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Roi avoit obligation. Darius, furpris DARIUS. de cette annonce & curieux d'en approfondir la vérité, le fit entrer. Il reconnut en effet que c'étoit fon bienfaiteur, & loin de rougir d'une avanture qui paroiffoit ne lui être pas fort honorable, il loua avec admiration une générofité qui n'avoit eu d'autre motif que celui de faire plaifir à un homme de qui il n'avoit rien à attendre, & lui promit de lui donner beaucoup d'or & d'argent. Ce n'étoit point ce que Sylofon défiroit: l'amour de la patrie étoit fa paffion. Il demanda au Roi de vouloir l'y rétablir, mais fans répandre le fang des citoiens, & en chaffant feulement de Samos celui qui en avoit ufurpé la domination depuis la mort de fon frere. Darius chargea de cette expédition Otane l'un des premiers feigneurs de faCour, qui s'en acquitta avec joie & avec fuccès.

§. II. Revolte & réduction de Babylone.

AU COMMENCEMENT de la cinquié- AN. M.3488. me année de Darius arriva la revolte Av.J. C.516. de Babylone, dont la réduction lui cap. 150-160, couta vingt mois de fiége. Cette ville, autrefois la maitrefle de l'Orient, ne

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DARIUS. Pouvoit fupporter le joug des Perses, fur tout depuis que le fiège de l'Empire avoit été transféré à Suse, ce qui lui avoit fait beaucoup perdre de fa grandeur & de fon opulence. Les Babyloniens, profitant de la révolution qui arriva en Perfe, premiérement à la mort de Cambyfe, & enfuite après le malfacre des Mages, firent fecrettement pendant quatre ans toute forte de préparatifs de guerre. Lorfqu'ils crurent leur ville fuffifamment pourvûe de provifions pour plufieurs années, ils levérent l'étendart de la rébellion: ce qui obligea Darius à les affiéger avec toutes les forces. Dieu continuoit d'accomplir les terribles menaces qu'il avoit faites contre Babylone, qui confiftoient, non seulement à dégrader & à humilier cette ville fuperbe & impie, mais à la dépeupler, à la mettre à feu & à fang, à l'exterminer, à la réduire en une folitude éternelle. Pour accomplir ces. prédictions, Dieu permit que les Babyloniens fe révoltaffent contre Darius, & attiraffent contre eux toutes les forces de l'empire: & ils furent les premiers à mettre ces prophéties à exécution, en égorgeant eux-mê

mes une partie des habitans, comme DARIUS. on le verra dans un moment. Il y a apparence que les Juifs qui étoient reftés à Babylone en affez grand nombre, en fortirent avant que le fiége fût formé, comme Ifaïe & Jérémie lontems auparavant, & Zacharie tout & récemment, les y avoient exhortés. 45. Voici les paroles du dernier : Sion, qui,. demeures avec la fille de Babylone, fauvetoi, & fui du pays.

Les Babyloniens, pour faire durer plus lontems les provifions, & foutenir plus vigoureusement le fiége, prirent la réfolution la plus defefpérée & la plus barbare dont on eût jamais oui parler : ce fut d'exterminer toutes les bouches inutiles. Ils raffemblérent donc toutes les femmes & tous les enfans, & les étranglérent. Tout ce qui ne pouvoit fervir à la guerre fut mis à mort. Il fut feulement permis à chaque homme de conferver celle de fes femmes qu'il aimoit le plus, & une fervante pour faire l'ouvrage de la

maison.

Après cette cruelle exécution, ces malheureux habitans fe croiant entiérement en fureté, & par leurs fortifications qui paroiffoient imprena

ai. 48.20. 51. 6. 9.

Jerem. 50.8.

Zachar, 2, 6

DARIUS. bles, & par l'abondance des vivres qu'ils avoient amaffés, infultoient du haut des murs aux affiégeans, & les accabloient d'injures. Les Perfes pendant dix-huit mois, mirent en ufage tout ce que la rufe & la force peuvent dans les fiéges, & n'oubliérent pas le moien qui avoit fi heureufement réuffi à Cyrus quelques années auparavant, c'étoit de détourner le cours du fleuve. Tous leurs efforts furent inutiles, & Darius commençoit prefque à defefpérer de pouvoir se rendre maître de la place, lorfqu'un ftratagéme, inoui jufques-là, lui en ouvrit les portes. Il fut fort furpris un jour de voir arriver devant lui Zopyre, l'un des plus grands feigneurs de fa Cour, fils de Mégabyfe l'un des fept qui avoient confpiré contre les Mages, de le voir, dis-je, tout couvert de fang, le nez & les oreilles coupées, & tout le corps déchiré de plaies. Se levant de fon trône, il s'écria: Hé qui a donc pu vous traiter ainfi? Vous même, Seigneur, reprit Zopyre. Le defir de vous rendre fervice m'a réduit en cet état. Perfuadé que vous ne voudriez jamais y confentir, je n'ai pris confeil que de mon

zélé. Il lui expofa enfuite le deffein DARIUS, qu'il avoit de paffer chez les ennemis, & convint avec lui de tout ce qu'il faudroit faire. Ce ne fut point fans une extrême douleur que le Roi le vit partir. Zopyres'approcha de la ville, & aiant dit qui il étoit, il y fut admis. On le conduifit chez le Commandant, Là il expofa fon malheur, & la cruauté que Darius avoit exercée à fon égard, parce qu'il lui confeilloit de ne pas demeurer davantage devant une ville qu'il lui feroit impoffible de prendre. Il fit offre de fes fervices, qui pourroient n'être pas inutiles aux affiégés, parce qu'il étoit inftruit de tous les deffeins des Perfes, & que le defir de la vengeance lui infpireroit un nouveau courage & de nouvelles lumiéres. Le nom & le vifage de Zopyre étoient fort connus à Babylone. L'état où il paroiffoit, fon fang, fes plaies, faifoient foi pour lui, & attestoient par des preuves non suspe êtes la vérité de tout ce qu'il avançoit. On fe fia donc pleinement à lui & on lui donna autant de troupes qu'il en demanda. Dans une premiere fortie, il fit périr mille hommes des affiégeans. Quelques jours après il en

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