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tenter un cœur qui eft plein du divin amour. Son repos devient une excellente priere, parce qu'elle renferme un parfait aquiefcement de fa volonté à celle de Dieu.

mour,

Nos emplois les plus diffipans ne feront pas contraires à cette priere d'as'ils font dans l'ordre de Dieu; car celui qui tient fon cœur dans une parfaite conformité à la volonté de Dieu, dans tous les emplois, également content par tout où Dieu le met, attentif à obéir, & content de fa feule obéïssance; celui-là prie, parce qu'il aime, & qu'on ne peut aimer fans prier; puifque la charité ne demeure jamais en filence, & qu'elle fçait toujours gémir, quand elle eft vraie.

Il eft facile de comprendre comment cette priere d'amour fe foûtient malgré nos indifpofitions; car qu'on foit fec, ou recueilli; bien touché, ou infenfible, plein d'ardeur, ou indiférent; le cœur qui eft remué par un motif plus noble & plus haut, fe met audeffus de tout, & va fon train. Ainfi il agit avec moins de goût, mais non pas avec moins d'amour. Il ne fent rien; mais il fçait ce qu'il faut faire. Il ne connoît quelquefois rien que le comman

dement; & c'eft ce qui le régle, ce qui le foûtient, & tout ce qui le contente. Voilà ce que je nomme priere d'amour.

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Souvenez-vous de deux chofes, l'une que chaque vertu chrétienne forme le fond d'une priere excellente. L'autre que quand Dieu nous attire à l'amour de quelque vertu, ou nous la rend néceffaire dans quelques occafions nous apelle en même-tems à prier par elle. Par exemple, Dieu vous fait fentir fes graces; vous les repaffez dans votre fouvenir; vous en admirez la profufion ; vous fentez d'ailleurs votre néant; cela vous humilie, & vous fait défirer de mettre le tout pour le tout, & de n'ufer de tous les dons du Seigneur que pour fa gloire. Voilà une priere de reconnoiffance.

Vos péchés vous frapent; le nombre vous en fait peur. La pénitence se préfente à vous; elle s'offre de païer toutes vos dettes; vous vous y livrez tout entier, foûpirant après la fatisfaction de la divine Juftice; j'apelle cela priere de pénitence. Donnezmoi une ame qui foit à charge à foimême, qui fe méprife; qui fente fes défauts; qui ne connoiffe fes biens que foiblement, & autant que le veut

une humble reconnoiffance; qui d'ailleurs cherche par tout la derniere place; qui prenne toujours le parti de fe donner le tort, & de prévenir ceux qui l'ont outragée ; j'apellerai celapriere d'humilité, & ainfi des autres.

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Je vous confeille de fuivre beaucoup les difpofitions, dans lesquelles Dieu vous mettra. Ce font des femences de bonnes prieres, qui portent de bons fruits, quand on les fçait cultiver. Quelquefois vous vous fentez porté à la joïe fpirituelle; fi vous allez vous occuper d'un Myftere effraïant, ou d'une verta auftere; il arrivera fouvent que vous étoufferez votre difpofition pour la priere, & que ramant contre le torrent ferez Vous une priere toute féche, & fouvent pleine de diftractions; & par-là même, ordinairement inutile & rebutante. Au lieu que cette difpofition, un peu ménagée, vous auroit ouvert un champ de priere bien étendu. Quelquefois Dieu vous remplit de la penfée de ses jugemens, ou de vos dernieres fins, fans que vous fçachiez trop bien d'où vous viennent ces faintes infpirations. Il fe fervira peut-être de l'occafion de la mort d'un ami; de la mifere d'un autre, &c.

pour vous mener à ces difpofitions. Quelquefois il en fera lui-même l'Auteur. En ces occafions, fuivez-le où il vous apelle, afin d'en tirer les avantages que fa bonté vous y prépare. Plus Dieu aura de part à vos prieres, meilleures elles feront.

On prie encore admirablement, quand Dieu nous traite comme JESUSCHRIST traita autrefois fes Apôtres. Pour les remettre de leurs fatigues évangéliques, il les mena dans le défert; afin, dit le Texte facré, de les faire repofer. O le divin repos, que Dieu lui-même fait goûter à une ame qu'il veut païer par avance de fa fidélité, quand il veut bien ouvrir fon fein adorable à cette ame altérée qui ne foûpire qu'après lui; quand il veut bien montrer fa face, & lui tenir un langage d'ami; quand il veut bien pour un tems lui effuier fes larmes, & arrêter fes foupirs; quand il veut bien lui donner quelque affurance qu'elle est à lui, & que perfonne ne la lui ravira; quand il veut bien lui faire fentir quelques traits de fon amour; quand il veut bien l'endormir de ce fommeil de paix, qui, éloignant jufqu'au fouvenir du bruit des créatures, ramaffe.

toute fon attention pour Dieu. Quand il veut bien, ce Pere tendre, faire tuer le veau gras, & oubliant les déréglemens de fon enfant prodigue, le recevoir au baiser de paix, aux caref fes, aux embraffemens

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au feftin. Quel repos, quelle joïe, quels tranfports! Mais hélas, dit faint Bernard ce font des momens qui ne font que paffer: ils ne raffafient pas; ils ne font que faire croître l'ardeur pour fes di

vins entretiens. Une ame charmée de ce qu'elle voit,& de ce qu'elle entend, a beau s'écrier, Seigneur, qu'il fait bon ici; ne defcendons point au commerce des créatures; rien ne vaut l'honneur & le plaifir d'être avec vous; ne nous occupans que de vous; rien ne me manquera pourvû que je vous aïe, ô mon divin tréfor. Une ame, dis-je, a beau le demander, on compte qu'elle ne fçait ce qu'elle dit, extafiée fa joie. Tout difparoît. On la renvoïe à fes premieres miferes; & on lui fait comprendre que le Calvaire nous doit conduire au Tabor.

par

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