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Cette chienne par trop aimée,

Que fa belle maîtreffe à jamais pleurera.

Envoi à une jeune perfonne.

Que cette vérité, chez vous, demeure empreinte. Souvent, par un bifarre & funefte deftin,

Le ferpent eft caché fous la rofe & le thin;

Dans le miel le plus doux, on trouve de l'abfinthe, Et le meilleur bonbon n'est pas fans chicotin.

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FABLE X V.

La Vigne & l'Ormeau. *

Souffrez que je m'attache à l'ormeau qui me plaît, Difoit une vigne à fon maître :

D'un penchant que le ciel dans mon cœur a fait naître Laiffez-moi librement fuivre le doux attrait.

Planté dans un terrain plus riche & plus fertile

* Sur un mariage mal assorti.

Je fai bien qu'un autre orme a pour vous des appas;
Mais à cette union, je ne furvivrois pas :

Ma mort rendroit bientôt votre espoir inutile,
Et vous pleureriez mon trépas.

L'intérêt l'emporta la vigne fut unie
A cet orme fatal;

On en fit la cérémonie

Auprès de l'ormeau fon rival,

O démarche trop imprudente !
L'auteur d'un fi trifte lien
Efpéroit vendange abondante ;
Mais le cruel fe trompoit bien.

Par fes maux, la vigne affoiblie,
S'écha fur pied; ne donna rien,
Et fans que par aucun moyen,
Elle pût être rétablie,

Elle expira bientôt, ne laissant par sa mort,

A fon maître imprudent, qu'un ftérile remord,

Apprenez, peres de famille,

A ne point marier votre fils, votre fille,
Que le préfent du cœur n'accompagne la main ;
Sinon, craignez le lendemain.

FABLE XVI.

Le jeune Homme & la Rofe.
Certain quidam venoit de cueillir une rose ;

Pour la premiere fois, il voyoit de fes fleurs :
Celle-ci, fraichement éclofe,

Frappa d'abord fes yeux par fes vives couleurs ;
Mais l'odeur fut bien autre chofe :

L'homme, en la refpirant, crut être dans les cieux.
Sur un tel phénomêne, il interroge, il caufe,
Il veut approfondir la cause

D'un parfum fi délicieux.

Là-deffus, des voisins, maint écart, maint fistême; Le tout, fans que notre homme en foit plus fatisfait; Il s'en laffe, & prétend pénétrer par lui-même, D'où parvient, jufqu'à nous, un parfum fi parfait.

De la rofe, à moitié fanée,

Il détache, en détail, les feuilles tour à tour;
Mais la fleur, envain profanée,

Ne rendit point d'oracle. Un fage d'alentour,
S'écria.... Pauvre fot, dont l'efprit imagine
D'alambiquer un bien qui doit le réjouir !
Tu n'en fauras pas l'origine,

Et tu cefferas d'en jouir,

Goutons les biens flatteurs que le ciel nous envoie,
Sans rechercher comment il remplit nos defirs:
Si nous analifons la joie,
Nous perdrons bientôt nos plaifirs.

FABLE XVII.

Le Laurier & le Mirthe.

Dans fa caiffe, à l'abri de la bise cruelle,

Croiffoit un jeune mirthe, auprès d'un vieux lauriet. Le mirthe avoit été planté par une belle,

Le laurier occupoit tous les foins d'un guerrier.

La difcorde est souvent fille du voisinage.
Entre nos arbriffeaux, ce malheur arriva :
Chacun vantoit fon appanage,

Sur ce fujet, entr'eux, certain bruit s'éleva.

Ofes-tu bien du pas me difputer la gloire,.
S'écria le laurier d'un ton altier & prompt?
Des favoris de la victoire,

Sais-tu que mes rameaux ceignent l'augufte front?

A tant d'honneurs, ami, je n'oferois prétendre, Répondit auffitôt le mirthe d'un air tendre: Mais, de l'aimable Aminthe &c de la jeune Iris, Je couronne les favoris.

Ton regne eft celui de la guerre :
Moi, j'en détefte les horreurs

J'aime mieux préfider aux plaisirs de la terre,
Que d'être, comme toi, le prix de fes fureurs.

MVSHVM
BRITAN
NICVM

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