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vraisemblable, ainfi que je l'ai obfervé dans le difcours préliminaire, que la plupart de ces Cafles, qui occupent le territoire du Maroc, ont été répouffées de l'orient à l'occident de l'Afrique, dans les différentes révolutions qui onr agité cette partie de la terre; elles auront fuivi les drapeaux de leurs chefs, dont elles ont confervé le nom; que & c'eft par-là qu'on les diftingue, ainsi contrées qu'elles habitent. On appèle ces tribus aujourd'hui Cafiles ou Cabiles, du mot arabe Kobeila; & elles font en fi grand nombre, qu'il n'eft pas poffible de les connoître toutes; on compte dans les provinces du Nord les beniGarir, beni Guernid, beni-Manfor, beni-Oriegan, beni-Chelid, beni-Jufeph, beni-Zaruol, beni-razin beni-Gebara, beni - Bufeibet, beni - Gualid, beniYeder, beni-Guciaghel, beni-Guafeval, beni-Guamud, &c. du côté de l'eft beni-Sayd, beni-Teufin, beni-léffetin, beni-Buhalel, beni-Telid, beni-Soffian, beni-Becil, beni-Zequer, &c.; plus au fud, font les beni-Fonfecara, beni-Aros, beni-Haffen, beni-Mager, beni-Bafil, ben-Seba, & un nombre infini d'autres (1). Les dépendances d'Alger,

(1) On doit obferver que le mot ben, qui veut dire fils, s'emploie ordinairement pour exprimer les defcendans d'une famille; beni-Haffen, beni-Jufeph, fignifient par conféquen

Tunis & Tripoli, font également divifées par un nombre infini de ces tribus, qui font de toute ancienneté, & qui n'ont elle-mêmes aucune idée de leur origine.

On doit divifer les différentes tribus, qui forment la population de cet Empire, en deux claffes principales, qui font les Brebes & les Maures; je ne m'étendrai pas ici fur le nom de Brebes, que les Montagnards ont reçu & confervé. J'en ai parlé dans le difcours préliminaire, où je n'ai pu me livrer qu'à des conjectures, vu l'incertitude où l'on eft fur l'origine de ces peuples, & fur l'époque de leurs déplacemens.

Les Brebes, ainfi que les Maures, lors de l'invafion des Arabes Mahométans, auront adopté la religion de Mahomet, analogue à leurs mœurs & à leurs principaux ufages; mais ils font peu inftruits, & ils ne n'observent fidèlement de cette religion, que l'averfion qu'elle inspire contre les cultes étrangers. Le mahométisme n'a point effacé les habitudes & les anciens préjugés de ces peuples, car ils mangent du fanglier, & dans les quartiers où il y a du vignoble ils boivent du

defcendans d'Haffen, defcendans de Jofeph. Par une exclu fion plus générale, les Maures appellent les hommes ben Adem, defcendans d'Adam.

vin, attendu, difent-ils, qu'ils le font eux-mê mes; pour le mieux conferver, dans la partie méridionale du mont Atlas, ils le mettent dans des vafes de terre & dans des barrils faits d'un tronc d'arbre creufé, dont le couvercle eft enduit de poix, & le dépofent dans des fouterreins. & même dans l'eau. Dans la province du Rif, du côté du nord, ils le font un peu cuire, ce qui le rend moins fumeux & moins fujet à enivrer; & peut-être croient-ils, alors, en pouvoir concilier l'ufage avec l'efprit de la loi.

Ifolés dans leurs montagnes, les Brebes y entretiennent leur reffentiment contre les Maures; confundns avec les Arabes, ils les regardent comme des ufurpateurs. Ils contractent auffi dans ces afyles une férocité de caractère & une force de corps, qui les rend plus propres à la guerre & à tout genre de travail, que ne le font en général les Maures de la plaine; l'indépendance dont ils font profeffion, donne même à leur phifionomie plus de caractère; mais il faut être habitué à voir ces nations pour s'en appercevoir. Soumis aux Empereurs de Maroc par préjugé de religions ils fecouent le joug de fon autorité quand il leur plaît, retranchés dans leurs montagnes, il est difficile de les attaquer & de les vaincre.

Les Brebes ont une langue particulière, & ils

ne s'allient abfolument qu'entr'eux; il y a parmi ces peuples des Tribus ou Cafiles trés-puiffantes par leur nombre & par leur courage, comme font les Gomera, du côté du Rif; les Gayroan, du côté de Fez; les Timour, le long du mont Atlas', depuis Miquenès jufqu'à Tedla; les Chavoya, depuis Tedla jufqu'à Duquella; & les Michboya, qui font depuis Maroc jufqu'à la partie du fud; l'Empereur de Maroc tient auprès de lui les enfans des principaux des ces Tribus, comme des otages de leur fidélité.

Les Brebes ne font point diftingués par leuts habits; ils font toujours habillés de laine, comme les Maures, &, quoiqu'ils habitent les montagnes, ils portent rarement des bonnets. Ces montagnards, ainfi que leurs femmes, cr.t de très-belles dents, & annoncent une vigueur qui les diftingue des autres Tribus: ils vont affez ordinairement à la chaffe des lions & des tigres, les mères font même en ufage de faire porter à leurs enfans un ongle de tigre ou un morceau de cuir de lion fur la tête, elles croient qu'ils acquièrent par-là de la force & du courage; c'est par la même superstition, fans doute, que les jeunes femmes ont attention de faire porter ces amuletes à leurs époux. J'ai obfervé dans le difcours préliminaire, que les Brebes & les Chellu, ayant une langue qui

leur eft commune, & que les Maures n'entendent pas; ils doivent avoir eu la même origine, malgrè la différence qu'il y dans leur façon de vivre. Ces derniers font à l'extrémité de l'Empire du à beaucôté du fud, leur population n'eft pas, coup près, auffi nombreuse que celle des Brebes, & ils font moins féroces qu'eux; ils ne s'allient pas avec des Tribus étrangères, &, quoiqu'ils aient adopté bien des fuperftitions, ils font fidèles obfervateurs de leur religion.

Après les Brebes, dont la population est trèsconfidérable, je parlerai des Maures, dont le plus grand nombre font répandus dans la campagne, & les autres habitent les villes.

Les Maures de la campagne vivent fous des tentes; ils déplacent tous les ans leurs campemens pour laiffer repofer leurs terres, & aller chercher des paturages plus frais, mais ils ne peuvent fe déplacer fans en prévenir leur Gouverneur. Ces compagnards, femblables aux anciens Arabes, font entièrement tournés du côté de la vie champêtre; leurs campemens, qu'on appèle Douhars, compofés de plufieurs téntes, forment un croiffant, un peu fermé par les bouts, ou bien ils font fur deux lignes parallèles, & leurs troupeaux, au retour du paturage, occupent le certre; on ferme quelquefois, avec des fagots d'épi

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