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voit point encore parlé. Hé bien, continua-t-il cette peau luifante comme une espèce de miroir, vous doit faire connoître que c'eft le fruit de la foi, quand on a mangé de ce fruit on est docile à la parole de Dieu; on s'y foûmet, & on eft auffi certain des biens qu'il promet & des maux dont il menace, que fi on les voïoit de fes yeux. Enfuite prenant dans fa main une grenade comme s'il l'eût voulu pefer; ce fruit, me dit-il, eft le véritable Symbole de la modeftie Chrétienne : à le voir on le croiroit fort léger, & il pese beaucoup; il renferme fous une écorce qui n'a point d'aparence, tout ce qu'il y a de plus beau & de meilleur. De plus il eft

un excélent remede contre le tremblement des membres, un préfervatif con tre l'air corrompu, & contre les mala-dies des yeux. Je ne pûs m'empêcher de fourire l'entendant ainfi parler; & cela lui donna ocafion de me demander, fi je comprenois bien ce qu'il venoit de me dire. Je lui répondis, que je croïois l'avoir compris, & que j'étois ravi de tout ce que je lui avois oui dire jufqu'à préfent: qu'au refte je n'avois fouri que: d'aife de l'entendre expliquer fi agréa blement les propriétés du fruit de mo

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deftie & de gravité. Il continua donc fon explication, & en me montrant une pêche, il me dit; le grand froid de ce fruit vous a fait affez connoître que c'eft le fruit de continence ; il a la vertu d'amortir l'ardeur des paffions, de dégoûter l'ame des plaifirs des fens, & d'affujétir le corps à l'efprit. Comme je m'aperçus qu'il croïoit m'avoir dit tout ce que j'avois envie de fçavoir touchant les fruits qui étoient dans la corbeille, je pris la liberté de lui faire remarquer une pomme de paradis paradis qui étoit dans le fond, & de lui demander ce que c'étoit. Croïez-vous, me répondit - il, que j'aïe mis ce fruit tout au fond de la corbeille fans raison. Je l'ai fait pour vous aprendre, que la chafteté, cette vertu céleste, eft fi délicate, que le moindre foufle peut gâter ce beau fruit; on le gâte en le maniant ou en l'expofant au grand air: n'oubliez pas d'en avertir les perfonnes à qui j'envoïe la corbeille que je vous confie. Il vit bien que ces dernieres paroles m'inquiétoient d'autant plus, qu'il avoit paru jufqu'alors que ces fruits étoient pour moi. Je n'ofai néanmoins faire paroître mon chagrin; & je me contentai de lui demander à qui il m'ordonnoit de porter un fi beau préfent.

Ne croïez pas, mon fils, dit-il, en me ferrant la main, que j'aïe deffein de vous ôter ce que je vous ai donné : voús avez befoin de ces fruits: & je vous confeille de vous en nourrir. Mais fçachez qu'ils fe multiplieront en vos mains à mesure que vous les communiquerez au prochain; je ne prétends pas que vous les prodiguiez à toutes fortes de perfonnes, mais feulement à celles que vous trouverez altérées, & afamées de la véritable justice, & qui voudront vi vre de la vie de l'efprit.

Aïez furtout égard à celles, qui, në connoiffant pas ce païs, & n'entendant pas la langue qu'on y parle, ne connoîtront point ces fruits délicieux, fi on ne leur en faifoit part. Hélas, lui dis-je, où trouverai - je des perfonnes qui n'aïent du goût que pour les chofes du Ciel, ou qui croient avoir besoin qu'on les inftruife?

FIN.

PRIVILEGE DU ROI

OUIS, par la grace de Dieu Roi de France & de Navarre: A nos amez & feaux Confeillers, les Gens tenans ros Cours de Parlemens, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il apartiendra: Salut. Notre bienamé FRANÇOIS BABUTY, Libraire à Paris, nous aïant fait remontrer qu'il lui auroit été mis entre les mains plufieurs Ouvrages;entr'autres un confidérable qui a pour titre : Confultations Canoniques fur les Sacremens, par le Sieur. Gilbert; le Directeur des Ames Péniten tes ; & Lettres édifiantes: lefquels Livres il defireroit fous notre bon plaifir, les donner au Public. Mais comme il ne les peut faire imprimer fans s'engager à une très-grande dépenfe, il Nous auroit en conféquence très-humblement fait suplier de vouloir bien pour l'en dédommager lui acorder nos Lettres de Privilege, tant pour l'impreffion desdits Livres ci-deffus expliqués, que pour la réimpreffion de plufieurs autres qui font

fes, voulant favorablement traiter ledit Expofant, & reconnoître fon zele en lui donnant les moïens de pouvoir contribuer à l'empreffement qu'il a de' donner des Ouvrages utiles au Public, & engager par fon éxemple les autres Libraires & Imprimeurs à entreprendre' des Editions dont la lecture puisse contribuer à l'avancement des Sciences & des belles Lettres, qui ont toujours fleuri dans notre Roïaume, ainsi qu'à foutenir la réputation de l'Imprimerie & Librairie, qui y ont été jufqu'à préfent cultivées avec autant de fuccès que de réputation. Nous avons permis & permertons par cesPréfentes audit BABUTY de faire imprimer lefdites Confultations' Canoniques fur les Sacremens, par le Sieur Gilbert: Le Directeur des Ames Pénitentes: Lettres édifiantes. Et de réimprimer, où faire réimprimer Les Sentimens de Piété, par le feu fieur Archevêque de Cambrai les Prieres touchantes & afectives, par le fieur Barbé: Adorations à N. S. Jefus-Chrift: les Entretiens fur les devoirs de la Vie Civile, par le fieur Abbé Marfolier: la Vie de la Vénérable Mere de Chantal, & le Traité de l'Ufure, par· le fieur Nicole, dont il fouhaite faire

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