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& trop éloigné de leurs foibles pensées, pour pouvoir être connu dans votre nature infinie; ce qui fait l'imperfection des hommes, fait votre perfection fouveraine. Vous ne choififfez jamais perfonne pour le bien que vous y trouvez car vous ne trouvez en chaque chofe que le bien que vous y avez mis vous-même. Vous ne choififfez pas les hommes, parce qu'ils font bons; mais. ils deviennent bons, parce vous les avez choisis. Vous êtes fi grand que vous n'avez befoin d'aucune raifon pour vous déterminer. Votre bon plaifir eft la raifon fouveraine. Vous faites tout pour votre gloire. Vous raportez tout à vous feul. Vous êtes jaloux d'une jalousie implacable, qui ne peut foufrir la moindre réserve d'un cœur que vous voulez tout entier. Vous qui défendez la vengeance, vous vous la réfervez, & vous puniffez éternellement. Vous ménagez avec une condefcendance & une patience incroïable les ames lâches, qui vivent partagées entre vous & le monde ; pendant que vous demandez une grande perfection aux ames généreufes, qui fe font déja données à vous, jufqu'à ne s'aimer plus que pour vous, & en

Vous

vous. Votre amour eft jaloux: jamais il ne dit, c'eft affez. Plus on lui donne, plus il demande. Il fait même à l'ame fidelle une efpèce de trahison. D'abord il l'attire par fes douceurs, puis il lui devient rigoureux; puis enfin il fe cache pour lui donner le coup de la mort, en lui ôtant tout apui

aparent & humain.

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O Dieu incompréhenfible, ô Dieu aimable je vous adore, & je vous aime; vous m'avez fait uniquement pour vous; je fuis à vous, & point à

moi.

Dans le Ciel, dit faint Bernard, il y aura un amour chafte & confommé, une pleine connoiffance, une vifion manifeste, une liaison ferme, une fociété indiffoluble, & une parfaite reffemblance. Alors l'ame connoîtra Dieu comme elle eft connue de lui. Elle l'aimera, comme elle en eft aimée; & l'Epoux connoiffant & connu, aimant & aimé, fe complaira éternellement en fon Epouse.

D

DE

L

L'OBEISSANCE due à Dieu.

'Obéiffance a des caracteres fi aimables, fi grands, & en même tems fi propres aux devoirs de notre état , que je ne m'étonne point du tout, que les Peres en aïent fait après la charité, la Reine des Vertus. En effet à la confidérer du côté de Dieu, eft-il rien de plus grand! Si la Majefté de Dieu demande des facrifices & des hommages, l'obéïffance eft de toutes les vertus celle qui lui en offre de plus excellens & de plus parfaits; puifqu'elle lui offre ce qu'il y a de plus grand dans l'homme par l'anéantiffement & la foumiffion parfaite de La volonté à celle de Dieu.

L'obéïffance eft une adoration perpetuelle qui nous unit à Dieu, & à la volonté fouveraine; en reconnoiffant humblement qu'il n'apartient qu'à Dieu, cette volonté adorable, de gouverner & de conduire; que tout lui doit être foûmis, qu'elle doit régner fouverainement fur nous ; & que toute volonté doit être anéantie devant

elle; que rien ne doit être fouftrait à fon domaine; que feule elle eft fainte, jufte, droite, & aimable.

Une ame obéïffante a donc cet humble efprit d'adoration, dont l'Ecriture nous dépeint les Anges remplis devant la Majefté de Dieu, lorfqu'elle nous les repréfente s'oubliant eux-mêmes, & attentifs à la feule volonté de Dieu, dont ils fuivent tous les mouvemens avec une fidélité digne de leur état.

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Une ame qui obéit, n'eft - elle pas devant Dieu dans cette heureuse fituation? Je la vois toujours les yeux en haut collés fur fon Dieu; attentive au plus fimple figne de fa volonté ; prête à tout, fans engagemens, hors celui de faire tout ce qui lui fera marqué, fans attachemens hors celui qu'elle a à fon Dieu, dont elle reçoit la conduite. Ses deffeins ne fe puifent pas chez elle, mais chez Dieu. C'eft lui qui pense pour elle, qui forme des projets pour elle, qui régle fon état, qui la pouffe ou l'arrête à un certain point. C'est lui qui prévoit pour elle Favenir, qui détourne les dangers qui l'environnent qui fait tout fervir à fon bien, qui lui fait fentir fes foibleffes préfentes, afin de

l'attacher toujours davantage à celui -qui feul est toute fa force; qui prend des mefures fi juftes pour fon avancement & pour fa fidélité, qu'elle eft dans le monde auffi long-tems préci fément qu'il faut pour fa fanctifica

tion.

Il n'apartient qu'à cette heureuse créature de dire avec le Prophête, que fes yeux font attachés à fon Dieu avec plus de dépendance, de fidélité, & de foumiffion, que ne le font les yeux de l'efclave le plus fidele aux moindres ordres de fon Maître.

Ce que fait une ame obéïffante dans le cours de fes actions fe voit; mais le principe divin qui l'anime, ne fe voit point. Cet état ne paroît être qu'une vie de foi toute noble & toute pleine de mérite. En éfet, la Foi ne voit proprement que Dieu; elle eft aveugle, dit-on. Elle l'eft en éfet; mais c'est parce qu'elle eft trop claire voïante. Elle eft aveugle fur les créatures. Elle ne les voit pas, parce qu'elle eft toute occupée de Dieu devant cet Etre in fini qui la remplit, tout difparoît la vue de l'Eternité l'empêche de voir le court moment de tems qui s'échape. C'eft en ce fens qu'elle eft aveu

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