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facilité furprendre les navires marchands qui ne feroient

pas en état de fe défendre.

La ville de Tanger n'eft fufceptible d'aucun commerce, n'y ayant que peu de productions dans les environs. Les Espagnols en retiroient des volailes & quelques légumes, & les Anglois en retirent auffi des rafraîchiffement pour Gibraltar.

La baie de Tanger n'eft pas bien sûre quand les vents foufflent dans la partie de l'oueft; ayant été comblée par les débris du mole & des fortifications, on eft exposé à raguer fes cables & à être entraîné fur la plage. Le mouillage le plus sûr pour les frégates & pour les gros navires eft à la pointe de l'eft, d'où l'on peut mettre à la voile avec facilité, de quelque côté que les vents forcent; cette baie du refte n'eft dangereufe qu'en hiver.

A l'oueft de Tanger fe trouve le Cap Spartel, qu'il faut doubler pour aller à Arzille, qui n'eft qu'à cinq lieues de Tanger. Cette place bâtie fur l'embouchure d'une rivière, eft habitée par des Maures & des Juifs qui ne font aucun commerce. Arzille fut occupée anciennement par une colonie Romaine, elle paffa, de-là, fous la domination des Goths, & fut prife ensuite par Mahométans; Alphonfe de Portugal, furnommé Africain, s'en empara en 1471, les Portugais

les

l'ont abandonné à la fin du feizième fiècle.

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En courant la côte du côté du fud on trouve à douze lieues de diftance, la ville de l'Arrache; elle eft fur la rivière Luccos, qui eft le Lixos des Grecs. Le nom de cette Ville vient du mot arabe El Arrais, qui, veut dire un lieu planté de jardins; peut-être que fes fondateurs ont voulu conferver le fouvenir du jardin des Hefpérides, qu'on a fuppofé dans cet emplacement; les environs de cette place, coupés de bois & de quelques marais, font très-agréables, & elle feroit trèspropre au commerce, fa rivière ayant affez de profondeur, & fes environs pouvant fournir bien des retours pour l'Europe.

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L'Arrache fut fortifiée par Muley Naffer, à la fin du feizième fiècle; elle fut enfuite remife à l'Espagne en 1610, Muley Ifmaël la reprit en 1589. Il reste encore, dù côté de terre, un fort régulier, qui a été fait par les Efpagnois, & qui eft très-bien confervé. Le château du côté de la rade a été affez bien rétabli depuis quelques an nées, & a été renforcé de plufieurs batteries à fleur d'eau.z

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Les François bombardèrent cette place en 1765, & entrèrent dans la rivière pour y brûler deux corfaires; mais cette entreprife, exécutée avec courage, ayant été contrariée par des obftacles

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'on n'avoit pas affez prévus, n'eut pas, à beaucoup près, le fuccès qu'on s'en étoit promis.

Les Européens ont fait quelque commerce à l'Arrache fous le règne de Sidi Mahomet, actucllement régnant; mais, par uge de ces difpofitions dont on ignore les caufes, il en a fait retirer tous les établiffemens en 1780.

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que

La paffe de la rivière de l'Arrache eft affez profonde; les gros armemens de l'Empereur y hivernent ordinairement; il y a des magafins pour les agrès des navires, mais il n'y a aucune commodité pour la conftruction; on y eft éloigné des bois qui y font propres ; & le fol, qui n'eft fable, n'eft pas affez folide pour établir des chantiers. La rade de l'Arrache n'eft pas tenable en hiver, quand les vents fraîchiffent dans la partie de l'oueft-fud-oueft; mais on n'a rien à craindre depuis le commencement d'Avril jufqu'à la fin de Septembre.

Depuis l'Arrache jufqu'à la Mamore, fur environ vingt lieues de chemin, par terre, la campagne et variée par divers lacs, par des forêts, par plufieurs vallons, qui, autrefois, étoient affez peuplés, Dans le dernier, en approchant de la Mamore, on cotpie des lacs d'eau douce, qui ont près de huit lieues d'étendue; ils raffemblent quantité de canards & de poules d'eau. On pêche

dans ces lacs beaucoup d'anguilles; les bateaux dont les pêcheurs fe fervent font des espèces de nacelles, faites de rofeaux & de jonc, d'environ fix pieds de long fur deux de large, cù un homme tient à peine, il fe fert d'une perche pour gouverner fa petite barque, & il d'arde les anguilles a mefure qu'il les apperçoit. On voit fur les bords de ce lac quelques hofpices de Marabouts qui font en vénération de fainteté, & un nombre de campemens de Maures, qui cultivent les terres voifines, qui font d'un modique rapport. Ce vallon eft très-agréable en hiver & au printems, mais en été il eft trifte, fec & ennuyeux. A l'extrémité méridionale de ce vallon, on trouve un fanctuaire élevé, où il y a des habitations & des jardins; on voit, de-là, ferpenter la riviere de Sébou qui vient du côté de Fez, & qui, réunie au Beth, fe perd dans l'Océan. Cette rivière, qu'on paffe fur des bateaux mal entretenus, eft au bas de ce fanctuaire, à une lieue de diftance; c'eft la limite entre la province du Garb & celle de BenìHaffen.

Le fort de la Mamore, qui eft au fud du Sébou, cft la première habitation de la province de BeniHaffen; il fut commencé par les Portugais en 1515, & fut détruit en même temps par les Maures; il fut enfuite rétabli en 1604 par les

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Efpagnols, fur lefquels Muley Ifmaël le reprit en 1681. Ce château, qui a dû être à l'embouchure de la rivière de Sébou, s'en trouve éloigné de deux milles par la quantité de fable qui s'est amoncelé; ces enfablemens ont rendu l'entrée de cette rivière difficile & dangereufe, de forte qu'elle n'eft d'aucune utilité pour le commerce & pour la navigation. Il y a dans ce château trente-cing à quarante familles qui s'entretiennent miférablement du revenu du bac & de la pêche des alotes, qui eft très-abondante, dont on fournit tous les environs depuis novembre jufqu'à la fin de Mars.

De la Mamore à Salé, il y a cinq lieues ; cette place eft dans la province de Beni - Haffen, fur l'embouchure de la rivière de Salé, formée par la réunion de deux petites rivières, le Burcgreb & le Guerou. La rivière de Salé formoit autrefois un port affez, confidérable où il entroit de gros navires; mais la Barre & la rivière fe font fi fort enfablées depuis, qu'il ne peut y entrer de navires de deux cents tonneaux, qu'après lcs avoir allégés de leur artillerie & de leur left. Cette Ville fut prife en 1261 par les armes de Don Alphonfe dix, Roi de Caftille, qui re la pur garder qu'un inftant, le Roi de Fez étant venu la reprendre.

Cette place, entourée de murs, a une batterie
Tom. III,

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