune trace de vos dons. L'Epoux s'en eft enfui, tout eft perdu, il ne refte ni Epoux, ni amour, ni lumiere: JESUS eft enlevé, ô douleur, ô tentation; ô désespoir ! perdre jufqu'à mon amour même! JESus caché & enféveli au fond de mon ne s'y trouve plus. Où est-il ? Qu'eft-il devenu? Je le demande à toute la nature ; & toute la nature eft muette; il ne me refte de mon amour, que le trouble de l'avoir perdu. Où est-il ? donnez-le moi, ôtez-moi tout le reste, je l'emporterai. Pauvre ame, qui ne fais rien de ce que tu dis, mais trop heureufe que tu aimes fans favoir que c'eft l'amour qui te fait parler!

O amour, vous voulez des ames qui ofent tout & qui ne promettent rien, qui ne difent jamais, je le puis, ou je ne le puis pas on peut tout en vous; on ne peut rien fans vous; quiconque aime parfaitement ne fe mefure plus fur foi, il eft prêt à tout, & ne tient plus à rien.

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Pour le jour de l'Assomption.

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Mon Dieu, je me présente aujourd'hui à vous avec Marie Mere de votre Fils! Donnez-moi des penfées, donnez-moi un cœur, qui répondent aux pensées & au cœur de Marie. O JESUS, voilà votre Mere qui quitte la terre pour se réunir à jamais à vous! Je la quitte avec vous: avec elle mon cœur s'éleve vers les Ciel pour n'aimer que vous. O efprit qui defcendîtes fur cette Vierge pour la rendre féconde, defcendez fur moi pour me purifier.

Que vois-je dans Marie pendant les A. 1. 14. derniers tems de fa vie? Elle perfévéreit, dit faint Luc, dans la priere aves lès autres femmes: c'eft-à-dire, qu'elle ne faifoit au dehors que ce que les autres faifoient. La perfection, qui étoit fans doute dans la Mere du Fils de Dieu, ne confifte donc pas dans des actions extraordinaires & éclatantes.Nous ne voïons ni prophétie, ni miracles, ni inftruction des peuples, ni extafes. Rien que de fimple & de commun. Sa vie étoit toute intérieure: elle prioit avec perfévérance. Voilà son ocupation, où elle fe bornoit: mais fans

fe

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