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ques-uns de piquans contre les Moines des raifonnemens ingénieux, quoique bruts, & fans ornemens. Ce petit conte, par exemple, dont la Fontaine auroit fait un chef-d'oeuvre. Il fe trouve pag. 47. & 48.

Un haut hom, Chevalier étoit,
Qui une Damoiselle amoit
Plus affez qu'il ne fut raifon.
Ce Chevalier fut très-laid hom,
Laid fut de corps & de tout membre.
Comme l'histoire le ramembre.
Saiges étoit parfaitement
Fors que d'amer tant feulement.
La Damoiselle qu'il aimoit
Beftiaux, fote & niche étoit.
Mais elle étoit belle à devis
De façon, de corps & de vis.
Plus belle ne pourroit-on querre
Par le payïs, ne par la terre.
Le Chevalier veut celle avoir
Qu'il ama plus que nul avoir
Pour ce que belle lui fembla.
Tous fes amis en affembla,
Et leur dit: Je veuil avoir cette,
Nulle autre femme ne me haite.
Lors fes amis lui répondirent,
Tome I.

Biij

Et tretous proprement lui dirent :
Sire, vous favez fa maniere.

Je fais bien que belle & fote iére a
Si vous dirai qu'en avendra,
Véoir le peut qui l'entendra,
Pour voir, enfans aura de moi
Et favez-vous que je y voi?
Très-beaux pour caufe de la mere,
Et faiges pour cause du perè,
Si qu'ils feront & bel & faige
Avoir ne peuvent mendre ufaige.
Sur ce forts & fur cet espoir
Veut cil la Damoiselle avoir.
Ensemble en mariage furent,
Enfans eurent tels comme ils durent,
Laids & hideux de par le pere,
Sots & niches de par la mere.
Tretout le contraire lui vint
De ce que pour vérité tint.

Voilà un échantillon des vers, en voici un de la profe pag. 376. & 377. touchant la femme de S. Gengou, mal nommé S. Gengon, punie miraculeufement de fon incredulité. Après avoir dit que cette femme de concert avec un Prêtre qu'elle aimoit prit le tems que fon mari dormoit, pour le tuer, il ajoute ce a iére,c'est-à-dire eft. þ voir,vrai,

On voit deux Epitaphes ridicules aux Cordeliers de Dijon. L'une en leur Cloître, ainfi conçue;

Corporis uranici caro cujus conditur ici
O pelerin gaude, qui vixifti fine fraude,
Ordine, re-que minor, fancti confors, ut
opinor.

L'autre qui eft dans la nef de l'Eglife, eft l'Epitaphe faite en ces termes par le Sieur Jofeph Griguette Secretaire du Parlement de Bourgogne, à Dame Lazare Ferrand fon Epouse.

Tout cela que l'on peut défirer en long âge Celle que ce recueil tient enclose au-dedans, Quoiqu'à peine eût encore atteint vingt &

un ans,

L'accomplit tout ainfi qu'en aiant davantage.
Enfant elle téta, & fon faint pucelage
Vierge garda entier en fes jours verdiffans.
Puis épouse conçut, & fit de beaux enfans,
Et mere enfin rendit à nature fon gage.
Ce fut du mois de Juin le jour vingt & fep
tiéme,

L'an tournant quinze cens quatre-vingts, le

neuvième

De fon fièvreux accès, qu'elle finit fa vie,
L'an neuvième c'étoit defon Hymen auffi
Tome I.
* Evij

Si que d'elle on peut dir' qu'elle mourant ainfi

Vieille elle eft de merite, & jeune d'ans & vie.

Une des plus grandes naïvetez qu'on ait jamais écrites c'est dans le Roman de Galien reftauré, la reception que le Roi Hugon, Empereur de Conftantinople, fit à Charlemagne accompagné de fes douze Pairs, & ce qui s'en enfuivit. Charlemagne, & fes douze Pairs, au retour du Saint Sepulcre, paffant à Conftantinople, y furent reçus au Palais du Roi Hugon, qui après un magnifique feftin, où étoient la Reine fon Epoufe, les deux Princes Henri & Tibere fes fils, & la belle Jaqueline fa fille, les fit conduire dans une fuperbe falle pour y repofer. Au milieu étoit un riche lit pour Charlemagne, & douze autres aux environs dans une jufte & égale diftance l'un de l'autre pour les Pairs. Etant couchez, Charlemagne fe trouvant de belle humeur, propola aux Pairs de dire le mot pour rire avant que de s'endormir, & pour les mettre en train commença le beau premier. Le Roman appelle cela gaber. Les treize gabs qu'on y lit font autant de Rodomontades. Charlemagne fe venta que d'un re

ees termes tam viles étant relatifs à quelque
chofe qui a fuccedé, & n'étant fait aucune
mention de Noffeigneurs du Parlement dans ce
qui a précédé. Il y eft feulement parlé de ceux
qui après avoir attendu tout un jour à la por-
te de S. E. fuivent à pied fa Chaife ou fon Ca-
roffe, pour l'accompagner au lieu où il va
ce que j'appelle une action indigne d'un hom-
me libre & de courage; & ce qui ne peut être
appliqué à la Députation du Parlement, faite
par audience & avec folennité ; ni aux vifites
des particuliers du Parlement, qui le vifitent
chez lui, & qui ne le fuivent pas dans les

rues.

Egrederis denfâ Procerum comitante caterva,
Nofque tuis oculis amula turba rapit.

Quid facerem fequerer ? mihi nunc & pectus an-
belum,

Infirmique pedes, invalidumque latus. Sed neque amicitia funt hascertiffima figna, Et, puto, tam viles defpicis ipfe Togas,

Viles Toge en cet endroit ne peut donc fignifier autre chofe que de lâches Courtifans. 11 eft affez commun que ce mot de Toga se prenne pour des Courtifans; néanmoins puifque je vois que cela eft revoqué en doute par quelques perfonnes, j'en apporterai ici des exemples, tirez de Martial, Auteur qui eft dans les mains de tout le monde.

Nec vocat ad cœnam Marius, nec munera mit

tit,

Nec fpondet, nec vult credere : fed nec habet. Turba tamen non deeft, fterilem qua curet ami

cum >

Eheu quam fatua funt tibi, Roma, toga!

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