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pour nos péchés, quand nous les fouffrons avec patience, comme dit le Concile de Trente, & avec douleur de nos offenses. Ou au contraire quand nous les portons avec impatience, & fans les offrir à Dieu pour la rémiffion de nos péchés, nous n'en fouffrons pas moins, & elles nous font toujours inutiles, fans profit pour l'avenir, & fans confolation pour le préfenr. Ce qui eft une chofe qu'il faut bien remarquer ici.

CHAPITRE IX.

De l'Absolution Sacramentale. Ce que c'eft. En quoi elle confifte, & quels font fes effets.

E

propos

NCORE que l'abfolution foir de l'office du Prêtre, il eft néanmoins fort à que les Pénitens en foient inftruits pour la recevoir avec le refpect qu'elle mérite, avec les difpofitions convenables.

Premièrement, il faut fçavoir que comme en tout Sacrement il y a deux parties, dont l'une s'appelle la matière, & l'autre la forme; l'abfolution eft la forme du Sacrement de Pénitence: & fans elle on ne reçoit pas le Sacrement, ni la rémiffion des péchés en vertu du même Sacrement.

Cette abfolution eft un jugement juridique que le Prêtre prononce fur le Pénitent; par Jequel après avoir pris connoiffance des péchés

que le Pénitent a confeffés, & après avoir jugé s'il est suffisamment difpofé pour en recevoir l'abfolution, lui ayant impofé une pénitence convenable, il lui remet fes péchés de la part de Dieu, & par l'autorité qu'il lui a donnée.

Elle ne confifte qu'en ces trois paroles qui lui font effentielles: Je vous abfous de vos péchés. Toutes les autres que le Prêtre dit devant & après celles-là, font des prières que l'Eglife a faintement inftituées pour implorer la grace & la miféricorde de Dieu fur le Pénitent, qui peuvent être omifes dans la néceffité.

Les effets de l'abfolution font de remettre le péché quant à la coulpe ou l'offenfe de Dieu & quant à la peine éternelle ; d'effacer la fouillure que le péché fait en l'ame, & la remettre en la grace & en l'amitié de Dieu par le moyen de la grace fanctifiante qu'elle lui donne, & de lui rendre tous fes mérites précédens qu'elle avoit perdus par le péché.

Elle produit tous ces effets au moment qu'elle eft prononcée. Et en cet heureux mo ment fe fait cet admirable changement d'une ame qui paffe de l'état du péché à celui de la grace, & de l'efclavage du diable au bonheur des enfans de Dieu.

O heureux moment, THEOTIME, ỗ heureux changement! Si nous le fçavions bien comprendre, combien bénirions-nous Dieu qui a donné aux hommes une fi grande puiffance (Matth. 9.)! Et quelle haute eftime n'au

rions-nous pas de ce divin Sacrement, qui ope re en nous des effets fi admirables, & qui nous remet dans la voie du falut, que nous avions perdue par le péché?

Mais comme il ne produit ces grands effets qu'en la perfonne de ceux qui s'en rendent dignes, en y apportant les difpofitions requifes, il eft néceffaire de vous parler ici de ces difpofitions fans lefquelles vous ne pouvez obtenir ce bien fi grand & fi ineftimable de la rémiffion de vos péchés, & avec lesquelles vous le recevez infailliblement.

CHAPITRE X.

Des difpofitions néceffaires pour recevoir l'abfolution, & des cas où elle doit être refulée ou différée.

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Left d'autant plus néceffaire que vous foyez inftruit de ces difpofitions, cher THEOTIME, qu'elles font ignorées de la plupart des Chrétiens, dont le commun s'imagine qu'il n'en faut pas d'autres qu'une fimple confeffion de leurs péchès. Ils croient que quand ils fe font confeffés du mal qu'ils ont fait, il ne refte plus que de recevoir l'abfolution, & que le Confeffeur la leur doit donner fans autre dif ficulté, après leur avoir impofé une pénitence fort légère.

Cette fauffe opinion vient de l'ignorance

dans laquelle ils font de la nature du Sacrement de Pénitence, lequel étant inftitué pour reconcilier l'homme avec Dieu qu'il a offense, ne demande pas feulement que le pécheur déclare fes offenfes; mais qu'il temoigne le regret qu'il en a dans le cœur, avec une fincère réfolution de n'offenfer jamais celui dans la grace duquel il veut rentrer. Or c'est au Confeffeur, par le miniftère duquel fe fait cette reconciliation, de connoître fi le Pénitent qui s'accufe de fes péchés, eft véritablement repentant d'avoir offenfé Dieu, & bien réfolu de ne tomber plus dans fa difgrace par de nouvelles oftenfes.

Cette connoiffance de la contrition du Pénitent eft un devoir indifpenfable du Confeffeur; parce que la Contrition étant une partie effentielle du Sacrement fans laquelle le péché ne peut être jamais remis, comme nous l'avons montré ci-deffus, il s'enfuit que le Confeffeur eft obligé de connoître autant qu'il le peut moralement, fi le Pénitent eft véritablement touché, & que c'eft à cette connoiffance qu'il fe doit appliquer avec plus de foin & d'exactitude. S'il ne le fait point, outre qu'il manque à la principale partie de fon devoir, il s'expofe au danger évident de donner l'abfolution à un Pénitent qui en eft indigne, & de faire un facrilege, au lieu de conférer un Sacrement joint qu'il laiffe le Pénitent dans une fauffe confiance d'être bien abfous de fes pé

quitter les occafions prochaines du péché, une compagnie qui lui fait offenfer Dieu, un mauvais livre, un jeu qui lui donne occafion de jurer.

Troisièmement, quand il ne veut point faire des chofes aufquelles il eft obligé, comme de reftituer le bien mal acquis, pardonner à fes ennemis, fe reconcilier avec eux.

En ces trois cas, le Confeffeur doit refufer Pabfolution; parce que le Pénitent n'eft pas en état de la recevoir, étant dans l'affection actuelle du péché mortel, qui eft incompatible avec la grace fanctifiante. Il doit encore la refufer, quand le Pénitent a commis des péchés réfervés au Supérieur ; parce qu'il n'a point le pouvoir d'en abfoudre.

Il y a d'autres rencontres où le Confeffeur ne connoît pas avec tant de certitude, que le Pénitent n'a point les difpofitions néceffaires & fuffifantes pour recevoir l'abfolution; mais il a de grandes raifons d'en douter. Ce qui fait fouvent de la peine au Confeffeur, qui fe voit obligé par fon devoir à ne point donner l'abfolution à un indigne ; & de l'autre côté se voit preffé par le Pénitent qui juge toujours en fa faveur, & fe croit ordinairement mieux difpofé qu'il n'eft.

Ce doute & cette difficulté arrivent en plufieurs rencontres, qu'il feroit difficile & trop long d'expliquer ici. La plus grande & la plus ordinaire, eft lorfque le Pénitent retombe fou

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