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d'un fil de pieux quelquefois garnis de palaplanches à renures, qu'on plante avec la fonnette, qu'on coëffe d'un chapeau pour les tenir en raifon, & qu'on affure par des tirans dans le terrain voifin. En certains endroits, on fe fert de différens fafcinages qu'on pofe en parement, taluffés une rangée par pointe, & une autre pardoffus en guile de chevêtre, ainfi alternative ment; mais cette maniere d'ouvrage périt bientôt, à caufe que les brins de bois dont il eft compofé, pourriffent dans quelques années. On fe conforme à toutes ces manieres par rapport à la facilité qu'on a des ma. teriaux qu'on trouve fur les lieux.

Les Turaies fefant avec la terre la meilleure qu'on peut trouver fur les heux; on foffoye auparavant leur emplacement, en arrachant les troncs des arbres, ra⇒ cines & le gazan; on éleve ainfi les Chauffées par couches reglées d'environ fix pouces de haut chacune, bat tues avec la dame qu'on mene de niveau.

On doit les tenir nettes de toutes fortes de buiffons & de plantemens d'arbres; les premiers donnent occafion aux Lapins, aux Renards, aux Fouinesà y faire des caveries, qui font caufe que lors des débordemens les eaux pénétrent les Turcies, les emportent & inondent les campagnes entieres qu'elles mettoient auparavant à couvert ; & enfin les derniers par leurs racines , per cent les levées, ce qui donne occafion aux eaux de fuivre leurs filamens, contre lefquels la terre n'a jamais aucune liaison, &.les eaux fe filtrent fur toute leur longueur comme au travers d'une filiere ; & les vents enfuite agitant les arbres, ébranlent les Turcies, & les font crevaffer par les fentes en différens endroits. Comme j'ai expérimenté toutes ces chofes dans les levées du Rhône, & des Salins de Peccais, dont j'ai été chargé de l'infpection, je rapporte les ouvrages dont je me fuis fervi toujours avec fuccès, & aufquelles on on ne fçauroit jamais trap apporter de précautions, ni

être trop fouvent vifités, pour être bien entretenus. Quand les Turcies fervent de grand Chemin pour toutes fortes de voitures, elles méritent d'être pavées en chauffées. On leur donne pour lors une largeur fuffifante, par rapport au concours du Peuple à l'ufage duquel elles doivent fervir; & quand la dépense ne permet pas qu'elles ayent partout une égale largeur, on fe contente de diftance en diftance d'y faire des repofoirs, afin que les voitures qui viennent d'une part, puiffent laisser paffer les autres qui viennent d'une autre.

Les terres dont on forme les Turcies & Levées doivent être prises dans le terrain qui eft entre l'emplace ment de la levée & la riviere, à deux toifes tout au moins de leurs Berges. Dans la fuite du tems, les atteliers d'où l'on a forti les terres, fe comblent par les inondations; & quand on ne peut pas faire autrement que de les prendre de l'autre côté de la levée du côté de la campagne, il faut s'éloigner tout au moins du pied du Talus des Turcies de quatre toifes, en laiffant une pareille Berge tout le long des Chauffées, pour en foutenir leur péfanteur contre les efforts des eaux qui les chargent, & les pouffent terriblement lors des inondations.

CHAPITRE VII I.

Du Chemin qui côtoye une rampe, de montagne.

LE

ou pente

Es rampes des montagnes ne font pas toujours en droite ligne, pour y pouvoir tracer également un même ouvrage propre à foutenir une route qu'on y veut projetter. Le chemin dans ces lieux eft bordé, pour l'ordinaire, du côté du bas de la rampe

par unmur de foutenement. Tantôt fuivant la difpofition du terrain, on fe contente de faire toute la tranchée dans le folide de la montagne; tantôt traverfant des rochers, on établit de l'un à l'autre des décharges & des cintres fubaiflés, pour fupporter les murs de foutenement. Par le trop grand efcarpement des lieux, on y pratique des charpentes propres à foutenir la route, tantôt ne pouvant pas y établir une route, ni par un mur de foutenement, ni par aucune charpente, on perce le rocher qu'on rencontre. Enfin, ne pouvant pas fe fervir d'aucun de ces moyens, on eft obligé de pouffer la route dans le fond & bas des lieux inacceffibles, qui font très-fouvent des rivieres, &c. De toutes ces manieres différentes de chemins, nous en allons traiter dans la fuite.

