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il fe confervera la vie, & ne mourra point, & je ne me fauviendrai plus de fes iniquités. Et plus bas il dit : Quand le pécheur fe fera détourné de fa méchante vie, quand il fera jugement & juftice, il fauvera fon ame. Qu'est-ce à dire faire pénitence de tous fes péchés, & fe détourner de fes iniquités, fi ce n'eft les avoir en horreur, & les regarder comme un objet d'abomination? Eft-ce là ce que fait un Pénitent qui s'accufe de fes péchés d'habitude, comme il a déjà fait plufieurs fois, fans en être touché, & fans avoir penfé que peu ou point à s'en corriger ? Qu'est-ce à dire faire jugement & juftice, fi ce n'eft fe juger foi-même, fe condamner comme criminel devant Dieu qu'on a offenfé, & fe foumettre à toutes les peines qu'on a méritées pour fatisfaire à fa juftice, & pour réparer les injures qu'on lui a faites? Elt-ce là ce que fait un Pénitent qui fe juge lui même digne de l'abfolution, qui la demande avec inftance, & qui veut obliger fon Confeffeur à la lui donner après qu'il en a fouvent abusé ? Dieu a promis le pardon au pécheur qui reviendra à lui, mais c'est à celui qui reviendra avec un efprit humilié par l'horreur de fes péchés ; c'eft à celui qui le cherchera de tout fon cœur, & dans toute la tribulation de fon ame. Si vous cherchez, dit-il, (Deut. 4.) le Seigneur votre Dieu, vous le trouverez, pourvû que vous le cherchiez de tout yotre cœur, & dans toute la tribulation de votre

ame. Où eft le cœur contrit & humilié de celui qui fe confeffe de fes péchés d'habitude? Où eft la converfion de fon cœur? Comment connoît-on qu'il eft changé ; qu'il n'aime plus ce qu'il aimoit auparavant ; qu'il a de l'horreur pour les chofes dont il faifoit fes délices, & pour lesquelles il a abandonné fon Créateur & fa dernière fin? J'avoue que s'il eft en cet érat où Dien le demande ici, il mérite l'absolution, & que le Confeffeur doit la lui donner, puifque Dieu lui fait la grace de la lui accorder. Mais je foutiens auffi que s'il eft en cette difpofition, il fe foumettra volontiers à tout ce que fon Confeffeur qui ne le connoît pas encore affez, voudra lui ordonner pout en être plus affuré: plus il fera contrit, plus il fe jugera indigne de l'abfolution, & il demandera lui-même du tems pour se disposer par des œuvres de pénitence a recevoir cette grace ineftimable.

Il y a encore une autre objection que l'on tire de l'Ecriture, qui n'eft pas mieux fondée que la précédente. On dit que notre Seigneur a ordonné à Saint Pierre de pardonner jufqu'à foixante & dix-fept fois, c'est-à-dire, tou jours; d'où vient la maxime ordinaire des Confeffeurs trop faciles, qu'il faut abfoudre toties quoties, c'est-à-dire, autant de fois que le Pénitent fe confeffe.

Si ceux qui objectent ce paffage fe donnoient la peine de le lire, ils trouveroient

clairement l'abus qu'ils en font : car il n'eft parlé en ce lieu-là que du pardon des injures que nous recevons de notre prochain, qu'il faut pardonner autant de fois qu'elles nous font faites. Les paroles y font expreffes. Saint Pierre demande à notre Seigneur, combien de fois il pardonnera à fon prochain les injures qu'il lui aura faites. (Matth 18.) Il demande s'il lui pardonnera jufqu'à fept fois. Notre Seigneur lui répond: Je ne te dis pas jufqu'à fept fois, mais jufqu'à foixante & dix-fept fois, & comme d'autres l'expliquent, foixante fois Jept fois, cela veut dire autant de fois qu'il l'aura offenfé. Ainfi ce paffage n'a aucun rapport à la rémiffion des péchés qui fe fait dans le Sacrement de Pénitence, où le Confeffeur ne pardonnè pas les injures qui lui font faites, mais l'offenfe qui eft faite à Dieu par le péché.

