398 BÉRANGER. LES ÉTOILES QUI FILENT. "BERGER, tu dis que notre étoile "Mon enfant, qu'elle est pure et belle ! C'est celle d'un objet charmant. Fille heureuse, amante fidèle On l'accorde au plus tendre amant. "Mon fils, c'est l'étoile rapide "Mon enfant, quel éclair sinistre ! C'était l'astre d'un favori, Qui se croyait un grand ministre "Mon fils, quels pleurs seront les nôtres ! À son toit le pauvre accourait... -Encore une étoile qui file, Qui file, file et disparaît. "C'est celle d'un puissant monarque!... Et que ton étoile ne marque PICHAT. LÉONIDAS AUX TROIS CENTS SPARTIATES. EH bien écoutez donc l'espoir qu'un dieu m'inspire, Contre ce roi barbare, et qui compte aux combats Que pourraient tous les Grecs? Puissance inattendue, Frappe, étonne, confonde un despote orgueilleux. Ou, s'il ose franchir le pas des Thermopyles, Si de tels intérêts j'ose un moment descendre, Les échos n'auront pas oublié les grands noms. 401 TRAITÉ DE VERSIFICATION FRANÇAISEa. L'ART de la versification est dans toutes les langues celui de placer les mots d'après des règles déterminées. La construction de nos vers français est assujettie à quatre règles. Nos vers doivent être composés d'un certain nombre de syllabes, suivant l'espèce du vers; secondement, nos vers doivent avoir un repos ou une césure; troisièmement, il faut éviter le concours des syllabes qui ne souffrent pas d'élision; enfin il faut rimer. DE LA MESURE. C'est le nombre des syllabes qui détermine la mesure du vers. Nous avons des vers de douze syllabes ou de six pieds,deux syllabes formant un pied, quelle que soit d'ailleurs la mesure du vers. Nous avons aussi des vers de dix, de huit, de sept, de six, de cinq, de quatre, de trois et de deux syllabes. Nota.-Dans le nombre des syllabes on ne comprend pas la dernière syllabe quand elle est féminine, c'est-à-dire, quand elle est terminée par un e muet. Vers de douze syllabes. Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux. Ces deux divinités n'accordent à nos vœux Que des biens peu certains, qu'un plaisir peu tranquille : Des soucis dévorants c'est l'éternel asile. LA FONTAINE, Philémon et Baucis. a Ce traité de versification française peut servir de complément à la grammaire de l'éditeur, (voyez l'Appendice de cette grammaire, page 319, DE LA PROSODIE). Nota.-L'e muet, à la fin d'un mot, rencontrant une voyelle ne compte point comme syllabe : Le temps est assez long pour quiconque en profite; Qui travaille et qui pense en étend la limite.-Voltaire. Les vers de douze syllabes sont appelés indifféremment vers alexandrins, hexamètres ou grands vers. On leur donne aussi le nom d'héroïques, parce que, le rhythme étant plein de force et de majesté, on les emploie souvent dans les ouvrages héroïques, tels que la tragédie et l'épopée. Vers de dix syllabes. Naissez, mes vers, soulagez mes douleurs, Et sans effort, coulez avec mes pleurs.-PARNY. Les vers de dix syllabes se font remarquer par la douceur, la grâce et une aisance pleine d'abandon. Les autres mesures conviennent à la poésie lyrique, à la fable, etc. Vers de huit syllabes. Ce vieillard qui d'un vol agile Le temps, cette image mobile De l'immobile éternité.-J. B. ROUSSEAU. Les vers de huit syllabes ont beaucoup de force et de noblesse; ils s'emploient dans les odes, les hymnes, les épîtres, etc. Vers de sept syllabes, Au Parnasse, la misère Longtemps a régné, dit-on. Quels biens possédait Homère? Une besace, un bâton.-Béranger. a Quelques étymologistes font dériver ce mot d'un roman français du douzième siècle, en l'honneur d'Alexandre-le-Grand, roman dans lequel on vit pour la première fois un poète français se servir de cette sorte de vers. ↳ Rhythme, du grec 'Pv0μos (rhuthmos), signifie le nombre, la cadence, la mesure d'un vers. C'est une loi indiquée par la nature pour charler l'oreille. "La prose a son rhythme, ainsi que la poésie."-Académie. |