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Qu'on dit qui fait mieux que Bouhours
Les fecrets de notre langage.

Mais il veut envain me prouver
Que je ne faurois mieux trouver :
J'élude aifément fes fophifines.
Anne & moi n'aurions pas la paix,
C'est une purifte, & je fais
Souvent au lit des folécifmes.

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Le Latin de M. de Balzac eft très-pur, néanmoins il me femble que le tour en eft François.Jedifois cela l'autre jour à un homme de grand mérite; il me répondit qu'il en avoit le même fentiment ; que cette raison le rebutoit fouvent de lire la profe Latine & les vers Latins de nos modernes. En effet, lui dis-je, fi on en excepte quelques-uns des nôtres, comme entre autres M. de Valois, M. Huet M. Petit, Madame Dacier, & quelques autres, dans les ouvrages de qui l'élégance Romaine va prefque de pair avec l'érudition; la plupart des autres font pleins de Gallicifmes, de Teutonifies,ď Anglicifmes, & de tous les autres idiomes Européens. Pour ce qui eft des étrangers, il y en a quelques-uns que l'on peut fort bien mettre dans l'exception; & entre autres, M. Cupèr qui eft à pré.

fent dans le Confeil fouverain des Etats de Hollande, M. Grævius d'Utrecht M. Carpzovius de Leipfick, M. Fabretti à Rome, le Pere Noris à Florence, M. Spanheim & quelques - autres dont les écrits font honneur à la République des Lettres. Un Scioppius trouveroit bien à glofer fur cet article.

M. de Balzac étoit abondant en penfees, & en faifoit amas par avance pour les placer en quelques uns de fes écrits. Sur quoi je vous dirai une badinerie à fon égard. Comme nous nous entretenions de ce qui pouvoit rendre heureux, je lui dis: Sanitas fanitatum, & omnia fanitas. Il me pria de ne point publier cette penfée, parce qu'il vouloit lui donner place en quelque endroit. En effet il s'en eft fervi dans quelqu'un de fes ouvrages *.

Après avoir obligéM.deGirac à écrire en Latin contre les Lettres de Voiture,il engagea auffi M. Coftar à prendre la défente de Voiture, & à écrire contre M. de Girac ; c'étoit pour s'attirer des louan

,

* Dans fa Lettre au P. Vavafleur Jéfuite datée du 20. Février 1653. pag. 1408.de l'édit. in fol. en ces termes: Il n'eft rien de plus vrai que cet oracle quod тесить olim Rome communicavit, & ita in mf.codice legifle fe dicebat Fulius Menochius Sanitas fanitatum, & omnia fanitas. Par cu il eft vifible que fi Ménage dit ici la verité, Balzac ne l'a pas dite.

ges de l'un & de l'autre côté. Je paffois par par le Mans pour revenir à Paris dans le tems que la Défenfe fut achevée. M. Coftar m'en donna deux exemplaires l'un pour être envoié à M. de Pinchefne neveu de M. de Voiture, & l'autre à M. Conrart. Il me dit qu'il fe foumettroit volontiers à tous les changemens qu'on y voudroit faire, foit qu'on vou, lût y ajouter ou retrancher. Une des copies fut communiquée à M. de Balzac qui envoia des corrections; cependant l'ouvrage s'imprima. Et parce que fes corrections arriverent dans le tems que l'impreffion fut achevée, on lui manda qu'elles étoient venues trop tard; & le livre parut tel qu'il étoit, dont il eut quelque chagrin. Girac avoit écrit fa Lettre Latine en 1650. Coftar fa Dég fenfe de Voiture cn 1653.

Dans le commencement que M. de Balzac fit paroître fes écrits, tout le monde fe déchaîna contre lui. On ne voioit que Libelles dont il ne pouvoit découvrir les Auteurs. Aunom de Phyllarque*

Ce Feuillant avoit pour pere Nicolas Goulu Pro feffeur Roial en Grec, & fe nommoit Jean Goulu, enfuite Jean de S. François lorfqu'il fut en Religion, & Phyllarque lorfqu'il écrivit contre Balzac, parce qu'il froit alorsGénéral de faCongregation, φύλλων ἀρχές, par allufion de feuilles à Feuillant.

qui fignifie Prince des feuilles, il devina que c'étoit un Feuillant qui écrivoit contre lui. M. de Bautru lui difoit un jour qu'il faloit qu'il fût bien atractif d'injures pour s'attirer ainfi tout le monde à dos. Cette guerre ne dura pas longtems, & tous les habiles gens ont été obligez de le reconnoître pour le Reftaurateur, ou plûtôt pour l'Auteur de notre langue, telle qu'elle eft aujourd'hui. Il parloit beaucoup mieux* qu'il n'écrivoit. Quand tous ceux qui fe mêlent de bien parler fe feroient affemblez pour former une période, ils n'auroient pas mieux réuffi que lui. Ses Lettres à M. Conrart font plus belles que celles qu'il a écrites à M. Chapelain. Sa differtation fur l'Herodes Infanticida de M. Heinfius, eft très belle. Il y a beaucoup de netteté & d'érudition mife dans un beau jour.

On peut dire auffi qu'il donnoit l'Immortalité à ceux à qui il écrivoit des Lettres; & l'on attendoit fes ouvrages avec une grande impatience. Il m'a dédié fon Barbon, qui n'eft pas le meilleur ouvrage qu'il ait fait, & m'a adreffé

* Coftar Lettre 5o. du tom. 1. dit que Balzac étoit très-inégal dans la converfation. Le portrait qu'il en fait paroit chargé.

trois ou quatre de fes pieces Latines. En reconnoiffance, je priai M. Saumaise de prendre fa défenfe contre ceux qui écrivoient contre lui. Il fut fi content de ce que je lui avois procuré un défenfeur d'une fi haute réputation, qu'il me dit un jour en me remerciant: Non homini, fed fcientia deeft quod nefcivit Salmafius. On ne peut rien dire de plus fpirituel, & en même tems de plus flateur. M. de Balzac étoit toujours malade ou valétudinaire. Un jour faifant fa Cour à M. le Cardinal de Richelieu en préfence de M. de Bautru, ce Ministre lui demanda s'il ne fe portoit point mieux. M. deBautru fans donner le tems à M. de Balzac de parler, dit à M. le Cardinal : Comment pourroit-il fe bien porter, il ne parle que de lui-même, & à chaque fois il met le chapeau à la main, cela l'enrhume. Quoique M. de Bautru fût fon ami, M. de Balzac ne laiflà pas d'être très mécontent de ce qu'il lui avoit rendu un fi mauvais office auprès de M. le Cardinal de Richelieu, dont il efperoit quelque chofe.

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Coftar mieux inftruit de la chofe, la conte autrement dans une Lettre adreffée à Bautru lui-même, & imprimée l'an 1658. fept ans avant la mort de

Bautru

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