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A

LIBER PRIMUS.

CAPUT PRIMU M.

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LEXANDRI qui ademptum Persis imperium in Græciam intulit, vitam atque res geftas plurimi Græcorum memoraverunt. Ex quibus plerosque operum fuorum fpectatores; quosdam etiam focios atque miniftros habuit: nonnullos, ut erat avidus mansuræ poft mortem gloriæ, ad hoc ipsum evocavit ut res fuas traderent pofteritati. Ceterum præter ipsam rerum magnitudinem, innata genti fabularum cupido effecit, ut eorum complures monftris quam vero similiora proderent. Fide autem dignissimi videntur Ptolemæus, qui poftea regnavit, & Ariftobulus. Etenim exftincto jam Alexandro, fua edentibus metûs & adsentationis causæ decesserant, qui

bus fere narrandarum rerum veritas corrumpi folet. Nam Ptolemæum etiam regii nominis dignitatem mendaci hiftoriâ polluere voluisse, quis crederet? Uterque autem quum multis ad res Alexandri pertinentibus negotiis non interfuerint modò, verùm etiam præfuerint, verissima præ aliis tradere potuisse liquet. Quoties igitur consentiunt, ceteris antehabuimus: ubi in diversum abeunt, ex copia rerum ea potissimùm fecrevimus, quæ diligenter inter fe composita proximè ad rerum geftarum fidem videbantur accedere.

Quod etiam poft ætatem Alexandri alios Græcorum fecutos video, quibus aliqua veri cura fuit, & nuper ex Sicilia Diodorum. Nam qui ex Romanis animum ad historiam applicuerunt, ii patriis rebus contenti, externa neglectui habuere : quia victoris populi gefta componentibus neque majeftas rerum deerat; & plus utilitatis allatura videbantur in eadem republica degentibus. Quorum ftudium ut laude dignissimum arbitror; sic extra reprehensionem fore confido, si nostris etiam hominibus oftendam eum regem, qui unus omnium mortalium, intra brevissimum ævi fpatium, plurimum terrarum occupavit, quo appareat, NON FORTE neque temerè res humanas ferri; fed plerumque fortunam pro moribus; neque diuturnam esse felicitatem, quæ virtute deftituatur.

Igitur Alexandrum omnibus ingenii fortunæque dotibus abunde auctum ornatumque.

dinairement la plume des hiftoriens, ne devoient plus faire impression fur eux après la mort d'Aléxandre. Et qui pourroit croire que Ptolomée eût voulu dégrader par la fiction, l'autorité que fon rang devoit donner à fon Hiftoire? Tous deux furent présens à une infinité de chofes qui concernoient Alexandre, ils en eurent même la direction: il est donc certain qu'ils peuvent mieux nous en inftruire que les autres. Nous préférons leur témoignage quand il s'accorde: leur récit estil différent? nous comparons les faits, nous les choisissons, & nous n'adoptons que ceux qui nous paroissent approcher le plus de la vérité,

Depuis le siécle d'Alexandre, tous les Grecs amis du vrai, & en dernier lieu Diodore Sicilien, fe font prefcrits la même régle. Ceux d'entre les Romains qui fe font appliqués à l'hiftoire, ont négligé celle des nations étrangeres, pour ne s'occuper que de ce qui concernoit leur République. Les actions d'un peuple vainqueur leur fournissoit une noble matiere, & leur travail devenoit plus avantageux à leurs citoyens. Si leur intention est louable on ne doit pas me blâmer d'agir par le même principe, en représentant à mes compatriotes ce grand Roi qui, pendant un regne très-court, a fait tant de conquêtes. On reconnoîtra que le hazard ne conduit pas les événements; mais que le caractere des hommes régle fouvent leur fortune, & que la durée de leur prospérité, eft celle de leur vertu.

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Alexandre avoit, du côté de la naissance & de l'efprit, toutes les qualités nécessaires à un Prince à qui le Deftin réfervoit une si grande puiffance,

Les Rois de Macédoine fe croyoient defcendus d'Hercules, & Olympias, mere d'Alexandre, rapportoit au grand Achille l'origine de fa maison. Ce Prince eut dans fa jeuneffe des exemples propres à le conduire à la gloire & un Maître en état de lui infpirer l'amour de la vertu; on ne négligea aucun des exercices qui pouvoient le former. Philippe fon pere, mit en réputation, par des guerres continuelles, les Macédoniens qu'on méprifoit auparavant : il les rendit formidables aux autres peuples de la Grèce, qu'il réduisit à l'obéissance. Il prépara pendant fon régne les grands événements qui devoient arriver après lui. La mort même le furprit occupé de la guerre qu'il alloit porter en Perfe: il avoit fait de grandes levées; avoit beaucoup d'argent & toutes fortes de munitions; fon armée étoit prête à fe mettre en marche & Parménion étoit déja entré dans l'Asie. Il mourut dans ces circonftances, où il laissoit à fon fils de grandes forces pour la guerre, & la gloire que fes actions lui avoient méritée. La fortune paroissoit ménager à Alexandre ces opérations militaires, & lui réserver ces conquêtes: il fut même le feul qui ne la connut jamais infidéle. Dès les premiers jours de fon régne, on douta s'il n'étoit pas plus raifonnable de lui donner Jupiter même pour pere, que de le faire defcendre de ce Dieu par les Eacides & par Hercule: l'admiration dont la fuite de fa vie remplit les efprits, ne fit que confirmer cette opinion.

Ce Prince, comme nous le dirons bientôt, visitant le Temple d'Hammon en Lybie, voulût qu'on l'appellât fon fils. Plusieurs crurent que Jupiter avoit pris la forme du ferpent qu'on vit dans

fuisse comperio, quibus fatalem tantæ potentiæ virum oportebat inftrui. Genus ab Hercu le repetebant Macedonum reges: Olympias Alexandri mater initia suæ gentis ad Achil.lem referebat. Puero neque incitamenta exemplaque gloriæ, neque virtutis magifter aut exercitatio deerant. Quippe Philippus pater continuis bellis contemptam ante Macedonum gentem extulit, & coactâ in ordinem Græcia, cunctis formidabilem fecit. Denique non folùm operum poft fe geftorum fundamenta posuit; verùm etiam quum decederet, Persico bello intentus, delectus habuerat, commeatus, pecuniam, exercitum paraverat; & Parmenionis operâ jam Asiam aperuerat. Sed in eo rerum momento fubductus eft, ut & maxima gerendi belli fubsidia filio, & plenam gefti gloriam relinqueret : quâdam fortunæ induftriâ, quam unus hic perpetuo obfequentem sibi habuit. Cujus admiratione non poftea modo, fed ftatim ab initio dubitatum eft, rectiusne foret, non per a cidas aut Herculem, fed ab ipfo protinùs Jove, tanto homini divinæ ftirpis originem adserere.

Ipse quidem, quum Hammonem Libycum adiret, ejus filium se appellari voluit, ut pofteà trademus. Ceterum, draconem in cubili matris ejus visum, quem Jupiter induerit, eoque genitum fuisse Alexandrum, multi credi

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