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une autre Infeription que j'ai & qu'elle vous donnera peut-être occafion de trouver de meilleures conjectures fur ces Antiquitez. Je crois donc encore qu'on peut prendre celleci pour un des titres que les Centurions avoient fur leurs cafques pour les diftinguer, & qui fervoient aux foldats à fe rallier & à reprendre leur poste plus aifément. Vegece m'en fert de preuve au livre fecond de fon Art Militaire. Centuriones infuper, dit-ilau chap. 13. qui nunc Centenarii vocantur, tranfuerfis caffidum criftis litteras habebant, ut faciliùs nofcérentur, quos fingulas jufferant gubernare Centurias, quatenus nullus error exifteret cum Centeni milites fequerentur; non folum vexillum fuum, fed etiam Centurionem qui fignum babebat in Galea. Au-refte les Centurions qui s'appellent aujourd'hui Cen-teniers avoient des lettres fur la crête de leurs cafques qui étoit tournée d'un autre fens afin que ceuxqui avoient les ordres & qui gouvernoient chaque Centurie pûffent être reconnus plus facilement. Et en effet comme ils avoient cent foldats qui les furvoient, il étoit à craindre qu'il n'y eût du défordre & de la méprife.

Ainfi chaque Compagnie n'avoit pas feulement fon drapeau, mais encore. fon Centurion diftingué par une marque particuliere, par des caracteres qu'il avoit für fon cafque. Ainst, Monfieur, il peut être que cette marque dont je parle, eft une de celles-là du tems de Claude, dont les lettres exprimeroient JÖчII CENTURIO ou quelqu'autre nom. Et lorfque ces Centurions avoient d'autres titres, ils ne manquoient pas de l'exprimer encore, comme je le puis juftifier par l'autre Infcription antique dont je vous ai parlé. Elle eft un peu plus grande & d'une forme differente, les lettres n'y étant que gravées fimplement, mais auffi elles s'expliquent. davantage, & donnent, ce me femble, quelque lumiere à la premiere. Je la donne elle qu'elle eft, & bien gravée dans la III. Planche Fig. 2. On y lit ces mots, COHORTIS TERTIÆ PRÆTORIANORUM CENTURIO PRISCI. Je n'ai pu encore bien deviner le refte, fi ce n'eft qu'il y ait PRÆSES ou PRÆFECTUS, PONTI, RUANI, queje n'entends point à la verité. Gependant il n'y a rien à changer; car, comme j'ai l'Infeription, je fçai qu'el

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la

le eft deffinée correctement, & vous pouvez vous en fouvenir.

Pour en revenir donc aux Manuf crits, je tiens, Monfieur, qu'on peut réduire les Romains fous trois genres, comme j'ai fait les Grecs, en quoi il eft certain que les Latins ont éprouvé le même fort auffi-bien que les Inferiptions, avec cette difference néanmoins, que les plus anciennes Infcriptions Grecques n'ont pas un caractere fi bien formé que celles du moyen âge, non plus que les Latines, comme je l'ai dit; que; depuis le fiécle des Scipions. parmi ces dernieres jufqu'à la décadence de l'Empire, elles font admirables; & qu'après le débordement des peuples du Nord, & l'invafion de ceux du Midi, les Inferiptions & les car racteres font rentrez dans une plus grande barbarie que celle de leur ori gine: ce qui n'eft pas de même dans les Manufcrits qui font moins beaux dans leur moyen âge que dans le premier.

Le premier gente donc de Manuferits eft des plus anciens, dont les lettres font femblables à celles que nous voyons fur les Médailles du haut Empire, ou dans les Infcrip

tions. Et en effet, plus les Manufcrits font anciens & plus les jambages de chaque lettre font droits plus le trait en eft hardi. En quoi on s'eft fort trompé dans le dernier Traité de Bibliotheque, où parlant d'un Manufcrit de Tite-Live, on dit qu'il étoit extraordinairemeut vieux, parce qu'il étoit fi mal écrit qu'on n'y pouvoit rien comprendre ce qui marque que ce Manufcrit étoit fort moderne. Je ne parle pas néanmoins de cette ancienneté qui remonte au tems de la Republique; car on n'a point encore vû de Manuscrits Romains qui paffent douze cens ans, quoique Monfieur Lambecius en faffe de plus vieux dans fa Bibliotheque. Il y a un Penitentiel dans la Bibliotheque du Chapitre de Rouen, auquel le Pere Morin donne plus de mille ans; je l'ai vû & je n'ai rien trouvé de fi beau. Les caracteres de ces Manufcrits font tous Majufcules. On les appelloit figures Unciales, Capitales, Quadratos: & il eft certain que les Romains n'en connoiffoient point d'autres, & n'ont pas eu d'ufage different dans l'écriture tant que l'Empire a duré. .

Tacite, ce me femble, en eft un

affez

affez bon garant dans le livre onzić me de fes Annales, où parlant de la figure des lettres Romaines, il Ch. 14. dit qu'elle étoit semblable aux plus anciens caracteres Grecs: Forma litteris Latinis, qua veterrimis GraGorum Ce qui convient fort bien avec ce que Pline en avoit dit avant lui, & dont je vous ai cité le passage en touchant les Manufcrits Grecs. L'un & l'autre prouvent affez qu'il n'y avoit qu'une efpece de caractere pour l'écriture; mais perfonne que je fçache n'a foûtenu, que les anciens Grecs euffent d'autres caracteres que les Majufcules. Cela fait, Monfieur, que je ne puis comprens dre fur quel fondement le Pere Mabillon en invente deux, & pourquoi contre l'autorité de* Prifcien de Lipfe, de Muret, d'Allatius, de Monfieur Rigault, de Monfieur Peirefe & de tant d'autres, il prétend dans fa Diplomatique que le caractere rond, ou le petit dont nous nous fervons prefentement, étoit en ufage chez les Romains. Je m'étonne

comment

Quibus ab illis acceptis Latini, Priftien parast des lettres antiquitatem fervaverunt perpetuam.

L. I.

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