Cette chienne par trop aimée, Que fa belle maîtreffe à jamais pleurera. Envoi à une jeune perfonne. Que cette vérité, chez vous, demeure empreinte. Souvent, par un bifarre & funefte deftin, Le ferpent eft caché fous la rofe & le thin; Dans le miel le plus doux, on trouve de l'abfinthe, Et le meilleur bonbon n'est pas fans chicotin. ******** *******: FABLE X V. La Vigne & l'Ormeau. * Souffrez que je m'attache à l'ormeau qui me plaît, Difoit une vigne à fon maître : D'un penchant que le ciel dans mon cœur a fait naître Laiffez-moi librement fuivre le doux attrait. Planté dans un terrain plus riche & plus fertile * Sur un mariage mal assorti. Je fai bien qu'un autre orme a pour vous des appas; Ma mort rendroit bientôt votre espoir inutile, L'intérêt l'emporta la vigne fut unie On en fit la cérémonie Auprès de l'ormeau fon rival, O démarche trop imprudente ! Par fes maux, la vigne affoiblie, Elle expira bientôt, ne laissant par sa mort, A fon maître imprudent, qu'un ftérile remord, Apprenez, peres de famille, A ne point marier votre fils, votre fille, FABLE XVI. Le jeune Homme & la Rofe. Pour la premiere fois, il voyoit de fes fleurs : Frappa d'abord fes yeux par fes vives couleurs ; L'homme, en la refpirant, crut être dans les cieux. D'un parfum fi délicieux. Là-deffus, des voisins, maint écart, maint fistême; Le tout, fans que notre homme en foit plus fatisfait; Il s'en laffe, & prétend pénétrer par lui-même, D'où parvient, jufqu'à nous, un parfum fi parfait. De la rofe, à moitié fanée, Il détache, en détail, les feuilles tour à tour; Ne rendit point d'oracle. Un fage d'alentour, Et tu cefferas d'en jouir, Goutons les biens flatteurs que le ciel nous envoie, FABLE XVII. Le Laurier & le Mirthe. Dans fa caiffe, à l'abri de la bise cruelle, Croiffoit un jeune mirthe, auprès d'un vieux lauriet. Le mirthe avoit été planté par une belle, Le laurier occupoit tous les foins d'un guerrier. La difcorde est souvent fille du voisinage. Sur ce fujet, entr'eux, certain bruit s'éleva. Ofes-tu bien du pas me difputer la gloire,. Sais-tu que mes rameaux ceignent l'augufte front? A tant d'honneurs, ami, je n'oferois prétendre, Répondit auffitôt le mirthe d'un air tendre: Mais, de l'aimable Aminthe &c de la jeune Iris, Je couronne les favoris. Ton regne eft celui de la guerre : J'aime mieux préfider aux plaisirs de la terre, MVSHVM |