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Elle eft mere du goût & du discernement;
Et des vices de la nature,

Elle purge nos cœurs & notre entendement :
Mais un fi grand reméde opére lentement.

Vous faites, du plaifir de lire,
Votre plus doux amusement;

Mais pour en profiter, oferois-je le dire?
Vous lifez trop rapidement.

Du petit oranger le foible compliment
Ayant reçû de vous un regard favorable,
Pour appuyer mon fentiment,

Je vous offre encore une fable.

L'Apologue qui plaît eft un bon argument.

Expliquez-moi, de grace, ô trop heureuse abeille! Difoit un jour le papillon,

Par quelle étonnante merveille,

Sans ternir de nos fleurs l'éclatant vermillon,
Vous favez en tirer ce fuc incomparable,

Ce miel, que tous nos foins ne nous donnent jamais?..

Ce que vous faites, je le fais :
Avec un zéle incomparable

Vous cultivez les fleurs ; n'en fais-je pas autant?
Et fans placer ici le brillant étalage

De mes talens connus à la ville, au village,
Je doute, entre nous deux, que vous en ayez tant.

Hé! répondit l'abeille à l'infecte volage,
Pour t'égaler à moi ceffe d'être inconstant.

Tu voles d'un aîle légére

De fleurette en fleurette, & cela te fuffit:

Mais pour en tirer du profit,

Ton ardeur eft trop paffagére.

C'est en nous fixant fur les fleurs Que nous y recueillons cette admirable effence, Dont chaque jour l'aurore en pleurs

Arrose les jardins où Flore prend naissance.
Si je voltigeois comme toi,

Le miel ne feroit pas pour moi.

Aux frivoles lecteurs l'abeille fait la guerre :

Chaque livre eft comme un parterre

Où l'on s'amufe utilement ;

Mais qui proméne un œil rapide

Sur les fleurs & les fruits de ce jardin charmant、
Prive d'un miel aufli doux que folide
Et l'efprit & le fentiment.

FABLE IX.

L'Oeil & la Pantoufle. *

UN Oeil fait pour tourner les têtes à l'envers,

Le plus bel œil de l'univers,
Iris il reffembloit au vôtre;

Et c'eft dire affez clairement,

Qu'il avoit quelque droit d'être plus fier qu'un autre,

Dans je ne

fais quel mouvement

A la pauvre pantoufle infulta fierement;

Tant pis; car il fiéd bien, c'est vous que j'en atteste, Iris, lorfqu'on a mille appas,

Sujet impofé à l'auteur par Madame ***,

De

De paroître encor plus modeste;
Mais notre œil en ce point ne vous reffembloit pas.

Yvre de plus d'une victoire,
Il traitoit chaque jour, à ce que dit l'histoire,
La pantoufle du haut en bas.

Tandis qu'aux libertés je déclare la guerre, » Lui difoit-il, d'un air moqueur,

» Et que rien ne réfifte à mon pouvoir vainqueur, » On t'oblige à ramper tristement fur la terre!

Quoique foulée aux pieds, la mulle avoit du cœur ; » Je n'entens point que l'on me vante,

»Dit-elle; mais auffi je n'ai jamais appris.

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» A fouffrir qu'on me traite avec tant de mépris. Bel œil, je fuis votre fervante,

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"J'en conviens; cependant chaque chofe a fon prix; » Et fi j'en crois mon horoscope,

» Je puis avoir le fort de ce charmant soulier,

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La pantoufle, en effet, une nuit s'égara,
Fût.trouvée, & fit voir, une lieue à la ronde
Le modèle d'un pied le plus joli du monde :
Certain feigneur s'en empara ;
Mais, fidéle dépofitaire,

Devant bons témoins déclara

Que c'étoit pour la rendre à la propriétaire;
La fit chercher, la rencontra ;

Plut; demanda la main; l'obtint, & cætera.

Eh bien! S'écria l'œil, que je fois un maroufle;
Si j'aurois deviné cette aventure-là!....

...alte-là ...

Dans la ville elle fit du bruit; ... mais, ...
C'est affez raisonner pantoufle;

Que conclure de tout cela?

Que pour donner l'alarme à des ames rebelles,
L'amour a plus d'un trait qui n'eft pas attendu;
Et qu'un galant bien entendu,

Ne doit rien méprifer de ce qui fert aux belles.

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