entrer foit pour Voftre Alteffe Royale une fource abondante de toutes fortes de graces & de benedictions. De l'Ordre de Citeaux, qui travail Loit à reformer fa maison. Il luy donne plufieurs avis pour reülir dans cette fainte entreprise. MON ON REVEREND PERE. C'est une grace toute particuliere que Dieu vous fait de pouvoir executer ce que vous fouhaitez avec tant d'ardeur & depuis fi longtemps. J'y prens toute la part que je dois, mais de vous rien dire d'utile ni qui vous ferve pour l'établis fement de la vie & de l'Obfervance que vous voulez fuivre, je n'en fuis point capable, & il ne faut pas que vous l'attendiez de moy. Cependant je ne faurois m'empefcher d'approuver, felon mon peu de Λ pas moins fufcitez dans fon Eglise pour fervit de regle & de conduite aux autres, que pour leur propre fanctification. Il en eft des veritez comme des eaux, & pour les avoir dans leur pureté, il faut toûjours remonter aux fources & aux origines. J'entre tout-à-fait dans vos fentimens, mon Reverend Pere, pour l'ufage du vin, puifque vous avez des vignes, il n'eft pas contre la Regle d'en boire, elle le tolere, il eftoit fort rare du temps de faint Bernard, & on voit mefme par quelques hiftoires particulieres comme par divers endroits des cuvres de ce Saint, que l'on s'en ab ftenoit communément; neanmoins pourvû que la quantité foit dans la moderation prefcrite par la Regle, vous ne devez point faire difficulté d'en permettre l'ufage à vos Freres. Pour ce qui eft de la diftribution du temps,il n'est pas possible de la regler comme faint Benoift l'a ordonné, puifque nous n'avons plus les heures inégales: ce qui fe pratique fur cela dans l'étroite Obfervance, eft, ce me femble, ce qui fe peut faire de mieux & de plus juste. Quoiqu'on doive se proposer de ne rien faire de nouveau, il y a neanmoins des neceffitez indifpenfables de changer les pratiques anciennes, comme par exemple, les jeûnes qui ne s'obfervent plus en nul lieu en la maniere que nos Peres les ont gardez. Il n'y a rien qui foit plus felon la Regle, mon Reverend Pere, que d'emploïer, comme vous dites, tout le temps qui refte aprés la Pfalmodie & le travail des mains, à une lecture commune, qui fe doit faire felon l'ancienne pratique dans les Cloiftres & dans le Chapitre, pourvû que l'on donne aux Religieux la liberté d'aller prier dans l'Eglife, |