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gle. Mais trop heureux aveuglement, qui nous cache ce que nous ne devons pas voir, pour ne nous occuper que de ce qui nous doit remplir, & peur feul nous rendre heureux! Telle eft la vie d'une ame obéïflante. Elle ne connoît proprement que Dieu ; elle ne penfe qu'à lui; elle n'eft occupée que de lui. Sa volonté lui tient lieu de tout. Elle la fuit en tout ; & elle a même ce merveilleux avantage, que dans fes actions les plus communes, elle ne fait rien de commun. La volonté de Dieu l'aplique à tout, au commun & au fimple, comme en ce qui eft de plus élévé : & dans tous les devoirs qui paroiffent fi loin les uns des autres, elle ne cherche que Dieu, ne trouve que lui, & ne fe repofe qu'en lui. Ol'heureufe obéïffance!

Cette vertu nous ramene à l'innocence des enfans. Eft-il rien de plus fimple que l'obéïffance? Elle bannit tout retour d'amour propre : elle ne veut point d'éxamen. Elle ne cherche point de raifon pour fe déterminer. Le commandement feul fait toute fa raifon. Voilà ce qui la remuë. Et une ame qu'elle conduit, ne veut point d'autre raifon de fon obéiffance, que

l'obéiffance même. C'eft à ce prix qu'elle donne à cette ame le repos entier. En vérité, il y a de quoi fe calmer, quand on fe fent entre les mains de Dieu; affuré qu'on eft, qu'on ne s'égare pas fous un tel guide. Voilà par où Dieu couronne cette heureufe vertu dès ce monde ici.

Une ame foumife goûte un repos délicieux, fes paffions le font à la raifon, & tout étant chez elle dans l'ordre, tout y eft en paix, cette heureufe ame n'eft pas même obligée de travailler beaucoup ; car quoiqu'elle agiffe toujours, & que fa vie foit pleine & fans vuide, le mouvement de la régle qui la conduit, lui rend tout facile, & fon travail eft moins une peine de fon péché, qu'un éxercice de fon amour quoique fon travail lui coûte peu, il eft néanmoins d'un grand raport. Eft - il rien de plus confolant, que de fe voir entre les mains la matiere même de la couronne qu'on nous prépare, & d'en accroître à tous momens les biens dont Dieu s'eft rendu le fidele garand? On va avec ces faintes difpofitions tranquil lement à la mort, qu'on envisage bien moins comme une punition, que com me une récompenfe. Je ne m'étonne

plus que le faint Efprit pour nous décrire en un mot tous ces fruits de l'obéiffance, ait dit d'elle excellemment qu'elle faifoit remporter à l'homme obéiffant des victoires fans nombre. Les autres vertus ont chacune leur mérite, parce qu'elles ont chacune leur ennemi à combattre ; mais l'obéïffance e; la deftruction de la propre volonté combat & furmonte tous les vices, & mérite des couronnes fans nombre.

par

C'eft cette admirable vertu qui entrant parfaitement dans les intérêts de Dieu, pour punir les révoltes de la volonté, l'abandonne à une perpetuelle fervitude, & l'oblige à une éternelle réparation de fes défobéïffances par un fidele & aveugle attachement aux ordres de fon Dieu.

A confidérer cette vertu par raport à nous, les avantages en font infinis. Car elle va à nous tirer de tout embarras, & à nous établir dans un vrai repos, en nous déchargeant de tous foins & de toute inquiétude, qui fuivent ordinairement ce que nous faifons de nous-mêmes. Une des choses qui nous embarraffe le plus dans nos petites entreprises, c'eft l'incertitude du fuccès. L'obéiffance nous met en repos

de ce côté-là, en nous attachant à la feule volonté de Dieu, qui eft toujours maîtreffe des événemens. Nous ne répondrons devant Dieu, que de la fimplicité de notre obéïffance. C'eft à ceux qui nous conduisent à répondre du refte. Pourvû que dans ce qui eft commandé, il n'y ait rien contre la Loi de Dieu & les bonnes mœurs, nous fommes toujours innocens devant Dieu en obéïffant, quand ce ne feroit pas par luimême le meilleur ; étant bien sûr qu'il fera toujours le meilleur pour nous par raport à nous. Ajoûtez à cela que fi le mérite de nos actions croît à mefure que l'amour

propre y a moins

de part, je ne vois rien de plus méritoire que ce que fera une ame obéïffante; parce que rien ne me paroît plus épuré, & moins en commerce avec F'amour propre. Par raport aux autres, rien ne nous aprendra mieux le rang que nous devons tenir, que l'obéïffance qui nous mettra toujours à la dernie re place qui eft celle de la dépendance.

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A fainteté de Dieu eft infinie, parLe qu'il n'a d'attachement que pour

ce

lui-même.Voilà la fource de notre fainteté. Elle ne fera parfaite que lorsque nous ferons parfaitement libres des liens de toutes les créatures,& que nous n'aurons d'attachement que pour Dieu feul. Les petits attachemens que Dieu foufre dans nous, quoiqu'ils nous paroiffent innocens, & qu'ils le foient en éfet, au moins jufqu'à ne nous pas priver de l'amour de Dieu, font pourtant toujours très-dangereux; puifque ces amours marquent, non pas la fauffeté de notre vertu, mais fa foibleffe. De-là il s'enfuit qu'il ne nous eft pas permis de les aimer, ni de nous y repofer, ni de les ménager,comme ils s'étoient indiférens pour notre avancement. C'eft pour ne pas repouffer ces petits attachemens avec vigueur, qu'il arrive fouvent que nous languiffons dans la voïe du falut. Nos éxercices perdent une partie de leur force par ces ménagemens fi mal entendus.NosCommunions fe font fans E

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