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DE L'ORAISON DE PRE'SENCE

de Dien.

'Oraifon dont je vous parle ici, eft une attention paifible à la préfence de Dieu, qui fait qu'une ame le regarde avec toute l'attention de fon cœur, & ne voit prefque que lui dans la méditation. Vous fçavez qu'on cherche Dieu par l'Oraifon affective on : va à lui par notre Oraifon de préfence. On le regarde, & on ne fe lasse point de le regarder. Par le filence, on fe repofe en Dieu. Et enfin par l'Oraifon d'union on fe lie à lui, & on le poffède, autant qu'on le peut dans ce lieu d'éxil. Dans ce dégré que nous expliquons maintenant, on voit Dieu, & on ne le perd prefque jamais de vûë. Cela vous fait peur au fouvenir de vos diffipations. Mais pour vous conferver dans cet amoureux fouvenir de Dieu, faint François de Sales vous confeille de faire fouvent une proteftation fainte devant Dieu, de vouloir être à lui fans réserve, & fans aucun partage; & renouveller fouvent cette fainte réfolution, que vous opoferez à tous

vos abatemens, & à vos dégoûts; car après tout, pourvû que vous foïez à Dieu, & qu'il foit véritablement à vous; que vous importe? Saint Auguftin vous confeille de rentrer souvent en/vous-même, en regardant votre eur comme un cabinet intérieur où Dieu fe plaît à converfer avec vous ; pourvû que la porte en foit bien fermée à toutes les créatures, qui n'ont nul droit fur les entrées de ce paifible défert. Il eft important plus qu'on ne le penfe, de s'accoûtumer à chercher Dieu en nous. Nous l'y trouvons toujours plus facilement, plus diftinctement & plus utilement que parmi fes créatures. Après le très-faint Sacrement de nos Autels, rien n'eft plus marqué à la présence de Dieu, qu'un cœur qui fçait un peu fe recueillir. Sainte Therefe regardoit le fien, comme un Ciel intérieur, où elle prenoit plaifir à voir le régne de JESUS-CHRIST bien établi, & bien paisible. Ainfi pour l'imiter, étant rentré au-dedans de vousmême, demeurez-y quelquefois en filence devant Dieu préfent, content de le regarder fans lui rien dire. Offrezvous à lui comme une victime prête à s'anéantir devant lui; comme une épou

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fe pleine d'amour, qui regarde le vifage bien aimé de fon époux. Dans cet état, on ne fçait que fe taire ; & néanmoins le cœur eft dans un excès de joie. On eft comme une statuë qui est devant fon maître, uniquement parce qu'il le veut; ou comme une bête de charge acablée fous fon poids, qui demeure abatue aux yeux de fon maître; ou comme un enfant prodigue qui fe fent entre les bras de fon pere; ou comme un coupable aux pieds de fon Juge. O, qui feroit plus fidèle à Dieu, je dirois volon tiers, comme un enfant pendu à la mamelle de fa chere nourrice, ou endormi entre fes bras, ou porté dans fon fein, goûteroit des délices inéfables!

Je vous confeille encore fort pour entrer dans ce faint éxercice, de ne commencer aucune bonne action fans regarder Dieu préfent. Dites comme 1. Liv. Rois Jacob: Dieu eft ici; ou comme Samuël: Seigneur, voici votre ferviteur qui vous écoute; ou comme David: mes yeux font élevés vers vous, Seigneur, comme ceux d'une fervante font attentifs aux moindres ordres de fa maîtreffe; ou comA& IX, 6. me faint Paul, que voulez-vous que je faffe; ou encore comme David, je fuis à vous, Seigneur. Une chofe qui vous

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aidera encore beaucoup, eft de faire ce que vous ferez, non seulement devant Dieu, mais avec lui; bien entendu que vous ne ferez rien qui ne foit digne de lui. Sainte Therese dit qu'elle fe trouvoit bien de faire toutes fes prieres avec JESUS-CHRIS T. Pourquoi ne feriez-vous pas toutes vos affaires avec lui, puifqu'elles font toutes de fon ordre ? Pourquoi ne feroitpas de vos lectures, de vos converfations, en un mot de tout ce que vous faites? Quand on met de l'or fur du bois, il en devient bien plus précieux. Ce que nous faifons feuls, eft fouvent de très-petit prix ; mais avec JE S U SCHRIST, cela eft un Paradis. Ce n'eft vous demander rien de trop, que de vous porter à cette heureufe fociété avec JESUS-CHRIST; puifque quoique ce privilege paroiffe grand, & le foit en éfet, la promeffe de J ESUS-CHRIST vous donne droit d'y prétendre. Vous fçavez qu'il a promis à fon Eglife d'être toujours avec elle jufqu'à la fin des fiécles; toujours donnant la vie, la force, le mouvement aux membres vivans de ce corps Myftique; & vous en faites partie parla miféricorde de celui qui vous a apellé

à l'espérance d'une vie qui ne finira jamais. Enfin je croi qu'un bon moïen pour vous tenir en la préfence de Dieu, eft de l'invoquer fouvent par une priere courte, & vive. L'habitude s'en formera peu à peu; & ce qui demande maintenant quelque contrainte, vous deviendra très-facile avec un peu de perfévérance.

Pour vous faire entrer plus aisément dans ces moïens, je vais ajouter quelques réfléxions à tout ce que j'ai déja dit fur cette maniere d'Oraifon. Vous la comprenez bien, quand je vous dis qu'elle eft un fimple regard que l'on fait en Dieu. Nous fçavons par la Foi qu'il eft préfent. Nous en fommes trèsperfuadés. Nous le regardons; & cette vûë toute fimple nous occupe & nous remplit. Les créatures ont beau fe mettre entre deux : quelques nuages qui fe préfentent à nous, rien ne le dérobe à notre Foi. Nous le voïons; nous nous fouvenons de lui; & nous cherchons à nous repofer en lui. Voilà proprement ce qui fait le caractere de cette priere. Dieu feul, Dieu fimple, & vû d'une vûë fimple, eft l'objet de cette Oraifon. JESUS-CHRIST entre avec fes Myfteres. Il y a peu de vérités dont on ne

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