2. Les murs de foutenement qu'on fait pour suppor ter une voye fur la rampe d'une montagne, font faits quelquefois à pierre feche. Ceux qui font faits à chaux & à fable ne font pas toujours les meilleurs contre forts & arcboutans, pour foutenir tout l'effort & toute la péfanteur de la route; car le mortier qui ferme le joint des pierres, empêche les eaux de fe filtrer au travers des terres, qui les retiennent comme une éponge. Ces eaux dans le tems de pluyes qui defcendent de la rampe de la montagne, dont une partie traverse la route, & l'autre s'imbibe dans fon terrain, ramoliffent le fondement des murs, défuniffent le mortier des joints. entre les pierres, fourcillent enfin, entraînent par-là les murs par l'effort des terres qui font derriere, Quelque précaution qu'on prenne à pratiquer des égoûts, barbacanes, ventoufes, ou chantepleures pour l'écou lement des eaux, fi l'endroit de la montagne eft mal fitué, & qu'il s'y rencontre des fources, toutes ces précautions feront mal propres pour donner à la route une parfaite folidité. Pour lors un mur de foutenement fait avec la fimple pierre féche, fans aucune terre en

tre les joints, eft à préferer à une bonne maçonnerie, parce qu'au travers des joints des pierres les eaux s'échappent, après s'étre filtrées dans les terres du chemin. La route eft ainfi plutôt defféchée, & par conféquent plutôt affermie pour la commodité des paffans après un tems de pluye. Les murs de foutenement faits avec pierre, chaux & fable, peuvent être pratiqués fur le roc, & dans les lieux les plus fecs de la rampe de la montagne, où difficilement pourroit-on pratiquer un mur de foutenement à pierre féche, capable à foutenir un grand remblai de terre pour la largeur d'une route. Et ainfi ayant une fois diftingué les lieux les plus propres à faire plutôt un ouvrage qu'un autre, il fera aifé de conftruire avec folidité la route.

2. Le mur de foutenement fait avec pierres féches, doit être affis en bon fond, obfervant de lui donner une pente de quelques pouces du côté du haut de la montagne, afin qu'il foit parfaitement bien affis dans fon fol. Enfuite on l'élevera à plomb du côté des terres,ou du remblai, & en dehors on lui donnera du talus un cinquiéme de hauteur. La largeur par le haut doit être pour le moins de deux pieds, élevée & couronnée de pierres plattes couchées de champ, pour le moins fur les deux tiers de la largeur du mur par le haut. L'arrangement des pierres doit être tel, que dans le fondement on établira les plus groffes & les plattes; à fon parement les longues, & qui forment une espece de boutiffes ; dans le corps du mur les plus petites, & le derriere du mur doit être garni de moyennes ; le tout avec une cermaine liaifon, que de tems en tems il y en ait de longues qui lient les murs d'un parement à l'autre fur fa largeur, ffaire fe peut, fans qu'aucune terre, mouffe, gazon, bois, &c. foit employé à fa conftruction. Lès terres - feront enfuite rangées derriere avec la pelle, qu'on fera defcendre du haut de la montagne, & les pierres qu'on trouvera parmi les déblais, feront couchées de

plat, & tout auprès derriere les murs. Le remblai des terres fe doit faire jufques à la hauteur des murs de foutenement, dont le couronnement doit être couvert à quelques pouces de haut, de gazon, herbes, mousse, & de tout ce qui peut fe lier aisément pour faire corps, & n'être pas facilement emporté par les eaux de pluyes dans un commencement. L'aire de la voye doit avoir une pente prefque infenfible du côté du bas de la montagne pour l'écoulement des eaux lorsqu'il viendra à pleuvoir.

La figure ro, planche 2, fait voir le profil d'une route fur la pente d'une montagne, avec un mur de fou

tenement.

EXPLICATION DE LA Figure dixiE'ME, Planche feconde.

ABCD. Sol ou affiette du mur dans fon fondement,

Ampe, ou pente de la montagne.

CE.

qui doit avoir quelques pouces de pente de C. en E. EF. Derriere du mur de foutenement.

GC. Talus du foutenement.

GF. Largeur du mur à fon couronnement, clave de pierres couchées de champ G.

AB. Partie du terrain de la montagne, déblayé pour remblayer le vuide BF C.

BH. Foffé au pied du talus de la montagne, pour ra maffer les caux qui en defcendent, afin de les porter à un caffis, ou à un Pont, fans traverfer ailleurs le chemin.

4. Le mur de foutenement fait avec bonne maçonnerie,doit être affis en bon fond, comme celui qui est fait à pierres féches. Les égouts & chantepleures qu'on y pratiquera, feront ouverts de 3 à 4 pouces en quarré, & au derriere des murs feront couverts & comblés de

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