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Voyage. Il écrivoit beaucoup de Lettres au Senat, à Ciceron & à fes amis. Jugez ce que ce devoit être, puifque dans fa jeunesse il avoit fait les Louanges d'Hercule, une Tragedie intitulée Oedipe, & un Recueil des bons mots de tous les grands hommes de fon tems. Son Succeffeur ne s'eft pas moins rendu celebre par les Lettres que par la Politique. Combien d'Ouvrages a-t-il fait, qu'il lifoit, dit Suetone, dans le Senat, devant le Peuple ou les Soldats, dans la crainte de perdre du tems en les apprenant par cœur? Il en fit d'autres intitulez Kef cripta Bruto de Catone, qu'il recitoit devant fes amis comme dans un auditoire public. Ses Exhortations à la Philofophie, les treize Livres de fa vie, fes Oraifons funebres de Julia fon ayeule, d'Octavie fa fœur, de Drufus, de Marcellus, d'Agrippa, contenoient apparemment bien des. faits, des tours d'efprit & des expreffions confiderables; il a fait encore beaucoup de Poëmes, un de la Sicile, des Tragedies d' Ajax & d'Achilles, 'une Satyre contre Pollion intitulée Fefcennini. Un Livre d'Epigrammes, l'Eloge de Drufus. Il a fait auffi des Vers Grecs; & Macrobe rapporte a Tom. 11.

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ce fujet un fait, qui fans doute ne , vous ennuyera pas. "Ily avoit un ,, Grec, dit il, qui lui prefentoit ,, fouvent lorsqu'il fortoit de son Pa

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lais une Epigramme en fon hon,, neur. Ce Grecule neanmoins le fit plufieurs fois fans que l'Empereur ,, l'en remerciât. Il arriva qu'un jour Augufte remarqua fon deffein, & demandant fur le champ du papier, il écrivit une Epigramne grecque ,, qu'il prefenta à cet homme qui ve,, noit l'aborder. Le Grec la reçut ,, avec beaucoup de respect, la loüa fort en la lifant & marqua fon ,, admiration par fes geftes, & par fa voix; puis s'étant approché du Prince, il tira de fa poche quel,, ques deniers pour les lui donner ,, & ajoûta: Seigneur cela n'eft pas

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digne

* Solebat defcendenti à Palatio Cæfari honorificum aliquod Epigramma porrigere Græculus. Id quum fruftra fæpe feciffet, rurfufque cum id faAurum vidiffet Auguftus, breve manu fua in charta exaravit græcum Epigramma. Pergenti deinde ad fe obviam mifit. Ille legendo laudare, mirari tam voce quam vultu: quumque acceffiffet ad fellam, demiffa in fundam pauperem manu, paucos denarios protulit, quos Principi daret. Adjeetus hic fermo μὴ κατὰ τὴν τύχην σὴν σέβαστε Ei makov didy non fecundùm Fortunam tuam Augufte fi plus haberem, plus darem Secuto omnium rifu, difpenfatorem Cefar vocavit, & Leftertia centum millia Græculo numerari juffit..

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digne de vous; j'en donnerois neanmoins davantage fi j'étois plus riche. Tout le monde fe prit à rire ,, là-deffus. Augufte reconnut fa fau,, te, il reffentit cette efpece de re,, proche comme il falloit, & donna

ordre auffi-tôt à fon Intendant de », compter au Grec cent mille Sefter,, ces." Les Traitez qu'il a faits du gouvernement, étoient bien precieux, puifque fa politique l'a rendu le plus grand Prince du monde. Il adreffa à Tibere fes Avis pour l'administration de la Republique, à Agrippa & à Mecenas des Inftructions; un Etat & un Compte de l'Empire au Senat.

Antoine avoit fait un Traité de fon ivrognerie, qu'il publia un peu avant la Bataille d'Actium. Nous fçavons encore ce que Tibere a fait, fes Oraifons funebres de Drufus fon fils, & des autres, fes Plaidoyers, sa Clef de l'Hiftoire des Fables; fon Poëme lyrique intitulé Plainte fur la mort de Lucius Cefar font citez partout. Il a fait auffi d'autres Poëmes Grecs, dans lefquels il a imité le stile d'Euphorion, de Rhianus & de lė

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*Cela feroit bien 600000 liv. de nôtre mon noye, s'il n'y a point de faute dans le latin.

Parthenius, à qui il dédia des ftatuës dans les Bibliotheques publiques, en y plaçant leurs Ouvrages. Les Succeffeurs de ces grands Princes, ont la plupart fuivi quelques-unes de leurs traces. Beaucoup ont fait l'Hiftoire de leur régne. Hadrien avoit autant d'émulation dans les Lettres, que le moindre de fes fujets. Nous en attendons avec impatience la Defcription qu'en fera Monfieur Rainf fant; fon érudition & fa politefle doivent nous faire efperer beaucoup de plaifir, & fon Ouvrage ne peut manquer de nous inftruire & de nous charmer. Albin avoit fait des agreables Milefiennes, ce qu'on apprend par les reproches que lui en fit Septime - Severe dans une lettre qu'il écrivit au Senat. Mais, Monfieur, j'en aurois trop à vous dire, fi je voulois ici donner tous les titres des Ouvrages que les Empereurs ont faits. Cela demande plus de loifir & un plus grand volume.

Je ne veux pas cependant oublier ici ce qu'Eginhard rapporte du premier de nos Empereurs François, CHARLEMAGNE. Il recueil

lit de fa propre main tous les vers écrits en langue antique, qui conte

noient les guerres & les exploits des Rois anciens des Allemans. C'eft ce que je remarque dans Tacite : * Ils celebrent, dit-il, Tuifton leur Dien par des vers anciens qui eft le feul genre d'Annales qu'ils ayent chez eux, & la feule maniere de conferver la memoire de leurs Heros. Nôtre Prince fit encore une Grammaire en fon langage; il donna des noms François aux mois & aux vents? il fit des vers latins très-bons pour ce tems-là, des Epitres, des Epitaphes telles que Lambecius en rapporte dans le fecond, volume de fa Bibliotheque. Je ne doute point non plus qu'il n'ait fait. d'autres Ouvrages; puifqu'il fçavoit les Langues étrangeres, qu'il avoit cultivé les fciences, & qu'il parloit fi bien de toutes chofes, qu'il ne ce-, doit à aucun Maître, dit encore Eginhard §.

Il feroit à fouhaiter que quelqu'un voulût le donner la peine de ramaffer non feulement ceux des Empereurs, mais méme des autres,

D 3

quel.

ques

Celebrant carminibus antiquis (quod unum apud illos memoria & Annalium genus eft) Tuif

tonem Deum.

Adeo quidem facundus erat, ut etiam di

dafcalus

appareret.

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