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Les meubles de ces appartemens font très-fimples, ils se réduisent à un lit de repos ou un canapé quelques fauteuils, des tables avec des porcelaines & autres ornemens, tout ce qu'il faut pour le thé, des pendules, des armes fufpendues aux murs, une aiguière, & des tapis pour la prière.

Le pavillon qui renferme les appartemens où l'Empereur loge avec fes femmes, eft dans un des jardins; la diftribution de ces appartemens eft affez bien entendue, felon leur façon de vivre } car le goût des nations à cet égard eft par-tout foumis à leurs ufages & à leurs befoins. Il n'y a dans ce palais aucun ornement ni aucune recher→ che en meubles, tout annonce la fimplicité; on ignore dans ces climats cette foule de jouiffances & de fantaifies que l'Europe a adoptées, & que fon industrie, fon luxe & fon inconftance multiplient tous les jours.

L'Empereur régnant, qui a pour la ville de Maroc un goût de préférence, a fait ajouter à fon palais une nouvelle enceinte, où il a fait bâtir, par des Européens, des pavillons réguliers entourés de jardins; ces pavillons, bâtis en pierre de taille, avec de belles fenêtres, font de trèsbon goût, & donnent à cette enceinte, un air de grandeur & de magnificence, qu'on ne voit pas dans tout le refte. L'emplacement qui fépare ces

pavillons de l'ancien palais, forme une vaft place, entourée de murs, appelée Méchouar, o l'Empereur donne, quatre fois la femaine, fes audiences publiques. On arrive à cette enceinte du côté de la campagne, par une grande porte qu'on n'ouvre qu'une heure avant le Méchouar.

Le mont Atlas, qui borde la plaine de Maroc & qui en eft à peu de distance du côté de l'eft paroît là dans fa plus grande élévation; fes vai lons, entrecoupés d'arbres & de verdure, qui f confondent avec la neige qui eit fur le fommet font un effet fingulier & pittorefque. Cette chaîn de montagnes garantit les environs de Maroc d vent d'eft, qui feroit brûlant en été, tandi que les neiges qui couvrent l'Atlas tempèrent en même-tems, la chaleur du climat ; les nuits font conftamment fraîches, & ce n'eft que dépu neuf heures du matin, jufqu'à quatre ou cinq d l'après-midi, qu'on éprouve une grande chaleur les froids y font affez fenfibles en hiver, à cauf de la neige qui tombe fur les montagnes, du rett le climat eft très-fain. Le fejour de Maroc, ceper dant, n'eft point agréable pour les étrangers; is maifons font mal propres, remplies de puraifes la fraîcheur, en été, y attire beaucoup de fco pions ainfi que des ferpens, & les moucherons font très-incommodes.

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A environ une lieue de Maroc, on trouve la rivière de Tanfif, qui vient du mont Atlas, & qui va fe perdre dans l'Océan, à peu de distance' au fud de Saffi; on paffe cette rivière à Gué dans la belle faifon; il y a cependant un pont en briques, affez long, & mal entretenu, qui a été bâti à la fin du feizième fiècle par les efclaves Portugais, qui furvécurent à la défaite de l'armée de Don Sébastien.

Indépendamment des fources qui viennent du, mont Atlas arrofer les campagnes de Maroc, quel ques Ecrivains ont parlé, comme d'une merveille, des aqueducs qui conduifent l'eau à la Ville & aux environs; ce ne font cependant que des con duits fouterrains, ouverts par intervalle, groffièrement faits & creufés dans la terre, fur quinze ou vingt pieds de profondeur, felon l'élévation & le niveau du terrain; on ne peut refufer des hommages de vénération à ces premiers efforts de l'industrie des hommes, qui femblent annoncer les arts fortant du Chaos; mais on ne doit pas confondre & comparer ces conduits barbares avec les monumens de même genre, qui annoncent partout le progrès des arts, & la magnificence des Nations.

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peu de distance de Maroc, fur la chûte occidentale du mont Atlas, on voit la ville d'Agmet,

qui a été un inftant le féjour des premiers Rois de Maroc, celle d'Aminey, & plufieurs mauvais villages habités par des Juifs, qui ont abandonné la capitale pour fe dérober aux avanies & à la vexation. Le terroir de ces environs eft très-fertile, ainfi que tous les vallons de cette fuperbe montagne, habitée par des Brebes, qui font prefqu'indépendans.

Après que Muley Ifmaël eut réuni les petits Royaumes qui forment l'Empire de Maroc, il defira d'avoir deux Villes impériales pour pouvoir plus aifément contenir les peuples, en paffant alternativement du fud au nord; Maroc fut la Ville impériale du fud, & Miquenès, que ce Prince fit agrandir, fut la Ville impériale du Nord.

La ville de Miquenès eft à l'extrémité de la province de Beni-Hassen, à quatre-vingt lieues au nord de la ville de Maroc, & à vingt lieues à l'eft de Salé & de l'Océan; le fondateur de cette ville appelé Maknassa la fit bâtir d'abord dans le fond d'un vallon; mais Muley Ifmaël la fit confidérablement agrandir dans la plaine qui eft au couchant. Cette Ville eft entourée de vallons & de côteaux bien cultivés, ornés de jardins & de plantations d'oliviers, & arrofés par des ruiffeaux & des eaux abondantes; auffi les fruits & les légumes y font d'un goût excellent; les nabi

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tans eux-mêmes, par un peu plus d'urbanité femblent annoncer la température du climat. L'hiver à la vérité y eft fort incommode par la quantité de boue qu'il y a dans cette Ville & dans les environs, parce que les rues n'en font point pavées, & que la terre eft glaifeuse.

La ville de Miquenès- eft entourée de murs; le palais même eft fortifié de deux baftions, où il y a eu de la petite artillerie; Muley Ifmaël & Muley Abdallah, ont fouvent réfifté dans cette Ville aux efforts des Brebes conjurés contre leur tyrannie. On voit du côté de l'oucft quelques murs de circonvallation, de fix pieds de hauteur, qui n'étoient vraisemblablement que des retranchemens pour l'infanterie; les attaques des Brebes n'étant que des courfes fubites & momentanées, qui n'exigeoient pas une longue détense.

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Il y a dans Miquenès, ainfi que dans Maroc, un faubourg muré & gardé, deftiné pour la jui verie; les maifons y font plus propres qu'elles ne font à Maroc, les juifs y font en plus grand nombre, & peuvent tirer meilleur parti de leur induftrie, parce que les Maures de Miquenès ont plus. d'aifance, &, qu'étant plus voifins de l'Europe, ils font plus recherchés que ceux de la partie du fud.

On trouve, à côté de la juiverie, un autre

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