Chaque défaut, reçut une excufe autentique, Tant eft grand le danger du pouvoir defpotique! La Fauvette & le Moineau franc. Vous, que notre hommage érige en fouveraines, Belles, que je vous plains! Mille amans à vos pieds, Chaque jour font humiliés. Que d'adulateurs dans vos chaînes! Et pas un feul ami, qui courageusement, Ainfi, loin des rois de la terre, Fuit la timide vérité.. Vous avez de nos cœurs la fouveraineté ; Mais aux fujets flatteurs, belles, faites la guerre, Si vous voulez regner dans l'immortalité. J'ai lû qu'un moineau franc, d'une jeune fauvette Qu'il ofoit, quelquefois, blâmer & contredire Qui la traitoit en écolière; Tandis qu'il auroit dû, tendre & flatteur oiseau, panneau. Nous étourdira-t'il toujours de fa morale, Mon dieu! Qu'il les garde pour lui ; A de quoi s'occuper, fi du defir de plaire, Son cœur eft tant foit peu touché ! Quoiqu'affez maltraité, l'oiseau franc & fincére Il vaut mieux qu'à jamais la bouche foit muette, Vous avez, j'en conviens, mille attraits en partage; Mais, eft-ce affez de les avoir ? En pofféder beaucoup, n'est-ce pas un devoir ́D'en acquérir encor, s'il fe peut, davantage? Vains difcours! Sur notre Caton, On jette des regards de fort mauvais présage : Et chez les grands, eft peu d'ufage. Ne pouvant fe réfoudre à prendre un autre ton, Dégouté du grand monde & de fes vanités, S'envole, & va pleurer dans un fombre bocage, Soudain, la troupe féduifante D'étourneaux louangeurs & grands donneurs d'encens, Elle s'en répent; mais trop tard. ** FABLE XIII. Le Colin Maillard. A Mr. FRECOT DE LANTY, confeiller au grand confeil. Loin de toi, tendre ami, loin de ta chere épouse, Je fuis comme enchaîné dans un autre univers, Et je ne fai comment je puis t'écrire en vers. Sur toi fes plus riches préfens, Elle n'avoit fait voir, par ce trait de fageffe, Plus fouvent elle eft folle & fait extravaguer. Jadis, les dieux aimoient à rire, Et, chofe injurieufe à leur divinité, Les rieurs n'étoient pas toujours de leur côté : Témoin Vulcain & la fatire, Qui n'épargna pas même, en fes propos joyeux, Jupin, le roi des autres dieux. Un jour donc que, verfé dans la coupe dorée, Dont fe fervoient les dieux fur la voute éthérée, |