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fenfiblement à l'oueft, on peut y tenir en hiver; mais en été, pour peu que les vents fraîchissent dans la partie du nord-nord-oueft, on y eft incommodé par la groffe mer.

A quatre lieues au fud de Fédale, on trouve Anafe, qu'on appelle aujourd'hui Dar-Beyda; il n'y refte que les ruines d'une Ville qui a été anciennement poffédée par les Portugais. Cette Ville, habitée par quelques Maures logés fous des cabanes, eft fur une rade très-agréable, & fur une vafte plaine, qui feroit fufceptible de la plus brillante culture.

A quinze lieues d'Anafé ou Dar-Beyda, en fuivant la côte vers le fud, on trouve la ville d'Azamore dans la province de Duquella, fur la Morbeya (1), & à quelque diftance de fon embouchure; cette Ville, qui eft en dedans de la côte, n'eft point propre à un commerce maritime, parce que l'entrée de cette rivière eft dangereufe. Cette place fut attaquée fans fuccès par les Portugais, en 1508; mais elle fut prise, en 1513, par le Duc de Bragance, & fut abandonnée à la fin du feizième siècle.

(1) Le vrai nom de cette rivière eft Om-arbaym, qui veut dire quarante fources ou quarante mers, & c'est par J'altération du mot, qu'on l'appelle Morbeya.

A peu de diftance d'Azamore, & dans une rade très-vafte, on voit les ruines d'une ancienne Ville appelée Tite, que je crois encore une des Villes fondées par ordre du Sénat de Carthage. II y a tout auprès les ruines de la ville d'Almédina, qui a été bâtie par les Maures.

Dans la même rade dont je viens de parler, à quatre lieues au fud d'Azamore, on voit la ville de Mazagan, qui fut bâtie par les Portugais, en 1506, fous le nom de Caftillo Réal. Sous les murs de cette place, du côté du nord, on a ménagé un baffin où les petits navires peuvent entrer; mais les gros font obligés de mouiller à deux licues au large à caufe de la pointe d'Aza-more qui s'avance à l'oueft, & qu'il feroit difficile de parer fi, les vents foufflant au fud-fudoueft, on étoit obligé de dérader. Cette place fut affiégée en vain, en 1562, par le Chérif de Maroc; les Portugais l'ont confervée jufqu'en 1769; l'Empereur régnant l'affiégea alors au moment même où la cour de Lisbonne fe propofit de l'évacuer. Les Maures de la province de Duquella, qui faifoient avec les Portugais un commerce clandeftin, ont bien du regret que cette place ait changé de maitre.

La ville de Mazagan aujourd'hui eft entièrement ruinée, & prefqu'inhabitée; les Maures

ont enlevé les poutres & les planches des maifons, dont les murs fe foutiennent comme par artifice. J'y ai encore vu, en 1781, une citerne, un peu dégradée par les bombes, qui mérite la curiofité des voyageurs par l'élégance de fa conftruction; on y defcend par des escaliers elle eft magnifiquement éclairée, & fa yoûte eft foutenue par vingt-quatre colonnes très - régulières. Au fud-ouest, & à peu de diftance de Mazagan, il y a une vieille tour appellée Boricha, d'où vient le nom de Bridja que les Maures confondent avec celui de Mazagan.

Lorfque cette Ville appartenoit aux Portugais, les Maures du fud, qui ne pouvoient faire le voyage de la Mecque, fuppléoient à cette dévotion, en venant faire quelques décharges de moufqueterie fur Mazagan, qui appartenoit aux Chrétiens. Un de ces fanatiques ayant été coupé en deux d'un coup de canon que tira la place, fes camarades l'enterrèrent comme un Saint; ils emportèrent le boulet comme un trophée de victoire, & eurent foin à l'avenir de tirer de plus loin.

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A douze lieues de Mazagan, en prolongeant la côte, on trouve la ville de Valédia; elle est dans une plaine pierreufe où l'on voyage avec peine. Au bas de cette Ville, il y a un baffin

très - vaste, entouré de rochers, formé par la nature, qui contiendroit plus de mille navires; mais l'entrée de ce baffin, qui eft rétrécie, & & qui découvre entièrement à l'oueft, feroit auffi difficile que dangereufe. La côte de Valédia eft bordée de rochers élevés de près de trente pieds, qui, dans les anciens tems, auront été lavés par la mer; & les Maures habitent dans les cavernes qu'elle a creufées. Au bas de ces rochers les fables ramaffés par le laps du tems ont formé une plaine spacieufe & agréable, où ces Maures cultivent des légumes & des herbages qu'ils débitent dans la province de Duquella, où le manque d'eau rend le jardinage très-rare.

La petite ville de Valédia n'eft qu'une enceinte de murs qui contient peu d'habitations; fon nom indique qu'elle a été bâtie fous le règne de Muley Valid, qui mourut en 1647. A en juger cependant par fa pofition, on feroit fondé à croire que cette Ville eft dans le même emplacement où Léon l'Africain place Conte, qu'il dit avoir été bâtie par les Africains à vingt milles de Saffi. Marmol l'a copié de même; mais par quelque conformité de nom, il confond Conte avec le cap Cottes (aujourd'hui cap Spartel) qui eft à cent lieues plus au nord.

En allant de Valédia au fud, après avoir

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ublé le cap Cantin, on trouve à huit lieucs distance la ville de Saffi, qui eft la feule de province d'Abda. Cette Ville eft ancienne, peut bien être du nombre de celles qui ont é bâties par les Carthaginois. Les Portugais n rendirent maîtres en 1508, & l'abandonrent, en 1641, après avoir réfifté aux efforts s Chérifs, qui ne purent s'en emparer. Saffi a été pendant long-tems le centre d'un mmerce fuivi avec l'Europe. Les François qui avoient plufieurs établiffemens avant la paix, qui y réfidoient fur la foi de l'alyle, en retiient beaucoup de laines, de cires, de gommes de cuirs. L'Empereur, actuellement régnant, rant établi un Port principal à Mogodor, Saffi e fait plus aucun commerce. Cette Ville a une ès-belle rade où les navires peuvent mouiller n toute sûreté; mais en hiver, quand les vents nt dans la partie du fud ou fud-oueft, il faut éceffairement dérader.

Les environs de Saffi font triftes & déferts, & 5 manquent d'eau : les Maures de certe Ville ont groffiers, fanatiques, & peu fociables; fous rétexte d'un nombre de tombeaux ou hofpices e Saints qui font à l'entrée de cette Ville, les ifs ne peuvent y entrer que nuds pieds, & on e permettoit pas aux Chrétiens d'y entrer à

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