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Je vous remercie, lui manda-t-il, de vos préfens pour la plaie de mon bras: mais pour celle du cœur, que me donnerezVous ?

Un galant homme étant un jɔur

à la toilette de fa maîtreffe, prit un miroir de poche qui étoit fur la table, & y écrivit ce quatrain avec un craion fur P'étofe du dedans de l'étui.

Iris, en ce miroir toujours

Vous pouvez voir l'objet que j'aime.
Je voudrois bien toujours de même
Y voir l'objet de vos amours.

Le Poëte Liniere s'étoit autrefois âquis l'eftime des gens de mérite par fes vers qu'il faifoit aflez bien. On fe faifoit un plaifir de le bien recevoir. Dans ce tems-là il fit cette Epigramme contre M. Conrard, fur ce qu'il avoit été plus avifé que les autres de n'avoir jamais rien publié que fon nom : voulant dire qu'il n'avoit mis au jour aucun ouvra ge, & qu'il s'étoit contenté de figner les Privileges des Livres, comme Secre taire du Roi.

Conrard comment as-tu pu faire
Pour acquerir tant de renom,
Toi qui n'as,pauvre Secretaire,

Mis en lumiere que ton nom? Préfentement on ne le regarde plus, & il.eft obligé de manger avec les cochers & les laquais des Maîtres à la table def quels il mangeoit autrefois. Un jour qu'on lui failoit quelque honte de ce qu'on le voioit toûjours à pied, il dit : Je vois d'illuftres Cavaliers, Avec laquais, caroffe & pages: Mais ils doivent leurs équipages, Et je ne dois pas mes fouliers.

C'eft lui qui a dit de moi, qu'il faloit me condamner à être conduit au pied du Parnaffe & y recevoir la fleur de lis pour les vols que j'ai faits fur les Anciens. J'avoue moi-même que je les ai pillez dans mes Poëfies. Je ferois un bel ouvrage fi j'avois le tems, pour faire voir que j'ai réuffi là deffus dans mon deffein. Quoiqu'il ait mal parlé de moi, je n'ai pas laiffé depuis de le bien recevoir chez moi, mais quelque tems après il fit quelques infultes à des P. P. Jefuites, qui s'y étoient, trouvez en mê

me tems que lui, & je fus obligé de le prier de ne plus revenir.

François Païot, plus connu fous le nom de Liniére, mourut à Paris l'an 1704, âgé de 76 ans. Il étoit né avec de jolies qualitez, bien fait, de l'efprit, de la vivacité, du talent pour la Poëte ailée, mais fatirique, libertin, débauché; il acheva de fe gâter par la crapule. On voit de lui diverfes pieces dans les volumes de Poëfies choifies, imprimées chez Sercy. Il en court auffi beaucoup de manufcrites. De ce nombre étoit l'Epigramme contre Conrart, un des plus modeftes tout enfemble & des plus polis hommes de fon tems. C'est la modeftie qui l'empêchoit de publier fes compofitions tant en vers qu'en profe. Il feroit à fouhaiter qu'il nous en cût donné lui même un recueil. C'auroit été toutes pieces de bon goût. Par malheur pour la memoire on s'avifa en 1681, d'imprimer les lettres, que fans aucun deffein qu'elles devinflent un jour publiques il avoit autrefois écrites au Sieur André Felibien qui alors étoit à Rome. Conrart étoit Huguenot. Son zele pour fa Religion lui fit naître l'envie d'une tra duction nouvelle des Pfeaumes en vers François, fur la mesure de ceux de

Marot & de Beze, au chant defquels les Eglifes Proteftantes Françoifes étoient accoutumées. On l'a cru pendant bien du tems, Auteur d'un petit traité qu'en 1657 il fit imprimer in 12. de l'Action de l'Orateur, ouvrage qu'on a fû depuis être du Miniftre Michel le Faucheur, mort le 1. Avril de la même année. Conrart mourut le 23 de Septembre 1675. Sa réponse à Sarafin, , qui avoit fait pour lui la Balade du gouteux fans pareil, marque ce qu'il pouvoit en ce genre. Ce fut pour fe venger du mépris avec lequel il parloit de Liniére, que celui-ci fit contre lui l'Epigramme rapportée la premiere dans cet article. La feconde eft tirée de Richelet au mot Equipage. L'endroit où il eft dit qu'il avoit mal parlé de M. Menage, pourroit bien être celui-ci.

Thyrfis, je fuis ravi que par votre moien Mon Factum quelque tems ait fervi d'en. tretien,

Et de voir qu'en tous lieux le bonheur ac

compagne

Ce plaidoier en Vers produit à la Campagne. J'étois bien affuré que s'il vous fembloit beau 11 devoit contenter le célebre Boileau, Lui qui pour acquerir du nom en ce Roiau

me,

Attaque fortement Gilles fils de Guillaume, Car on dit que Menage a mis fous fon portrait

De fa préfomption cet authentique trait. Nôtre nouveau David abbat avec fa fronde Cet autre Goliath qui morguoit tout le monde,

Ce que je dis ici n'eft pas pour le blâmer, Menage a des talens que l'on doit estimer, Mais parmi les Savans c'est une république, Et l'on n'y peut fouffrir un pouvoir tyrannique.

Le Boileau que Liniére entend eft Gilles Boileau, frere du fameux Defpreaux, Traducteur du Manuel d'Epictete, & dont nous avons les œuvres poftumes imprimées in 12. l'an 1670. où eft une belle traduction en vers François du 4e livre de l'Eneïde, mais où n'eft pas l'Epigramme qui fuit :

Avoir l'efprit chagrin, & le vifage blême, Enrager dans le cœur, pefter contre foimême,

Se fentir confumer de mille & mille feux, Voir un tas de parens s'oppofer à ses veux Eftre toute la nuit tourmenté de colique, Avoir à fon lever fix Diables en pratique, Ne parler que de loix, d'affaires, de fatras, C'est

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