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ce qu'il leur ordonnera pour lui en donner des marques plus affurées. Il s'enfuit encore, que les Confeffeurs qui fe fervent de cette maxime, & qui abfolvent les Pénitens fans autre affurance de leurs bonnes difpofitions que celles qu'ils en donnent par leur parole, ne s'acquittent pas de leur devoir qu'ils rendront compte à Dieu de la négligence qu'ils apportent à examiner la difpofition des Pénitens, & de la précipitation avec laquelle ils abfolvent ceux qui ne font pas bien difpofés.

S'ils fe fouvenoient bien des qualités qu'ils tiennent, non-feulement de Juges, mais de médecins & de pères fpirituels de leurs Pénitens, ils garderoient une conduite bien différente de celle qu'ils tiennent ordinairement: car non-feulement comme Juges, ils prendroient garde de ne les point abfoudre s'ils n'en font dignes; mais étant médecins des ames, ils leur ordonneroient les remedes convenables pour guérir leurs habitudes vicieuses, entre lefquels le délai de l'abfolution eft un des plus efficaces ; & fouvent il eft néceffaire, parce qu'ils ne font pas difpofés pour la recevoir. Et comme pères, ils auroient pour eux un amour paternel, qui fçauroit bien mêler la févérité avec la douceur pour ramener les enfans à leur devoir.

Que fi ces grandes qualités de juges, de médecins & de pères, avec les grandes obligations qu'elles portent avec elles, ne touchent

pas affez les Confeffeurs, ils devroient fe fou wenir de cette horrible menace que Dieu fait à un de fes Prophétes, & en fa perfonne à tous ceux qui font chargés du falut du prochain. Il dit qu'il recherchera de leurs mains les ames des pécheurs qu'ils n'auront pas avertis de fa vengeance que leurs crimes leur devoient attirer. Voici fes propres paroles (Ezech. 3 & 33) qui méritent d'être bien pefées: Fils de l'homme, je t'ai établi pour veiller fur la maison d'If rael, & pour lui annoncer ma parole. Si je me nace le méchant de lui envoyer la mort, & fi tu manques à l'avertir de changer fa méchante vie, il mourra dans fes iniquités ; mais je rechercherai fon fang de ta main. Cela veut dire qu'il vengera la perte du prochain, par la punition de celui qui en aura été la cause par fon filence criminel & par fa trop grande indulgence.

Si les Confeffeurs trop faciles avoient fouvent devant les yeux ces paroles terribles qui s'adreffent directement à eux, ils s'acquitteroient tout autrement qu'ils ne font, de l'obligation indifpenfable qu'ils ont de prendre foin dans la confeffion du falut des Pénitens : ils ne fe contenteroient pas de les avertir légèrement de fe corriger de leurs péchés; mais ils prendroient tous les moyens néceffaires pour leur procurer cet amendement dont Dieu leur commande de prendre le foin, & dont il leur demandera un compte exact au jour du Juge

ment.

Ils ne diront pas, comme je crois, que ces patoles de Dieu s'adreffent aux Pasteurs qui font chargés du falut des ames, & non pas aux Confeffeurs qui embraffent ce ministère librement & par charité : car ils ne peuvent nier qu'ils ne tiennent dans ce ministère la place du Pafteur, & que par conféquent ils font obligés de s'acquitter dans la confeffion du même devoir que Dieu impofe aux Pafteurs par ces paroles qu'il dit au Prophéte. Et puifqu'ils veulent bien fe charger du miniftère redoutable de la confeffion, ils font auffi chargés des devoirs qui y font attachés, entre lefquels un des plus importans eft celui de veiller fur l'amendement des Pénitens. Ce qui eft d'autant plus vrai, que les Confeffeurs voyent dans la confeffion l'intérieur du Pénitent que le Pasteur ne voit pas ; & qu'en voyant l'état de fa confcience, ils en connoiffent clairement les befoins ils voyent les moyens qui lui font néceffaires pour fe corriger, & ils peuvent l'obli ger à les mettre en pratique ; ce que le Pasteur ne peut point faire à l'égard des Pénitens qui ne fe confeffent pas à lui.

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CHAPITRE XIII.

On répond aux autres Objections.

L femble qu'il n'eft pas fort néceffaire de répondre ici à ceux qui difent qu'un Confeffeur doit bien jnger de fon Pénitent: qu'il

ne doit pas croire facilement qu'il le veuille tromper: qu'il doit croire que le Pénitent veut s'amender, quand il fe réfout à confeffer fes péchés, à quoi il a fouvent beaucoup de peine.

Cette objection eft fi foible, qu'elle ne mérite prefque point de réponse. Il n'eft que trop vrai que les Pénitens, par une ignorance groffière, tâchent fouvent de tromper leurs Confeffeurs pour obtenir leur abfolution, avec laquelle ils fe croyent bien juftifiés de leurs péchés lorfqu'ils ne le font pas. Il n'eft encore que trop vrai que ceux qui ne veulent point tromper leurs Confeffeurs, fe trompent fou vent eux-mêmes, en fe croyant bien difpofés lorfqu'ils ne le font pas : de quoi le Confeffeur doit juger, & non pas le Pénitent. Et pour ce que l'on dit que le Confeffeur doit croire que le Pénitent veut s'amender, quand il fe réfout à fe confeffer ; cela pourroit être vrai, files Pénitens n'avoient jamais d'autres raisons de fe confeffer que celles de s'amender; mais on fçait qu'ils en ont fouvent d'autres, comme celle du Commandement de l'Eglife pour la confeffion annuelle, la rencontre des grandes Fêtes, la coutume qu'ils ont de fe confeffer à certains jours, les regles de quelques Confréries, & enfin le refpect humain pour plaire aux hommes, ou pour éviter ce que l'on pourra dire d'eux s'ils manquent à fe confeffer en certains jours. Tous ces motifs de confef

fions font bien voir que l'amendement n'eft pas toujours le premier motif qu'on fe propofe dans la confeffion, & l'expérience fait voir qu'on fe confeffe fouvent fans avoir pensé à fe corriger.

Il y a une autre objection qui a un peu plus d'apparence, mais qui n'a pas plus de vérité que la précédente : c'eft celle que l'on tire de la parole de Dieu, qui a dit qu'il pardonnera à ceux qui reviennent à lui par la pénitence, & que le péché ne nuira point au pécheur dès le moment qu'il fe convertira (Ezech. 33). D'où l'on infere que comme le pécheur fe peut convertir en un jour, on ne doit pas lui différer l'abfolution, lorfqu'il dit qu'il eft converti, & qu'il veut s'amender.

Il est aisé de répondre que cela feroit vrai, file Confeffeur étoit affuré moralement que la converfion du Pénitent eft véritable. Mais comme il a fujet d'en douter à l'égard de ceux qui font habitués dans le péché mortel, fon devoir l'oblige de prendre là-deffus les affurances néceffaires avant que d'abfoudre le Pénitent. Et bien loin que l'Ecriture foit contraire à cette pratique, on peut faire voir que c'eft elle qui l'ordonne. Voici les marques que Dieu donne par le même Prophéte, de la vraie pé nitence & d'un vrai Pénitent; c'eft au Chapitre 18 où il parle ainfi : Si le méchant fait pénitence de tous fes péchés: s'il obferve tous mes commandemens: s'il fait jugement & justice,

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