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Pour moi, qui fur Ton nom déja brûlant d'écrire, Sens au bout de ma plume expirer la Satire, Je n'ofe de mes vers vanter ici le prix. 180 Toutefois, fi quelqu'un de mes foibles écrits Des ans injurieux peut éviter l'outrage, Peut-eftre pour Ta gloire aura-t-il fon usage. Et comme Tes exploits étonnant les Lecteurs, Seront à peine creus fur la foy des Auteurs ; 185 Si quelque Efprit malin les veut traiter de fables, On dira quelque jour, pour les rendre croyables ; Boileau qui dans fes vers pleins de fincerité, Jadis à tout fon fiecle a dit la verité ;

Qui mit à tout blâmer son étude & sa gloire, 190 A pourtant de ce Roi parlé comme l'Histoire.

REMARQUES.

VERS 177.
Pour moi, qui fur
Ton nom déja brûlant d'écrir,&c.]
On a comparé cet endroit avec
un autre de l'Epitre VIII. 11 s'a-
git de décider, qui l'emporte des

deux. L'Auteur en a jugé luimêine, & ce me fernble, avec beaucoup de jufteffe. Voïés la Remarque fur le Vers 65. de l'Epitre VIII.

L

'Auteur ne compofa fa feconde Epître, que pour conferver la Fâble de l'Huiftre & des Plaideurs qu'il avoit retranchée de la fin de l'Epître précédente. L'Abbé Des Roches, auquel il adreffe celle-ci, fe nommoit, Jean-François-Armand Fumée. Il étoit fils de François Fumée, Seigneur des Roches, & def cendoit d'Adam Fumée, premier Médecin de Charles VII. L'Abbé Des Roches mourut en 1711. âgé d'en viron 75. ans. C'est à lui que Gabriel Guéret a dédié Son Parnaffe Reformé.

EPISTRE II

A M. L'ABBE' DES ROCHES,

AQUOI bon réveiller mes Mufes endormies,
Pour tracer aux Auteurs des regles ennemies?
Penfes-tu qu'aucun d'eux veuille fubir mes loix,
Ni fuivre une raison qui parle par ma voix ?
5 O le plaifant Docteur, qui, fur les pas d'Horace,
Vient prefcher, diront-ils, la reforme au Parnaffe!

REMARQUES.

VERS 1. A quoi bon réveiller, &c.] Les fix premiers Vers font connoître que l'Auteur travailloit alors à fon Art Poëtique.

IMIT. Vers 5. O le plaifant Doc

teur, &c.] A l'occafion de ce
Vers & des deux qui le fuivent,
il eft à remarquer que M. Def
préaux s'eft imité lui-même. Il
avoit dit dans l'Ep. I. Vers 21.

Eft-ce là cet Auteur l'effroi de la Pucelle,
Qui devoit des bons vers nous tracer le modele,

Ce Cenfeur, diront-ils qui nous reformoit tous?

Quoi? ce Critique affreux n'en fait pas plus que nous ?

Saint Geniex, en finiffant fon Euterpe déja citée plus d'une fois,

Nos écrits font mauvais, les fiens valent-ils mieux?

J'entens déja d'ici Liniere furieux,

Qui m'appelle au combat, fans prendre un plus long terme. 10 De l'encre, du papier, dit-il : qu'on nous enferme.

Voyons qui de nous deux plus aifé dans fes vers,
Aura plûtoft rempli la page & le revers?

Moy donc qui fuis peu fait à ce genre d'efcrime,
Je le laiffe tout feul verfer rime fur rime,

15 Et fouvent de dépit contre moy s'exercant,
Punir de mes defauts le papier innocent.

Mais toy qui ne crains point qu'un Rimeur te noirciffe,
Que fais-tu cependant feul en ton Benefice?

