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Jois eft la même chofe qu'autrefois parmi les Perfes Cyrus. Sur quoi M. Ménage dans fes Origines Françoifes, au mot Lice, dit qu'il auroit volontiers demandé à M. Befly, s'il avoit été en vie, où il avoit lû que lesPerfes appellent un chien, Cirus? Il auroit pû répondre qu'il l'avoit lû dans la 266e Exercitation de Jule Scaliger contre Cardan, où au fujet du mot canis, qui a fervi de nom aux Souverains de Vérone, il eft dit : Et fanè Cyrus nibil aliud fignificat. Mais c'eft affurément Cynus qu'il faut lire, & non pas Cyrus. Κύων, κυνός, Cyrus Cino nom familier aux Italiens. Befly aiant trouvé Cyrus dans Scaliger, au lieu de Cyrus, n'a pas pris garde que c'étoit une faute d'impreffion, & s'eft perfuadé, parce que Cyrus étoit Perfan, que Scaliger avoit voulu dire que les Perles appelloient ùn chien Cyrus. C'est à quoi je ne préfume pas que Scaliger ait penfé. Pouvoit-il ignorer que Plutarque dans la vie d'Artaxerxe nous apprend fur le témoignage de Ctefias que Cyrus en Perfan fignifioit le Soleil? Un chien parmi les Médes, selon Hérodote 1. 1. étoit nommé Spaco,& parmi les Perfes, felon Juftin l. I. c. 4. Spacos. L'étymologie au refte du nom Cynus me paroit plus fpécieufe que vraie,

On a dû réguliérement écrire Cinus de Francifcus dont il eft une corruption. Francifcus, Francifcinus, Cinus comme de Nanna Nannina, Nina.

Les Dictionnaires, & les Lotteries qu'on voit multiplier de jour en jour, font pour le fiécle une marque fûre d'i gnorance & de gueuferie.

Les Lettres d'Ange Politien, & les Réponfes qu'on y a faites, recueillies

en un volume divifé en douze livres, mé riteroient fort par l'abondance des bonnes chofes qu'elles contiennent, qu'un habile homme, qui auroit du loifir, entreprît de les traduire, & d'y ajoûter des commentaires propres à éclaircir les endroits obfcurs, & fur tout l'histoire des Savans de ce tems-là. On donnera à la fin de ce volume, pour un effai de ce qu'on pourroit faire en ce genre, la traduction de la premiere de ces Lettres avec les notes dont on a crû la devoir accompa gner.

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¶ Charles de Bautru, dit le Prieur des Matras, Chanoine de l'Eglife d'Angers, mettoit des épingles fur fa manche pour se souvenir de s'enivrer. Un autre Angevin qui ne fe fioit point à fa memoire, & qui écrivoit tout ce qu'il avoit à faire, mit fur fes tablettes: Mé

moire à moi'pour me marier en paffani à Tours. M. de Brancas ne fit pas de même, car le foir même du jour qu'il fe maria, il auroit été coucher chez un Baigneur à fon ordinaire, fi fon valetde Chambre ne l'avoit fait fouvenir qu'il s'étoit marié le matin.

Un Gafcon qui s'étoit vanté de bravoure, s'enfuioit dans une occafion: un Parifien lui dit : Où eft donc ce cou rage? Il répondit: Il est aux jambes.

Les Latins difent par maniere de proverbe animus decidit in pedes, ce qu'ils ont emprunté des Grecs. Homere au vers 280. du 15. de l'Iliade, décrivant La frayeur foudaine des Grecs à la vûe d'Hector, dit que

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Τάρβησαν, πᾶσιν δὲ παρὰ ποσὶ κάππεσε θυμός Ce qui fignifie, fuivant l'explication d'Euftathius, ὡς πάντες εἰς τὸ φεύγειν ἀπείδον, τοῖς ποσὶ τὴν σωτηρίαν πιςεύσαντες. Et le faux Didyme, que Meurfius fur Lycophron pag. 119. de la premiere édition croit erre Jean Tzetzes, ἅπαντες λειποψυχήσαν τες τήν σωτηρίαν παρὰ τοῖς ποσὶ εἶχον.

M. l'Abbé Gaudin avoit fait un li vre contre un Huguenot qui avoit écrit il y avoit plus de trente ans. Cela étoit fi furanné, que ceux même à qui il avoit donné fon livre, laiffoient paffer plufieurs

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jours fans pouvoir feulement fe réfoudre à l'ouvrir. Le Pere Jourdan qui ne l'avoit pas vû demanda s'il étoit gros. Un autre dit: Il y a pour deux jours de lecture. Deux jours, reprit un troifiéme qui avoit commencé à le lire : il y en a pour plus de cinquante.

M. Gilbert Réfident pour la Reine Chriftine de Suéde en France, écrivoit fort bien en vers & en profe. On a de lui l'Art de plaire dédié à Monfieur. Il fit une Comédie dont les vers étoient un peu libres. Il la lut chez M. le Duc de Guife en préfence de la Reine Chriftine à qui elle plaifoit fort. Il y avoit plufieurs perfonnes favantes dans cette affemblée. M. Chapelain qui étoit alors un des meilleurs Critiques, & qui s'étoit acquis une très - grande réputation dans la République des Lettres, fut le premier coníulté fur cette piéce. Il en dit fon avis le plus honnêtement qu'il put, mais d'une maniére néanmoins qui fit connoître qu'il trouvoit les vers de cette piéce un peu trop libres. La Reine me demanda enfuite mon fentiment. Je lui répondis en bon courtisan, que c'étoit une des belles Comédies qui eût paru jufqu'alors. Cette Princeffe contente de mon approbation me repartit:

Je fuis bien aife, Monfieur, qu'elle foit de votre goût, on peut s'en rapporter à vous: mais pour votre Monfieur Chapelain; que c'eft un pauvre homme ! il voudroit que tout fût Pucelle.

¶ M. le Comte de Nogent arriva à Paris n'aiant que huit cens livres de rente, & il en avoit cent quatre-vingt mille lorfqu'il mourut. Le premier jour qu'il parut à la Cour il porta le Roi fur fes épaules pour le paffer par un endroit où il y avoit de l'eau. C'étoit aux Tuileries.

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M. de Nogent étoit un homme admirable pour remettre les converfations languiffantes. Un jour étant au Cercle de la Reine Mere Anne d'Autriche ; & voiant que la converfation étoit ceflée & qu'il y avoit déja quelque tems que ni la Reine ni les Dames, parmi lefquelles Madame de Guimené étoit ,ne difoient mot: N'est-ce pas, Madame, dit-il, interrompant le filence & s'adreffant à la Reine, une grande bizarrerie de la nature, que Madame de Guimené & moi foions nez un même jour, & à un quart d'heure l'un de l'autre, & cependant qu'elle foit fi blanche, & moi fi noir.

C'étoit la coûtume chez les Anciens

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