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Il en eft plus de cent que je pourois citer.

L'encens gâte plus de cervelles,
Que la poudre n'en fait fauter.

FABLE XXI.

Les deux Tourterelles & l'Etourneau.

A MA FEMME.

UNique & cher objet de toute ma tendresse,

En dépit d'un fiécle moqueur,

Dans l'hommage ingénu, qu'en ces vers je t'adresse
Ne cherche, ne vois que mon cœur.
Du tien feul je veux le fuffrage;

A l'obtenir pour mon ouvrage,
L'amour m'a déja préparé.

Qu'on ne m'accuse point de me flatter moi-même :
Les yeux de celle que l'on aime,

Lifent, avec plaifir, ce qu'ils ont infpiré.

Quoiqu'unis par les nœuds que forme l'himenée, Deux tourterelles s'adoroient;

Et, tendres époux, n'afpiroient

Qu'à voir durer toujours la chaîne fortunée,
Qui les chargeoit bien moins qu'elle ne les paroit.
Se quittoit-on une journée ?
C'étoit un an qu'on foupiroit.
On fe rejoint. Toute une année,
Comme un feul instant, difparoît.

Dans un bocage folitaire,

Ils ne renfermoient point tristement leur amour : Ce qu'on aime à fentir, fe plaît-on à le taire ? La froideur feulement doit craindre le grand jour.

Un étourneau, jeune & volage, Badinoit quelquefois notre couple amoureux : Quel dégoût! Quelle horreur, que le fade étalage De l'attachement langoureux

De ces deux époux de village!

On n'y fauroit tenir, & j'en rougis pour eux. Quel eft donc leur idée ? Est-on dans le bel âge,

Pour exhaler fa flamme en foupirs fuperflus?
Nous fuivons une autre méthode;

Du dieu de l'himenée on a réduit le code
A cinq ou fix lignes au plus.

Ce que vous appellez un ufage commode, Répondit notre couple, à l'amant à la mode; Nous ofons le nommer abus & deshonneur: On doit cacher un feu blâmable;

Mais quand le choix est estimable; On aime à publier fa gloire & fon bonheur.

Exhortons les amans fidéles

A laisser voir en eux l'exemple du devoir :
On ne fauroit trop en avoir;

Notre fiècle, en ce genre, a befoin de modéles.

Fin du troifiéme Livre.

FABLES

NOUVELLES

LIVRE QUATRIE ME.

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FABLE PREMIERE.

Le Grenadier à fleurs & le Grenadier à fruits:

A monfieur D ***, de l'académie françoise & de celle des infcriptions.

Ans un agréable parterre,
Habitans de la même terre,

Vivoient deux grenadiers; l'un à fleurs

l'autre à fruit.

L'un, de fon vain éclat, faifoit grande parade;
Mais, c'étoit tout. Son camarade

Valoit bien davantage, & faifoit moins de bruit.

Tes fleurs, difoit l'autre fans ceffe,
N'ont rien que de vulgaire & de mal ajusté;
Et les miennes, fans vanité,
Pareroient même une princeffe ;

Elles embelliroient jusques à la beauté....
C'étoit porter loin la fierté!

Celle du grenadier, favorifé de Flore,
Difparut avec le printemps:

Le fort des fleurs n'eft pas de durer plus long-temps;
Eft-ce bien la peine d'éclore?

De l'autre grenadier, les fruits délicieux
Furent des preuves en automne;

Que les doux préfens de Pomonne,

Quoique moins féduifans, font les plus précieux.

Le bon auteur, pour moi, c'est celui qui m'éclaire,

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