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tous! ô célefte patrie! ô aimable Sion où mon cœur enyvré fe perdra en Dieu ! qui ne vous délire, que défirera-t-il ?

Mais, ô mon Dieu & mon amour, c'est votre gloire, & non mon bonheur feul, après quoi je foupire: j'aime mieux votre volonté que ma béatitude: je confens donc pour l'amour de vous, à demeurer encore loin de vous dans ce lieu d'éxil, dans cette vallée de larmes, autant que vous le voudrez. Vous fçavez que ce n'eft point par atachement à la terre, ni à ce corps de bouë, ce miférable corps de péché, mais par un facrifice de tout moi-même à votre bon plaifir, que je confens à languir encore ici-bas. Mais faites que je meure à tout avant que de mourir: éteignez en moi tout défir; déracinez toute volonté; arrachez tout intérêt propre alors je ferai mort, & vous vivrez, vous, en moi; alors je ne ferai plus moi-même.

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O précieufe mort, qui doit précéder la naturelle ! O mort qui est une vie divine & transformée en JESUSCHRIST; en forte que notre vie eft cachée avec lui dans le fein du Pere célefte ! O mort après laquelle on eft prêt à mourir & vivre fans diftinction! O

1.Cor.IV.10.

mort qui commence fur la terre le Roïaume du Ciel ! O germe de l'être nouveau! Alors, mon Dieu, je ferai dans le monde comme n'y étant pas j'y paroîtrai comme ces morts fortis du tombeau , que vous reffuciterez au dernier jour.

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SUR LA VIOLENCE qu'un Chrétien fe doit faire continuellement pour aquérir la béatitude.

A

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Qui croïez-vous que parle faint Paul, quand il dit; Nous fommes fols à caufe de JESUS-CHRIST, & vous êtes prudens en JESUS-CHRIST? C'est à vous, c'eft à moi, & ce n'eft point aux gens qui ont toute honte levée, & qui ne connoiffent point Dieu. Oui, c'est à nous qui croïons travailler à notre falut, & qui ne laiffons pas de fuir la folie de la Croix, & de cher-. cher les moïens de paroître fages aux yeux du monde. C'est à nous qui ne tremblons point dans la vûë de notre foibleffe. Où faint Paul fe trouve luimême foible, nous nous trouvons forts; & nous ne pouvons difconvenir qu'avec

de bonnes intentions, nous ne foïons quafi opofés à ce grand Apôtre. Cet état ne doit pas nous paroître bon; faifons-y donc réfléxion; & après nous être bien éxaminés, voïons en quoi nous diférons des véritables ferviteurs de Dieu. Soïons imitateurs de JESUSCHRIST, en devenant les imitateurs de faint Paul, qui fe donne pour mo- 1. Cor. XI. dele, après le premier modele. Plus de complaifance pour le monde ; plus de complaifance pour nous; plus d'indulgence pour nos paffions, pour nos fens, & pour notre langueur fpirituelle. Ce n'eft point en paroles que confifte la pratique de la vertu ; elles ne fufisent pas pour arriver au Roïaume de Dieu; c'eft dans la force & le courage, & dans la violence que l'on le fait. Violence en toutes rencontres lorfqu'il faut résister au torrent du monde, qui nous empêche de faire le bien, après nous avoir tant de tems fait commettre le mal. Violence quand il faut renoncer à une partie du néceffaire, pour ne pas fe tromper en croïant avoir renoncé au fuperflu. Violence quand il faut fe mortifier dans l'efprit, après s'être mortifié dans le corps, fans avoir dans la pensée que Dieu nous en doit de

refte. Violence pour augmenter les heures de prieres, de lectures, & de retraite. Violence pour fe trouver toujours parfaitement bien dans l'état où l'on eft, fans fouhaiter, ni plus de commodité, ni plus d'honneur, ni plus de fanté, ni d'autre compagnie, pas même de gens de bien: enfin violence, pour arriver à ce dégré d'indiférence abfolument nécessaire au Chrétien, qui n'a du tout de volonté que celle de Dieu fon Créateur, qui lui remet le fuccès de toutes fes afaires, quoiqu'il ne laiffe pas d'y travailler; qui agit felon fa condition, mais qui agit fans se troubler; qui prend plaifir à regarder Dieu, & qui ne craint point d'en être regardé, parce qu'il efpere que ce regard fera pour corriger fes défauts, & point pour punir fes péchés. Voilà où je vous laiffe, & où je vous prie de vous tenir, afin que nous puiffions & vous & moi, dans le trouble & le tracas de la vie du monde, nous conferver en paix. Grand Dieu,pouvons-nous penfer, que l'on connoiffe en nous quelque chofe de la vie de J ES US-CHRIST! plus nous craignons de foufrir, plus nous en avons de befoin.

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PRIER E

Pour fe donner entierement à Dieu.

M

vous;

On Dieu, je veux me donner à donnez-m'en le courage; fortifiez ma foible volonté qui foûpire après vous; je vous tends les bras, prenez-moi. Si je n'ai pas la force de me donner à vous, atirez - moi par la douceur de vos parfums. Entraînez-moi après vous par les liens de votre amour. Seigneur, à qui ferois-je, fi je ne fuis à vous? Quel rude efclavage que d'être à foi, & à fes passions! Ŏ vraïe liberté des enfans de Dieu! on ne vous connoît pas. Heureux qui a découvert où elle est, & qui ne la cherche plus où elle n'eft pas! Heureux mille fois qui dépend de Dieu en tout, pour ne dépendre plus que de lui feul!

Mais d'où vient, ô mon divin Epoux, que l'on craint de rompre fes chaînes ? Les vanités paffageres valent elles mieux que votre éternelle vérité, & que vous-même ? Peut-on craindre de fe donner à vous ? O folie monstrueu

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