Que fi de ce commandement de pardonner les injures, on vouloit inférer la facilité avec. laquelle les Confeffeurs doivent abfoudre les offenfes qu'on fait contre Dieu, ce feroit trèsmal raisonner; parce qu'un homme eft maître de l'injure qui eft faite à fa perfonne, & le Confeffeur ne l'eft pas de celles qui font faites à Dieu, pour les pardonner comme il lui plaît: mais il doit fuivre la régle que Dieu lui pref crit pour les pardonner. Or cette régle eft que le Pénitent foit bien difpofé par une véritable contrition de fes péchés, & c'est ce que le Confelfeur doit examiner. C'eft pourquoi tout ce

que l'on peut inférer de ce paffage eft, que comme Dieu ne met point de bornes à la miféricorde, & qu'il pardonne aux hommes les offenfes qu'ils lui font, autant de fois qu'ils reviennent à lui par un véritable efprit de pénitence, le Confesseur doit abfoudre le Pénitent, autant de fois qu'il fe confeffe avec les difpofitions requifes, & cela eft fans doute. Mais il faut que le Confeffeur connoiffe cette difpofition, & qu'il employe à cela les moyens néceffaires, en la manière que nous avons dit : ainfi ce paffage ne prouve rien contre nous. Et fi on vouloit s'en fervir par des conféquences,

prouveroit que le Confeffeur devroit abfoudre le Pénitent, lors même qu'il ne témoi gne aucun regret de fes péchés; comme nous fommes obligés de pardonner au prochain les injures qu'il nous a faites, lors même qu'il n'en demande point pardon, qui feroit une conféquence très-fauffe.

Il faut encore répondre ici à une difficulté qui a quelque apparence de raison, & qui furprend quand elle n'eft pas bien entendue. On dit le délai de l'abfolution rebute fouvent que les Pénitens ; qu'il leur donne de l'averfion pour le Sacrement de Pénitence ; qu'ils ne reviennent pas au jour qu'on leur a marqué, & cela leur donne occafion de continuer dans leurs péchés plus qu'auparavant, & qu'ainfi ce délai fait fouvent plus de mal que de bien. Ils ajoutent encore, que la confeffion étant

que

d'elle-même une chofe difficile, il n'eft pas propos de la rendre plus fâcheufe en différant l'abfolution.

Je réponds premièrement, que fi quelques Pénitens fe rebutent du délai qu'on leur fait de l'abfolution quand il leur eft néceffaire, cela vient de ce qu'ils n'y font pas accoutumés, & de ce qu'ils ont toujours trouvé des Confeffeurs qui leur ont donné l'abfolution après toutes leurs rechutes, fans leur en avoir jamais fait de difficulté. Ainfi ce rebut des Pénitens vient de la faute des Confeffeurs qui devroient fe corriger de leur indulgence, plutôt que de l'appuyer fur un mal dont ils font eux-mêmes la caufe.

Je réponds fecondement, que fi cela arrive à quelques-uns des Pénitens, comme on n'en doute point, parce que la plupart font mal dif pofés & mal inftruits; il s'en trouve auffi plufieurs qui reçoivent très-bien le délai de l'abfolution, quand on leur fait voir le befoin. qu'ils en ont, & le grand bien qui leur en reviendra pour leur falut. Si les Confeffeurs s'acquittoient bien de leur devoir en cet endroit, pour faire entendre à leurs Pénitens les raifons qu'ils ont de leur différer l'abfolution, ils y trouveroient beaucoup moins de réfiftance qu'ils ne fe l'imaginent; & Dieu béniffant leurs bonnes intentions, difpoferoit les cœurs des Pénitens à fuivre cette conduite fi jufte & fi falutaire.

Troifièmement,

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