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ENVO I

De cette fable, ami, tu m'as donné l'idée ;
L'hommage t'en eft dû, reçois-le de mon cœur
Crois-tu ravir le tien à ce sexe vainqueur ?...
Non; ta défaite eft décidée :

Ne ris plus de la nôtre avec un air moqueur ;
La tienne n'eft que retardée.

FABLE VIII

La Fauvette & le Hibou.

D'Une jeune fauvette, un vieux & laid hibou

Avoit rendu le cœur fenfible;

Je ne fais comment, ni par où;
Mais je n'y vois rien d'impoffible,
Attendu que l'amour eft fou.

Fier d'une fi belle conquête,
Parmi les plus jolis oiseaux,
Le hibou fe faifoit de fête,

D

Et trouvoit même dans fa tête
Que les autres étoient d'affez plats animaux.
Déformais, il prime, il commande;

Il fe croit le phénix que l'on a tant chanté.
Eh! D'où te vient cette fierté,

Lui dit un moineau franc. D'où ? Plaifante demande!
Méconnois-tu, mon cher, l'effet de ma beauté ?
Je t'entens, & conclus à ce que l'on te loge
Aux petites maifons. Apprens, pauvre butor,
Que ce bifarre amour, que ton orgueil s'arroge,
A la fauvette fait grand tort;

Mais qu'il ne fait pas ton éloge.

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FABLE IX.

L'Amour & la Raifon.

A Madame de T **

D'Un crédit étonnant, & d'un pouvoir étrange,

La Raifon fe vantoit un jour,

En préfence d'un dieu qui fouvent la dérange;

Et ce dieu-là, c'étoit l'Amour.

Mais, déeffe, après tout, pourquoi tant de mistére, S'écria l'enfant de Cythére?

Choififfez vous même un féjour

Où puiffe s'exercer mon pouvoir & le vôtre :
Nous verrons qui des deux fera déloger l'autre,
Vous connoîtrez alors un peu mieux qui je fuis:
Allons, avancez; je vous fuis.

Elle mène l'amour chez un tendron novice
Encor fidéle à la vertu,

Parce qu'il ignoroit le vice,

Et. non pour l'avoir combattu.

Eh bien, dit la raison, connois-tu mon empire?
Attendons, dit l'amour, que la belle foupire,
Et marchons d'un autre côté.

Ils vont chez un vieillard de goute tourmenté,
Qui, fans ceffe, il est vrai, débite avec largeffe
Propos fententieux, belle moralité;

Mais qui fe rend à la fageffe

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Beaucoup moins par penchant que par néceffité.
Eft-ce ici, dit l'amour, qu'il falloit m'introduire.
Pour juger fainement de votre autorité ?
Je crois que vous prenez plaifir à me conduire
De l'une à l'autre extrémité.

Faifons mieux ; j'entrevois dans ce bois écarté
Deux amans de ma connoiffance;

Ils pourront de votre puiffance
Parler avec fincerité.

L'un eft dans fon printemps, l'autre eft dans fon été;
Le berger a trente ans, & la belle en a feize,
Qu'ils prononcent en liberté.

Il en parloit bien à son aise,

Le fripon; fon pouvoir étoit en fûreté.

Ces amans, à la vérité,

Avoient dans leur captivité

Appellé mille fois la raison à leur aide;
Mais mille fois auffi l'on avoit rejetté

Le médecin & le reméde,

Et l'amour l'avoit emporté.

Aiufi, raifon, tout bien compté,

Dans les plus grands dangers ton fecours eft frivole;
Ton pouvoir n'est bien reconnu
Qu'auffitôt que l'amour s'envole,
Ou qu'il n'eft pas encor venu.

ENVOI

Un mérite tel que le vôtre,

Fait vivre la raifon & l'amour en commun :
Vos yeux favent inspirer l'un,
Et votre efprit eft fait pour nous faire aimer l'autre.
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FABLE X.

Le jeune Roffignol.

Au fils de Mr, L. T.D. F. foutenant un exercice

Dans un riant bocage, agréable séjour

D'une foule d'oifeaux digne du même hommage
Qu'ici j'aime à rendre en ce jour,

Un jeune roffignol effayoit fon ramage.

On fut furpris de fes talens :.

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