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Chaque défaut, reçut une excufe autentique,
Et pas un courtisan ne dit la vérité,

Tant eft grand le danger du pouvoir defpotique!
Le renard ment par politique,

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La Fauvette & le Moineau franc.

Vous, que notre hommage érige en fouveraines, Belles, que je vous plains! Mille amans à vos pieds, Chaque jour font humiliés.

Que d'adulateurs dans vos chaînes!

Et pas un feul ami, qui courageusement,
Ofe vous avertir que vos beautés font vaines,
Dès que quelque travers en ternit l'agrément.

Ainfi, loin des rois de la terre,

Fuit la timide vérité..

Vous avez de nos cœurs la fouveraineté

;

Mais aux fujets flatteurs, belles, faites la guerre,

Si vous voulez regner dans l'immortalité.

J'ai lû qu'un moineau franc, d'une jeune fauvette
Aimable, vive, & même un peu folette,
Etoit ami; j'entens ami du fonds du cœur.
Par ce titre, c'est affez dire,

Qu'il ofoit, quelquefois, blâmer & contredire
La femelle gentille. Elle, d'un ton moqueur,
Recevoit fes leçons, & trouvoit finguliére
La méthode de ce moineau,

Qui la traitoit en écolière;

Tandis qu'il auroit dû, tendre & flatteur oiseau,
L'encenfer, ou plûtôt la tromper, de maniére
A la faire, à fon tour, donner dans le

panneau.

Nous étourdira-t'il toujours de fa morale,
S'écrioit la fauvette, avec un air d'ennui?
A quoi bon les avis que fans ceffe il étale?

Mon dieu! Qu'il les garde pour lui ;
II en a grand befoin : l'humeur attrabilaire,
Dont il me paroît entiché,

A de quoi s'occuper, fi du defir de plaire,

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Son cœur eft tant foit peu touché !

Quoiqu'affez maltraité, l'oiseau franc & fincére
Ne fe rebutoit point : à ceux qu'on aime bien,
Difoit-il quelquefois, c'eft un mal nécessaire
D'ofer, fur leurs défauts, ne leur déguiser rien.
Assez d'autres moineaux, jeune & belle fauvette,
Pour vous faire gouter un éloge enchanteur,
Ouvriront un bec impofteur.

Il vaut mieux qu'à jamais la bouche foit muette,
Que de parler pour corrompre le cœur.

Vous avez, j'en conviens, mille attraits en partage; Mais, eft-ce affez de les avoir ?

En pofféder beaucoup, n'est-ce pas un devoir ́D'en acquérir encor, s'il fe peut, davantage?

Vains difcours! Sur notre Caton,

On jette des regards de fort mauvais présage :
Tant de fincerité, chez les belles, dit-on,

Et chez les grands, eft peu d'ufage.

Ne pouvant fe réfoudre à prendre un autre ton,
Le moineau franc, en oiseau fage,

Dégouté du grand monde & de fes vanités,

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S'envole, & va pleurer dans un fombre bocage,
La perte de fes vérités.

Soudain, la troupe féduifante

D'étourneaux louangeurs & grands donneurs d'encens,
Affiége la fauvette. A leurs tendres accens,
Son oreille est trop complaifante.

Elle s'en répent; mais trop tard.
Ménageons un ami, qui nous parle fans fard.

**

FABLE XIII.

Le Colin Maillard.

A Mr. FRECOT DE LANTY, confeiller au grand confeil.

Loin de toi, tendre ami, loin de ta chere épouse,

Je fuis comme enchaîné dans un autre univers,

Et je ne fai comment je puis t'écrire en vers.
Quand, de notre bonheur la Fortune jalouse,
Nous rélégua chacun dans des quartiers divers.
Que je la maudirois cette aveugle déeffe,
Si, répandant avec largesse

Sur toi fes plus riches préfens,

Elle n'avoit fait voir, par ce trait de fageffe,
Qu'elle a quelquefois du bon fens !
Je dis quelquefois ; prens-y garde :

Plus fouvent elle eft folle & fait extravaguer.
Cher ami, que mon cœur aime à te diftinguer
De ceux que ma fable regarde!

Jadis, les dieux aimoient à rire,

Et, chofe injurieufe à leur divinité,

Les rieurs n'étoient pas toujours de leur côté : Témoin Vulcain & la fatire,

Qui n'épargna pas même, en fes propos joyeux, Jupin, le roi des autres dieux.

Un jour donc que, verfé dans la coupe dorée, Dont fe fervoient les dieux fur la voute éthérée,

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