ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

m'a

fuivant, que je rapporterai ici dans les propres termes de l'original. Meffieurs, vous avez vû comment le Roi de fa grace, pour quelque excufation que j'aie faite, voulu tant bonorer, que de moi donner cette fi grande charge qui fuffiroit bien à un des Seigneurs Royaux, & a fait de moi ainsi que dit un petit Moine, dont l'histoire dit ainfi. Il fut jadis un Seigneur qui tout houfe, & éperonné, à toute fa gent va en une Abbaiie pour avoir Meffe, qui près de fon logis étoit Et quand la Meffe fut dite, illec furent cinq ou fix des plus petits enfans de celle Eglife Moineaux, qui déboucloient fes éperons. Lorsqu'il fe vit de tels gens affailli par les deux pieds, il demanda que c'étoit. Ses gens en riant lui dirent: La coutume de toutes Eglifes fieft de rachater des Novices les éperons que l'on porte aux Chours. Lors leur fit bailler un écu. Puis appella le plus jeune & innocent de tous, & lui dit : fe venil favoir lequel est le plus fage de vous tous. A tant l'enfant fans plus penfer lui dit: Celui que Damp Abbé veut. Laquelle ré◄ ponfe fut notée. Dont par ainfi fe peut bien dire de moi. Car combien que je fois le plus fimple de vous, toutefois par celle raifon, il faut que je fois le plus fage, puifque le Roi le veut. De laquelle plaisant nouvelle tous Je prindrent à rire, & dirent que le Roi fa.

voit bien qu'il faifoit. Au 47e chap. du même livre il eft parlé de l'amitié que Jean le Maingre, dit Boucicault, jeune Ecuier de Touraine, fit avec Jean de Saintré fon compatriote. On y donne à entendre qu'ils avoient tous deux beaucoup d'efprit & de coeur, avec cette différence néanmoins que Saintré paroiffoit plus propre pour un exploit de guerre, & Boucicault pour une négociation. Ce qui donna lieu au proverbe ainfi rappor té. Quand vient à un affaut, mieux vaut Saintré que Boucicault. Mais quand vient à un Traité, mieux vaut Boucicault que Sain trẻ.

Clemens fum pecuniâ, non manu. Saint Jerôme par ces paroles tâche de s'excufer de ce qu'il ne fert pas les malades & ne les panfe pas lui-même, croiant réparer ce défaut en leur faifant part de fes biens.

ན Il y a des gens qui difent de bonnes chofes qu'ils arrangent mal: on dit d'eux que les perles, quoique mal enfilées, ne laiffent pas d'être précieuses,

Si j'étois à l'âge de quarante ans, je pleurerois amérement la mort de M. Bigot; mais je fuis tellement accablé de mes maux, que je ne fuis plus capable d'étre fenfible aux maux étrangers. Je

fuis aufli malheureux que Priam qui furvêquit à tous les fiens. Il y a trentecinq ans que M. Bigot logeoit chez moi toutes les fois qu'il venoit de Rouen à Paris, fans que nous aions jamais eu le moindre differend l'un avec l'autre. Il étoit fingulier en une chofe; comme il parloit peu, il ne me difoit jamais rien de ce qu'il avoit deffein de faire, nonobftant la familiarité qui étoit entre nous; jufques-là, que lorfqu'il fit le voiage de Rome, il ne m'en dit rien qu'un jour ou deux avant que de partir. Lorfqu'il me dit adieu, il me demanda feulement fi je n'avois rien à lui commander. Je perds beaucoup à fa mort. Il m'avoit écrit il n'y avoit pas longtems, qu'il alloit lire tous les anciens Poëtes Gaulois pour Pamour de moi, & qu'il me feroit part de tout ce qu'il trouveroit de propre pour més Origines de la Langue Françoife. La Bibliotheque qu'il laiffe,. vaut au moins quarante mille francs. Il avoit une grande littérature, & les Savans de Hollande attendoient fes lettres comme des décifions fur les difficultez qu'ils lui propofoient. Il eft mort le 18 de Decembre 1689, âgé de 64 ans.

Les Anciens n'eftimoient pas une perfonne, quelque mérite qu'elle cût,

fi

[ocr errors]

Gelle ne favoit de la Mufique. C'est pour cela que Cicéron (Tufcul 1.)dit:Themistocles,cùm in epulis recufaret lyram, habitus eft indoctior. J'ai été de tout tems auxoos: je n'ai jamais pu rien apprendre de la mufique, non pas même une chanfon à boire. Je n'ai pas eu non plus de difpofition pour la danfe. J'avois envie d'apprendre au moins une courante & une gavote, parce que la gavote étoit fort à la mode de mon tems. Je fis marché par piece avec un Maître qui montroit à un de mes neveux. Il me donna des leçons l'espace de trois mois , mais il n'eut pas de mon argent, parce qu'il fe trouva que je ne favois ni gavote ni courante au bout de ce tems-là.

A

Nous apprenons cependant de M. Ménage lui-même tome 2 de ce recueil qu'au Jardin Roial des Plantes il avoit danfé au chant de quelques Odes d'Anacréon mises en air. Il y a lieu de croire que c'étoit un branle en fuite d'une pe titè débauche de table, & que les pas des danfeurs ne furent pas fort reguliers. A l'égard de la mufique qu'il dit n'avoir jamais pu apprendre, cela lui a été commun avec beaucoup de favans hommes entre autres avec Lipfe qui a écrit de lui la même chofe en ces termes : Ingenium Tome I.

L

docile & capax omnium, excipio muficam C'eft dans l'Epitre 87. de la troifiéme des Centuries qu'il intitule Mifcellanées, Malherbe non plus n'avoit point d'o reille pour la mufique.

Un Piémontois nommé Jean Fer rier, dont nous avons quelques differtations Latines imprimées in 4°l'an 1539 & l'an 1540, chez Vascofan, s'eft avilé d'en faire une pour prouver que Cicéron étoit un excellent Poëte, & qu'en particulier le vers

O fortunatam natam me Confule Ronam, dont Juvenal s'eft moqué, n'étoit rien moins que ridicule. Pour moi qui ai lû cette differtation,j'ai trouvé qu'elle prouvoit fort bien, non pas que Ciceron fût un bon Poëte, mais que celui qui l'a faite étoit un mauvais Orateur. Il a paru 24 ans après in fol. chez Oporin cinq livres Lucullianarum quaftionum, ainfi intitulez d'un Château bâti originairement par Lucullus près de Naples, & qui alors appartenoit à Ferrante Loffredo Marquis de Trivico. Dans le premier de ces cinq livres Barthelemi Maranta de Venofe leur Auteur, dont le deffein dans l'ouvrage entier, eft de traiter à fond de la beauté des vers de Virgile, loue extraordinairement, pag. 23. & fui

« ÀÌÀü°è¼Ó »