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fertes, leurs plaintes & leurs cris n'ont: pas fait changer une méthode que l'antiquité a établie & autorisée, & le mau-vals fuccés de tant de cures infructueufes n'a peu jufques à prefent faire ouvrir les yeux à la plupart de ceux qui ont exercé la Chirurgie..

Enfin j'ay crû être obligé de déve. lopper fur ce fujet tout ce qui pourroit 'être connu de plus avantageux & deplus aifé dans la cure de toutes fortes de bleffures, afin de foulager ceux qui exposent fi genereufement leur vie pour la gloire de leur Prince & le bien de leur patrie.

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Ma méthode est toute fondée fur cesregles, comme on le pourra remarquer ; : je fupprime les tentes & les dilatants. autant que le cas le peut permettre; je ne caufe que peu ou point de douleur fi ce n'eft au premier appareil, où je dilate toûjours les playes particulierement celles d'armes à feu, & je fais tous mes efforts pour tirer les corps étrangers; mais dans la fuite je n'ai que trois chofes en recommandation, qui font de panfer doucement, promptement, &ra

Zement.

Il y a une certaine maniere de panfer les playes d'inftrument perçant, ufitée

parmi les foldats qui l'appellent panfer du fecret, elle confifte à bien fucer la playe par les orifices, pour en tirer tout le fang qui pourroit être contenu dans toute fon étendue; enfuite ils prennent du Baume Samaritain, ou de l'huile & du vin mêlez ensemble fans coction, & quelquefois de l'huile feule ou du vin feul, qu'ils jettent dans la playe avec la bouche ; & fans autre appareil, ils la couvrent & la bandent: cela eft accompagné de certains mots qu'ils marmotent entre les dents

› pour rendre cette methode mifterieufe, ce qui fait croire à bien des gens qu'il y a du for tilege.

Mais ces paroles inutiles dont la vettu eft imaginaire, ne fervent qu'à couvrir & autorifer l'ignorance de femblables gens, qui ne fçavent ce qu'ils font, & qui ne tendent qu'à tromper l'imagination des bleffez; car ces cures qui paffent pour miraculeufes; n'ont rien de furnaturel, & fe peuvent faire fans invoquer les Démons. Tout le monde fçait que le fang qui eft hors des vais feaux fe coagule & fe corrompt dans la playe s'il y fait quelque féjour; & qu'en» tirant ce fang qui eft extraversé l'on évite la fuppuration, & l'on ôte en mê→

me tems ce qui pouvoit fervir d'obftacles

à la réunion.

CHAPITRE IX.

Pourquoy il est neceffaire de panser les playes doucement.

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A douceur est une des parties.effen-, L'elles dans la cure des playes, Cette circonftance eft fi neceffaire que fans elle toutes les autres ont rarement un, fuccés favorable; je fuis fi prevenu en. faveur de cette opinon, que je m'étonne quand je vois ceux qu'on traite avec, rigueur guerir de leurs bleffures, quoi. que ce ne foit prefque jamais fans beau-, coup d'accidens furvenus dans le cours,, de la curation.

La fiévre eft ordinairement fympto-, matique aux bleffez, & par confequent, un effet de la douleur ; l'inflammation qui traîne aprés foi tant d'autres cala mitez, arrive fouvent par une irritation, des parties fenfibles; & la privation du. fommeil ne provient communement que, de la douleur répandue par tout le corps, ou fur quelque partie feulement. Si donc en panfant doucement, l'on évite ces.

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trois accidens, on peut s'affeurer qu'on verra bien-tôt la guerifon.

L'application des tentes, des dilatans & des fetons, comme nous l'avons déja fuffisamment, marqué, font les caufes principales de la douleur qu'on fait fouffrir aux malheureux bleffez, & qui donne occafion à tant d'accidents fâcheux. Leur fejour dans les playes produft immanquablement des effets tres pernicieux ; fi donc on fupprime l'ufa ge de ces remedes, on évitera la douleur & fes fuites; on tiendra la bride à tout ce qui nous peut faire de la peine dans les panfemens, & la conduite de la guerifon dépendra de nous, en ce que par là nous fuivons la Natare qui ne marque ordinairement que par des fentimens douloureux les moiens que nous devons éviter ou quitter, comme elle femble nous indiquer les operations qu'elle veut que nous faffions, par le plaifir dont elle a coûtume de les ac--

compagner.

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Enfin l'on ne doit épargner aucun foin pour fupprimer d'abord à s'il est poffible, tout ce qui peut caufer la douleur, pour prévenir avec prudence par les évacuations & par les diverfions ce quila pourroit entretenir, & pour ap4 »

pliquer tout ce qui la peut furmonter quand elle eft furvenue; car c'est l'ennemi qui doit être le plus à craindre, dans le cours de quelque maladie que 'ce. foit.

CHAPITRE X.

*Comment il faut panfer les Playes promptement pour les défendre des attaques de l'air..

J

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E fais mes efforts pour perfuader dans ce Chapitre, qu'il faut panfer les playes promptement, puifque l'experience m'a fait connoître que l'air eft un puiffant obstacle à leur guerifon.C'est donc une des principales raifons qui m'a obligé d'embraffer cette methode; & fi nous ne pouvons nous difpenfer d'exciter la douleur, au moins dure. t-elle, fi peu que le bleffé ne s'en ap-perçoit prefque point. L'air n'a pas le tems d'imprimer les mauvaifes qualitez fur les chairs dépourvûës de leurs té guments, & les parties nitreufes, dont on prétend qu'il eft chargé, ne peuvent pas penetrer le fond des playes: car je crois que ce font ces corpufcules falins,

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