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Ceux qui ont écrit qu'il fut brûlé vif se font trompez. Les mots Crucemque laqueumque, font voir qu'il fut pendu & étranglé auparavant. Latinus Latinius qui étoit à Rome dans le tems de l'exécution, a pu en parler fûrement. Du refte fes jambes, pour lui appliquer ce qu'a dit Plutarque d'Hégefias, font fi froids, que fi Palearius avoit été véritablement condamné à être brûlé tout vif ils auroient pu éteindre par leur froideur le feu préparé pour fon fupplice. Une penfee ingénieufe & naturelle tout enfemble, pour juftifier le changement d'Antonius en Aonius, étoit celle que renferment les quatre vers Grecs fuivans traduit en quatre autres Latins.

Προς Λόγιον Παλτάριον.

Ονομα τα πάρος μ Αντώνιος εἶτα κεκλῆ παι Α' ονίδας φιλέων ἤθελες Α' όνιος.

Καὶ φιλέων Κικέρωνα, πέφευγας αν ὄνομα κείνε
Α' μέρος, ὃν Κικέρων, τοι φίλος, ἐχθρόν ἔχειν.
Latinè.

Aonius qui nunc es, eras Antonius olim,
Aonii Aonidum dat tibi nomen amor.

Quin & amans Tulli, merito, quem Tullins hoftem

Senfit ab hoc renuis nomen habere vire.

a

M. de la Courbe du Belley qui alloit au Bureau d'adreffe, étoit chez moi lorfqu'après la mort de M. Cotelier nous lifions la Gazette qui parloit de lui avec éloge. Je témoignai la joie que j'avois de ce qu'elle faifoit honneur aux Lettres en la perfonne d'un homme qui le méritoit. Il me dit là-deflus: Nous n'y mettons pas les Confeillers du Parlement; mais fi vous mouriez, par exemple ajoûta -t-il, on vous y mettroit avec éloge.

M. le Comte de Lude avant que de mourir, fit mettre un linceul dans fon tombeau, difant, en parlant de fes valets-de-chambre: Ces coquins-là auroient bien la mine de me laiffer enterrer à cru.

M. de Bautru pour favoir fi un homme donnoit à manger, demandoit : Le voit-on à midi?

Avant que la Reine de Suéde vînt en France, elle me fit prier de l'aller voir, comme elle avoit fait plufieurs autres Savans. Meffieurs Saumaife, DesCartes, Voffius, & Grotius y avoient été. Quoique je ne méritaffe point cet honneur, elle me mit par-là au nombre de ces grands hommes qu'elle avoit attirez auprès d'elle. Lorfqu'elle fut arrivéc

en Flandres, elle m'envoia un paffepoft en me mandant qu'elle avoit fait la plus grande partie du chemin, & que l'affection qu'elle avoit pour moi valoit bien la peine que je fiffe le refle. M. de Montaufier & M. Servien jugeoient à propos que je fiffe ce voiage; mais M. Chapelain en qui j'avois beaucoup de confiance, ne fut point de cet avis. Il me dit que cette Princeffe étoit tellement obfédée par Antonio Pimentel Ambaffadeur du Roi d'Efpagne auprès d'elle, que quand je l'aurois vûe une feule fois, il feroit bien difficile que je puifle la revoir. Je le crus, & je ne la vis que lorsqu'elle vint à Paris en 1656.

¶Omnis vita humana otium eft aut negotium. Toute la vie de l'homme fe pafle dans l'oifiveté ou dans les affaires.

Séneque exprime bien en trois mots le caractére de certaines gens, qui tracaffent toujours fans avancer aucune affaire. operofe nihil agunt. Il dit aufli que ceux qui ne font rien ont plus de peine que ceux qui travaillent. Plus eft negotii in etio, quàm in negotio.

Le Marquis de Jerzé s'oublia juf qu'au point de faire une déclaration d'amour à la Reine Anne d'Autriche dans ne lettre qu'il prit la liberté de lui

écrire: cela étant fû, aprêta bien à rire à toute la Cour. Quelques jours après le Prince de Guimené l'aiant rencontré, lui dit tout haut: Jerzé, quand vous écrirez à la Reine, je vous prie de lui faire mes baisemains.

Ce fut le Prince de Condé, qui pour fe divertir fit croire en 1649 à ce Marquis, que la Reine l'aimoit, & qu'il devoit pouffer fa fortune. La Reine aiant trouvé fur fa toilette la lettre d'amour que Jerzé de concert avec Madame de Beauvais y avoit mife, & aiant fû par qui cela lui avoit été infpiré, fit défendre publiquement à Jerzé de fe préfenter jamais devant elle. Ce qu'il y a de furprenant, c'eft que le Prince de Condé alors toutpuiflant à la Cour aiant declaré au Cardinal qu'il vouloit que la Reine vît le Marquis dès le même jour, elle fut contrainte de le voir. Jean de la Barde Marquis de Marolles Ambaffadeur en Suiffe, pag. 486, de fon Hiftoire Latine de rebus Gallicis ab anno 1643. ad 1652. touche un mot de cette affaire en ces termes: Ea tempeftate quidpiam de farzeo Marchione Ixionis fabule baud abfimile narravere, quod huic per Condai clientelam impunè fuit. Je trouve ce nom écrit différemment, Jerzai, Jarzay,

Jerzé, Jarzé, & Gerzé. Les titres La tins ont de Farzeio & de Farziaco. C'eft un Marquifat dans l'Anjou.

Luc Holftein difputant un jour contre deux ou trois Savans à la table du Cardinal François Barbérin, il lui échapa dans la chaleur de la difpute un vent poftéricur haut & clair. Le Cardinal en fourit, & les convives à qui Luc adreffoit la parole, en rirent avec éclat. Lui fans fe déconcerter: Je puis dit-il, fe tournant vers le Cardinal, appliquer fort bien en mon nom ce pafla ge de Virgile à votre Eminence.

Tu das epulis accumbere Divûm. Mais non pas le vers fuivant.

Ventorumque facis, tempeftatumque potentem; Cela fut trouvé fort jufte, parce que ni le Cardinal ni les autres ne le fouvinrent pas que dans ce vers qui eft le quatrevingtiéme du 1. livre de l'Enéïde, il y a Nimborumque, & non pas ventorumque.

En 1675, Madame de Tianges donna en étrênes une chambre toute dorée, grande comme une table, à M. le Duc du Maine. Au-deffus de la porte il y avoit en groffes lettres, Chambre du fublime. Au-dedans un lit, & un balustre avec un grand fauteuil, dans lequel étoit

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