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qu'il n'ait point vû la Franciade, mais qu'il n'en ait eu nulle idée; qu'il n'ait point fù qu'entre le tems que fon Auteur y travailloit, & le tems de la bataille de Lens, il y a eu près de 80 ans d'intervale; qu'en un mot il ait absolument ignoré des équivoques auffi connues que le font celles de Ronfard & du Général Bec. Il y a là une complication fans égale d'ignorances & de méprifes. C'eft ce que les Editeurs du Furetiére de Trévoux reconnurent, lorsque cette remarque leuraiant été envoiée,ils jugerent à propos de l'inferer dans leur édition, où ils l'ont rapportée tout au long, quoiqu'en termes un peu moins forts, par une raifon dont il n'eft pas difficile de s'appercevoir.

L'occafion s'étant un jour préfentée d'examiner ce que Baillet, article 1354. de fes Jugemens des Savans, rapporte touchant Jean-Baptifte Lalli on y remarqua les méprifes fuivantes.

I. Il dit que Lalli mourut vers le commencement du dix-feptiéme fiécle, ce qui en bon François fignifie que ce fut fur la fin du feiziéme. La vérité cependant eft qu'il mourut le 3. de Février 1637. fuivant le témoignage de Louis Jacobilli dans fa Bibliotheque d'Ombrie.

II. Il oublie de compter parmi les compofitions burlesques du Lalli fa Mofchéïde, ou défaite des mouches par Domitien, & fa Francéïde, c'est-à-dire fon Poëme de la vérole, appellée en Italie mal François.

III. En récompenfe il dit que Lalli tourna en vers burlesques la férufalem ruinée de l'Anti-Taffe. Il devoit dire que ce Poëte fit l'Anti- Taffe, ou la Jérufalem ruinée, Poëme héroïque intitulé, Tito Vefpafiano, ou Gierufalemme difolata. Ce Poëme étoit très-ferieux, & lorfque Vittorio Roffi* a dit dans l'éloge de Lalli: Multa tum graviter, tum jocesè compofuit, in his ferofolymorum excidium. Virgilii Bucolica, & Æneidos libri Etrufco carmine, miro lepore miro lepore ac venuftate, facetis amanifque fententiis in ridiculum converfi, il faut rapporter Ferofolymorum excidium à graviter, & tout le refte à jocosè. Faute de cette diftinction Baillet a tout confondu, & a donné dans la chimére.

I V. Après avoir rapporté le fentiment trop avantageux de Vittorio Roffi, & d'Antonio Bruno touchant le burlesque du Lalli, il étoit à propos de rechercher quelle a été fur ce point l'opinion de

Giovan Vittorio de-Roffi, plus connu par le nom de Fanus Nicius Erythraus.

quelques gens de meilleur goût. M. Mé nage à la fin de fa Lezione fur le Sonnet de Pétrarque, La gola el fonno, s'en eft expliqué en ces termes : Quefto Lalli, è quel Lalli da Norcia che fcriffe più cofe mell' isteffo ftile, e frà le ́altre l'Eneide tras veftita. Mà fcriße tutte queste cose con poca fucceßo.

V. Il dit que Naudé dans fon Mafcu rat prétend que c'eft l'Enéïde travestie du Lalli qui a donné l'occasion à Scar ron d'en faire autant en notre langue, & de le prendre même pour fon modele. Mais fi l'on confulte Naudé dans l'endroit cité, on trouvera qu'il n'y dit autre chofe, finon qu'un nommé Giovan-Battifta Lalli ce font fes paroles, a peutêtre donné fujet par fon Enéïde tra veftita au petit Scarron d'en faire une semblable en notre langue. Ce n'eft pas là di re, ce me femble, que Scarron a pris le Lalli pour fon modele. Au titre près rien n'eft moins reffemblant que l'ou vrage François & l'Italien.

VI. Le Lalli, dit Baillet, avoit dans Ja premiere jeuneße fait des Poëfies Latines au Duc de Ferrare. Il y a ici plufieurs fautes. Cette expreffion, avoit fait des Poëfies au Duc de Ferrare, donne l'idée d'un Maître qui fait le thême à fon Eco

lier. Il femble d'ailleurs, de la maniére dont il eft ici parlé de ces Poëfies, qu'elles aient été en grand nombre. Cependant le Roffi ne parle que d'une feule piéce Latine en vers héroïques fur la mort d'Alexandre Farnéfe Duc, non pas de Ferrare, mais de Parme & de Plaifance. Cette derniére méprise de Ferrare au lieu de Parme ne peut venir que d'une grande précipitation.

VII. Le Lalli Jurifconfulte auffi bien que Poëte, a fait un ouvrage intitulé, Viridarium practicabilium materiarum in utroque Jure, ordine alphabetico, en trois volumes. Le Roffi en parle, & dit fimplement que le titre en eft peu Latin, conformément à la diction rude & mal polie des Jurifconfultes praticiens. Mais bien loin de méprifer le livre, il témoigne tout au contraire qu'on peut juger par là du grand progrès que fon Auteur, pendant cinq années d'étude en l'Univerfité de Pérouse, avoit fait dans la connoiffance de l'un & de l'autre Droit. On ne va point chercher la belle Latinité dans les répertoires de pratique. Le lecteur n'y cherche que fon inftruction. Les matiéres y étant traitées par alphabet, l'ordre n'en eft que plus commode pour les trouver, & Baillet n'a

pas dû tirer de là des confequences defa vantageufes contre la méthode du Viri darium, qui conftamment eft des ouvrages de Lalli le plus eftimé.

Jofeph Scaliger page 125 du livre que fous le nom d'Yvo Villiomarus il a écrit contre Robertus Titius, le reprend d'avoir attribué ces vers, Dirige odorifequos ad certa cubilia canes, à Livius Andronicus. Non eft Livii Andronici dit-il, fed Lavii. Quis effet ifte Lavius primus omnium, ille, quem audacem vocas, Jofephus Scaliger indicavit. Popularis tuus Crinitus te docuit Livii Andronici eße. At nullus doctus tibi concedet Livium Andro nicum ullum heroicum fcripfiffe, tantum abeft ut μeisen fcripferit. Scaliger n'y fongeoit pas. Livius Andronicus avoit traduit l'Odyflée d'Homére en vers libres, parmi lefquels il y en avoit d'héroïques, tel que celui-ci rapporté par Scaliger luimême dans fes conjectures fur Varron au' mot Ocrea.

Celfofque ocris, arvaque petrita, & mare magnum.

Prifcien en cite d'autres du même ouvrage. Je n'alléguerai que ces deux: At celer hafta volans perrumpit pectora ferro, &c. Inferus anfuperus tibi fert Deus funeraUlyffes. Il n'eft pas moins fûr que le vers

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