agréablement dans la converfation. Lorsqu'on étoit retiré de chez lui il fe mettoit à revoir fes anciens Ouvrages, & à en compofer de nouveaux ; & c'eft ce qu'il a continué jufqu'à la fin de fa vie: Il faut mourir, difoit-il, la plume à la main. M. Ménage étoit d'un tempérament admirable, & l'on peut dire que fans fa chute & les grandes maladies qu'il a eues, il auroit vécu bien plus longtems mais, comme il le difoit lui-même, Je fuis tombé par ma chute dans les douleurs de la mort, ou pour parler avec l'Ecriture, les douleurs de la mort font tombées Sur moi. Au mois de Juillet 1692, il fut attaqué d'un rhume, qui fut fuivi d'une Auxion fur la poitrine, & qui aiant été jugée dangereufe, le fit fonger ferieufement à la mort. Il la regarda d'un eil ferme, & fe prépara à la recevoir par une confeffion qu'il fit au P. Ayrault Jefuite, fon proche parent, & par la reception des Sacremens. Il fit au même tems fon Teftament pour recompenfer fes domeftiques, légua fa Bibliotheque aux Jefuites de la Maison Profeffe de S. Louis, mille livres à l'Hôtel Dieu, mille livres à l'Hô pital Général, & quatre cens livres à fa Paroiffe, fans charger d'autres legs une fucceffion qu'il vouloit laiffer entiere à fes neveux. Peu d'heures avant que de mourir, fon Curé le vint voir, & le priant de l'excufer fi fon devoir de Pafteur l'obligeoit à lui faire quelques demandes fur les My. fteres de la Foi, M. Ménage lui dit: Vous me faites plaifir, Monfieur; en matiére de Foi, les plus favans ne fe doivent confidérer que com. me des enfans. Il conferva le jugement & la parole prefque jufqu'au dernier foûpir, qu'il rendit le 23 du même mois à fept heures du foir. Il fut enterré le 25. à Saint-Jean le Rond. M. l'Avocat Pinffon lui a fait l'Epitaphe. EPITA PHIUM. Virum Officiofum, Memoria Tenaciffimum, Sed & Italicum, Gallicumque Scriptorem politiflimum quæris,Via HIC FACET: Seu potius venerandi Manes ÆGIDII MENAGII Andini, Regi, dum viveret, à Confiliis & Eleemofynis; Gulielmi,Regii apud AndesPatroni,&GuidonæÆrodiæ filii,quiefc Qui Nominis fui, fcriptorumque fama, Europam fere univerfam, non fine invidia, peragravit: cum Principibus, Ac doctis quibufcumque Viris, five exteris, five Gallis, ubique in Hebdomadariis primùm, poftea quotidianis congreffibus Quem totus orbis eruditus, & confuluit, & fufpexit; Obiit Epiphora pectorali, Die 23. Julii 1692. Hora fere feptima ferotina, ætatis 79 Sacrofanctis Ecclefiæ Sacramentis, mira Pietate munitus. Fauftam Manibus quietem apprecare, Viro fingulari multifque fibi nominibus colendo pofuit FRANCISCUS PINSSONIU S. Advocatus Parifi On donne ici la proteftation dont on a parlé dans ces Mémoires. M.Ména. ge la fit dans le tems qu'on lui imputoit faulement d'avoir attaqué le Parlement dans fon Elégie à M. le Cardinal Mazarin, Rerum certa falus &c. E protefte & je jure par tout ce qu'il y a de plus faint dans le monde, que l'Elégie Latine à M. le Cardinal, de laquelle je fuis l'Auteur, a été faite plus de trois mois avant la Dépu tation de Noffeigneurs du Parlement à S. E. Ce que j'offre de vérifier par le témoignage de Meffieurs de Séve & Roujaut, Confeillers au Parlement; de M. Talon l'Avocat Général; de M. Amelot de Gournay, Maître des Requêtes, & Préfident au Grand Confeil; de M. Bau:ru Confeiller d'Etat ; de M. des Feneftreaux, auffi Confeiller d'Etat, & ci devant Confeiller au Parlement; des Peres Vavaffeur, Rapin, Commire, & de la Trimouille, Jéfuites; de M. l'Abbé Parfait, Chanoine de l'Eglife de Paris ; de M. Gaudin, auffi Chanoine de la même Eglife & Docteur en Théologie de la Maifon de Sorbonne ; de M. Defbroffes Sybour, Confeiller d'Etat, & ci-devant Confeiller au Parlement de Rouen; de M Pelliffon, Confeiller au Parlement de Toulouse; de M. de la Ménar. diere, Lecteur du Roi ; de M. l'Abbé le Vayer, Précepteur de Monseigneur le Duc d'Anjou,de M. Halley, Profeffeur en Droit Canon; de M. de la Riviere Granier, Bibliothecaire de M. Tome I. 1 le Préfident de Thou; de tous les Meffieurs de l'Académie de Caen, & de plufieurs autres perfonnes, toutes dignes de foi, mais dont l'énumération particuliere feroit trop ennuieufe. Je jure pareillement par tout ce qu'il y a de plus facré dans le monde, que ladite Elégie a été imprimée près de deux mois avant ladite Députation : ce que j'offre auffi de vérifier par le témoignage des Peres Labbe, Vavaffeur, Coffart & Rapin, Jéfuites; de Mademoiselle de Scudery; de M. Nublé, Avocat au Parlement de M. l'Abbé de la Motte- e Vayer; de M. Mentel Médecin; de Mrs de Valois; de M. des Hayes Profeffeur au College du Cardinal le Moine, & de plufieurs autres; mais particulierement par le témoignage de l'Imprimeur, qui eft M. Vitré, de qui la prud'hommie eft connue de tout le monde, & qui en porta des exemplaires à Pontoife où étoit le Clergé de France auffitôt après l'impreffion de forte que plufieurs de Meffeigneurs les Prélats peuvent auffi rendre témoignage de cette verité. Ainfi je n'ai pu parler en ladite Elégie de ladite Députation. Pour les vers qu'on prétend qui font injurieux à Noffeigneurs du Parlement, ils ne le font que dans l'interprétation qu'on leur donne, contre la propre, véritable & naturelle fignification des mots, & contre l'intention claire & manifefte de l'Auteur. Et puto tam viles defpicis ipfe Togas. Ces mots de viles Togas ne peuvent être entendus de Noffeigneurs du Parlement, parce que ce mot de Toga n'a jamais été dit pour fignifier des Senateurs, quoique le mot Toga ait été dit de la profeffion de la Robe: & quand il pourroit avoir cette fignification, il ne l'auroit pas en ce lieu, |