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&qu'il eût toutes les qualitez à charmer le mien, &a me faire defirer qu'il vous plût de m'y recevoir. A cette heure que je l'ai connu en une occafion fi favorable, je ferois toutes chofes pour obtenir cette grace fi je croiois la mériter, & fi je pouvois donner quelque bien en échange qui fût du prix de celui que je fouhaite. Il est vrai, Monfieur, qu'il eft naturel d'aimer fes bienfaits; & que c'est un bon titre pour prétendre une feconde grace, que d'en avoir reçu une premiére. Quoi qu'il en foit, quand même l'ambition que j'ai d'aspirer à votre amitié feroit mal fondée, toûjours n'avez-vous obligé de vous offrir la mienne, & de vous protefter qu'honorant déja votre mérite comme je faifois, ce qui eft arrivé depuis me rendra toute ma vie, &c.

M. Coftar s'appelloit proprement Conftard, * de forte qu'il avoit retranché de fon nom l'u & le d. Dans une Lettre de recommandation pour un de fes parens qui s'appelloit Coustard, & qui étoit à Parmée, il mandoit à la personne à qui

*Ce nom dans les Lettres de Coftar, tom. 2. eft écrit Couftart. C'est là que pag. 61. écrivant à fon coufinM. deCoustart Capitaine appointé de cavalerie dans Ja Compagnie des Gendarmes du Roi,il dit que ce font les Imprimeurs qui ont à fon infçu, retranché unu de fon nom. Au pis aller, ajoute-t-il, mon cher Confin, dites fi vous voulez que je m'appelois Couftart quand on difoit choufe, & qu'on m'a appellé Coftar, quand chofe eft revenu à la mode.

il

il écrivoit en fa faveur, qu'il étoit fon parent, quoiqu'il eût ajoûté à fon nom quelques lettres davantage qu'il n'en avoit au fien. Mais la verité eft que ce n'étoit point fon parent qui avoit ajoûté des lettres à fon nom; c'étoit lui qui en avoit retranché. M. Coftar étoit de Paris, fils d'un Chapelier; néanmoins M. l'Evêque du Mans montrant un jour de l'étoffe à quelques perfonnes, il dit qu'il l'avoit achetée chez le pere de M. Costar.

M. Coftar ne lisoit pas *; & c'eft pour cela qu'il cite bien fouvent à faux.Lorfqu'il vouloit compofer, il demeuroit une demi-heure à rêver dans fa chaise; après quoi il appeloit fon Pauquet,& lui dictoit pendant deux heures. La Défense de M. de Voiture lui acquit une grande réputation, parce qu'on la trouvoit mieux écrite que les Lettres de M. de Balzac, & que celles de Voiture de qui il prenoit le parti. Cela fut caufe que M. le Cardinal Mazarin lui fit écrire par M. Colbert, qu'il lui donnoit une penfion de cinq cens écus, & le chargeoit de lui dreffer un rôle des perfonnes de lettres. J'y tra vaillai pendant trois mois, parce qu'il s'en

*Coftar pag. 672. du tome 2. de fes Lettres, dig quelles mauvais yeux le réduifoient à fe fervir de ceux d'un autre, & qu'il y avoit de quoi s'étonner que ne fachant ni lire, ni écrire, il ne laiffât pas d'être au

teur.

Tome I.

N

rapporta à moi qui avois plus d'habitude que lui à Paris, & plus de connoiffance de ceux qui étoient dans les Provinces: cela ne produifit rien pour lors; mais M, Colbert quelques années après, fit des liberalités non feulement aux perfonnes de lettres de France, mais encore aux Etrangers.

N'ai-je pas été bien hardi d'avoir fait imprimer une Epigramme b contre M. Colbert de fon vivant, fur ce qu'il avoit dit que je n'étois pas Poëte, afin de ne me pas mettre au nombre de ceux à qui il donnoit des penfions c. Je n'ai jamais vû la Bibliotheque de M. Colbert, par ce que je ne le voiois point. Cela n'a point empêché que je n'aye été bon ami de M. Baluze, comme je le fuis en

core.

M. Huet nommé à l'Evêché d'Avranche, eft un des premiers Poëtes La

a En 1663.

b Il faut que ce foit celle qui a pour titre, Mufis, & Colberto vale dicit Menagius, & qui eft la 164 de la der niére édition.

c Le Roi avoit donné à M. Ménage une penfion de deux mille livres. M. Ménage alla remercier M. Colbert de la part qu'il avoit eue à lui faire obtenir cette gratification. Ce Miniftre lui dit que le Roi voulant gratifier les gens de lettres qui étoient dans fon Roiaume, s'en étoit fait donner la lifte, & qu'il l'avoit trouvé à la tête des hommes favans. On lui ôra cette penfion au bout de quatre ans.

tins de notre tems. Les Allemans qui ont fait imprimer chez eux fon ouvrage contre Descartes, auroient parlé de cette particularité, s'ils en avoient été informez; mais apparemment qu'ils n'auront rien vû de fes poëfies, parce qu'elles n'ont paru qu'en feuilles volantes a. II devroit en faire un Recueil, & le faire imprimer. Il y a près de trente années que notre amitié dure.

M. Corbinelli entendant la Meffe aux Minimes, un homme bien vêtu vint fe mettre à genoux auprès de lui, & peu après lui tendoit la main en cachette en lui demandant l'aumône. M. Corbinelli lui dit Monfieur, vous m'avez prévenu b, j'allois vous en faire autant. Ce fut M. Corbinelli qui fit payer à un Marchand de fes amis une fomme qui lui étoit dûe par une perfonne de qualité

:

a Ceux qui ont fait dire ceci à M. Ménage, n'ont point fçû qu'il y a eu une édition des Poëfies de M. Huet à la fuite de celles de Théophile Hogers, à Am fterdam chez Daniel Elzevier 1672. vingt ans avant la mort de M. Ménage, Il y a depuis eu quatre autres éditions de poéfies de ce Prélat, la derniére defquelles, plus ample de beaucoup, & plus correcte que les précedentes, parut l'an 1709. à Paris chez Jacques Etienne. Ce font toutes pieces comparables aux meil Jeures des anciens Poëtes Latins, foit pour le style, foit pour les pensées.

b Cette pensée eft de Quevedo dans fon Exercice journalier du Chevalier de l'Epargne.

dont il n'avoit jamais pu avoir raison. M. de C.... devoit à plufieurs Marchands qu'il remettoit de jour à autre: un de ceux-là étant venu le preffer de plus près que les autres pour l'obliger à lui figner les parties, M. de C... lui donna un fouflet. Le Marchand alla s'en plaindre à M. Corbinelli, qui lui dit de lui laifler fes parties, & qu'il auroit foin de l'en faire payer. Quelques fix mois après M. Corbinelli les préfenta à M. de C....qui lui demanda fi ce Marchand n'avoit rien reçu là deffus. Oui, dit Corbinelli, il a reçu un grand fouflet. Ce qui fit rire M. de C... & payer le Marchand.

J'ai fû de M de Court que M. Bis got (Emeric) lui avoit dit, il y a deux ans, qu'il avoit achevé le Catalogue de tous les Livres Grecs imprimez. Il travailloit au Catalogue de tous les Livres Grecs manufcrits qui font connus, & qui fe trouvent dans les Bibliotheques de l'Europe.

M. de Bautru aimoit fort le jeu. Il me dit un jour : Etant allé faire une retraite à S. Lazare, on me donna à méditer fur l'endroit de la paffion que je eroirois me devoir le plus toucher; je m'attachai fixement aux trois dez.

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