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A-t-il donc par un coin soulevé le grand voile
De l'avenir?

Et d'un secret de gloire entend-il une étoile

L'entretenira?

Non, il pense à son père, à son île captive,
À son ciel pur,

À

ses rivages nus où se roule plaintive

Il songe

La mer d'azur;

à son rocher qu'il aime mieux qu'un monde; À son berceau

Que le ciel a placé tremblant au bord de l'onde

Comme un roseau.

Puis il se dit: "Je veux épouser une fille
D'Ajaccio:

L'été, j'établirai ma petite famille

À Vecchio.

Que nous serons heureux dans notre maison blanche,
Aux gazons verts,
Qu'indique au gondolier le palmier qui se penche
Au bord des mers!

C'est là que je mourrai comme ceux de ma race!
Car, ignoré,

J'aurai passé dans l'ombre, et sans laisser ma trace
Je m'en irai!! ..."

Alors au fond de l'âme il sentait la tempête
Qui s'élevait!

Il l'écoutait, croisait les bras, baissait la tête ;
Puis il rêvait...

Rêvait-il qu'il faudrait par front un diadème
Dans sa maison;

a Dès qu'arrivait le moment de la récréation, le jeune Napoléon courait à la bibliothèque, où il lisait avec avidité les livres d'histoire, surtout Polybe et Plutarque.

Et qu'on l'appellerait de son nom de baptême:
Napoléon !—

"À genoux! à genoux! au milieu de la classe,

L'enfant mutin !

Dont l'esprit est de feu pour l'algèbre, et de glace Pour le latin.”

MADAME PERRIER.

STANCES À MA FILLE,

QUI M'AVAIT DEMANDÉ UNE ROMANCE.

MA chère enfant, viens, écoute ta mère,
De ses leçons garde le souvenir;
De la raison si le flambeau t'éclaire,
Tu fixeras ton sort pour l'avenir.

Que la pudeur soit ta seule parure;
Redoute l'art et la frivolité :
La vérité convient à la nature,
Le talent seul ajoute à la beauté.

Quand le matin tu vois briller la rose,
Songe qu'au soir elle n'existe plus :
Un seul moment de la beauté dispose;
On est toujours belle avec des vertus.
Si le malheur te suit dans ta carrière,
Arme ton cœur d'une noble fierté:
On est timide alors qu'on désespère,
Un front serein brave l'adversité.
Mais si le ciel t'accordait l'opulence,
Et des jours purs par les plaisirs tracés,
Ouvre ton âme à l'honnête indigence,
Et que ses pleurs par toi soient effacés.

Sois toujours douce, honnête, affable et sage;
D'une coquette évite l'art flatteur;
Que la candeur, peinte sur ton visage,
Fasse juger des vertus de ton cœur.
Puissé-je dire, à mon heure dernière,
De tout danger j'ai sauvé mon enfant!
Je finirai sans regret ma carrière,
Si je te laisse heureuse, en expirant.

MADAME TASTU.

LE DERNIER JOUR DE L'ANNÉE.

DÉJÀ la rapide journée

Fait place aux heures du sommeil,

Et du dernier fils de l'année

S'est enfui le dernier soleil.

Près du foyer, seule, inactive,
Livrée aux souvenirs puissants,
Ma pensée erre, fugitive,

Les

pas

Des jours passés aux jours présents.
Ma vue, au hasard arrêtée,
Longtemps de la flamme agitée
Suit les caprices éclatants,
Ou s'attache à l'acier mobile
Qui compte sur l'émail fragile
silencieux du temps.
Un pas encore, encore une heure,
Et l'année aura, sans retour,
Atteint sa dernière demeure ;
L'aiguille aura fini son tour.
Pourquoi, de mon regard avide,
La poursuivre ainsi tristement,
Quand je ne puis d'un seul moment
Retarder sa marche rapide?

Du temps qui vient de s'écouler
Si quelques jours pouvaient renaître,
Il n'en est pas un seul, peut-être,
Que ma voix daignât rappeler !
Mais des ans la fuite m'étonne;
Leurs adieux oppressent le cœur;
Je dis: c'est encore une fleur
Que l'âge enlève à ma couronne,
Et livre au torrent destructeur;
C'est une ombre ajoutée à l'ombre
Qui déjà s'étend sur mes jours;
Un printemps retranché du nombre
De ceux dont je verrai le cours !
Écoutons...le timbre sonore
Lentement frémit douze fois;
Il se tait...je l'écoute encore,
Et l'année expire à sa voix.
C'en est fait en vain je l'appelle.
Adieu!... Salut, sa sœur nouvelle,
Salut! Quels dons chargent ta main?
Quel bien nous apporte ton aile?

Quels beaux jours dorment dans ton sein?
Que dis-je! à mon âme tremblante
Ne révèle point tes secrets:
D'espoir, de jeunesse, d'attraits,
Aujourd'hui tu parais brillante;
Et ta course, insensible et lente,
Peut-être amène les regrets!
Ainsi chaque soleil se lève
Témoin de nos vœux insensés ;
Ainsi toujours son cours s'achève
En entraînant, comme un vain rêve,
Nos vœux déçus et dispersés.
Mais l'espérance fantastique,
Répandant sa clarté magique,

Dans la nuit du sombre avenir,
Nous guide d'année en année,
Jusqu'à l'aurore fortunée

Du jour qui ne doit pas finir.

LEAR.

"Blow winds and crack your cheeks."

(Imitation de Shakspeare.)

SOUFFLEZ, Vents orageux: mugis, sombre tempête;
Cataractes des cieux, que rien ne vous arrête !
Fleuves, sources, torrents, débordez à la fois,
Inondez nos cités, engloutissez nos toits!

Et vous, feux sulfureux, plus prompts que la pensée,
Frappez ces cheveux blancs, cette tête glacée,
Pourvu qu'un même coup détruise avec éclat
Ces principes féconds, germes de l'homme ingrat!
Grondez, noirs ouragans, redoublez vos efforts,
De ma débile vie usez tous les ressorts!
Des célestes fléaux redoutables familles,
Grêle, foudres, éclairs, vous n'êtes point mes filles,
Je n'ai point entre vous partagé mes États,
Et l'amour paternel ne vous fit point ingrats!
Venez, je me soumets à vos fureurs sinistres !
Mais non, de mes enfants vils et lâches ministres,
De ces perfides cœurs vous servez les desseins;
Ah! pourquoi leur prêter vos secours assassins
Contre un faible vieillard, et du haut de la nue
Assaillir sans pitié sa tête chauve et nue?

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