Attens-tu qu'un Fermier payant, quoy qu'un peu tard,
20 De ton bien pour le moins daigne te faire part?
Vas-tu, grand deffenfeur des droits de ton Eglife,
De tes Moines mutins reprimer l'entreprise?

REMARQUES.

avoit emploïé la même pensée, fur lequel nôtre Auteur a beau mais avec un tour différent, & coup enchéri.

ego cùm culpem ftudium hoc, aliofque Poëtas Exagitem, feclique frequens incommoda clamem : Cum fit Scriptorum reprenfa licentia verbis Tanta meis, cùm librorum faftidia pra me Tanta feram, in numero tamen ut fim molior isto. VERS 8. J'entens déja d'ici Liniere furieux. Le Poëte Linière avoit beaucoup de facilité à faire des Vers médiocres. Nôtre Auteur l'avoit pourtant nommé honorablement dans la Satire IX. Vers 236. Mais Linière s'avifa de faire une Critique trèsoffenfante de l'Epitre IV. qui avoit êté faite avant celle-ci.

Pour toute vangeance, M. Defpréaux mit le nom de ce Poëte en cet endroit, & dans quelques autres de fes Ouvrages. Voiés Epit. VII. V. 89. Art Poët. Chant II. Vers 194.

IMIT. Ibid. J'entens déja d'ici
Liniere furieux. ] HORACE a dit
de même, Livre I. Satire IV.
Vers 24.

Crifpinus minimo me provocat accipe, fi vis,
Accipe jam tabulas, detur nobis locus, hora,
Cullodes: videamus uter plus fcribere poffit.

Croy-moy, duft Auzanet t'affurer du fuccés,
Abbé, n'entrepren point mesme un jufte procés.
25 N'imite point ces Fous dont la fotte avarice
Va de fes revenus engraiffer la Justice,
Qui toûjours affignans, & toûjours affignez,
Souvent demeurent gueux de vingt procés gagnez,
Soûtenons bien nos droits: Sot eft celui qui donne.
30 C'eft ainfi devers Caën que tout Normand raisonne,
Ce font là les leçons, dont un pere Manceau

Inftruit fon fils novice au fortir du berceau.
Mais pour toy qui nourri bien en deça de l'Oise,
As fucé la vertu Picarde & Champenoise,

35 Non,

non,

tu n'iras point, ardent Beneficier Faire enrouer pour toy Corbin ni le Mazier,

REMARQUES,

VERS 23-
Fameux Avocat au Parlement de
Paris. DES P.

-duft Auxanet,&c.] un Normand qui fera de Caën même dira toûjours: Je Juis devers Caen, & ne dira pas, Je fuis de Caën

Barthélemi Auzanet, êtoit extrèmement verfé dans la connoiffance du Droit François ; & les principales affaires fe regloient ordinairement par fes confeils, ou par fon arbitrage. Il mourut le 17, d'Avril 1693. âgé de 82. ans, aïant êté honoré par le Roi d'un Brevet de Confeiller d'Etat, quelques années avant fa mort.

VERS 30, C'est ainfi devers Caën que tout Normand raisonne. ] L'Auteur auroit pû dire: vers Caën. C'est ainsi que vers Caen tout bas Normand raifonne; mais il a préféré devers Caen, qui eft une efpèce de Normanisme. D'ailleurs,

VERS 33. bien en deça de Oife, ] Rivière qui a fa fource dans la Picardie, vers les limites du Hainaut & de la Champagne.

VERS 34, As fucé la vertu Picarde & Champenoise. ] La franchife.

VERS 36. Faire enroйer pour toy Corbin ni le Mazier, Deux autres Avocats. DES P.

Avocats criards, qui fe chargeoient fouvent de mauvaises Caufes. Jacques Corbin plaida fa première Caufe à quatorze ans, & ne plaida pas mal pour fon âge: Martinet célèbre Avo çat, fit alors cette Epigramme, Vidimus attonito puerum garrire Senatu, Bis pueri, puerum qui flupuere Senes,

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