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Un nouveau Spectacle m'appelle, Qui dans l'Italie inventé,

Ici, doit fervir de modele,

A ceux dont il fut imité.
J'y voi quelle gloire merite
Cet Auteur dont le ftile invite
La Mufique à s'y marier:

Ses vers font riches, mais fans fafte
Et la matiere n'en eft vafte
Que par l'art de la varier.

Mais écoutons; ce Berger jouë Les plus amoureuses chansons ; Du fameux Pafteur de Mantouë,

Il imite les tendres fons.

Un autre à des chanfons fi belles,
En oppofe de plus nouvelles,
Entre eux j'aime à me partager;
Et Pan l'inventeur de la flûte,
Arbitre de cette difpute,
N'ofe lui-même les juger.

Au gré de ce nouvel Esope,
Les animaux prennent la voix;
Sous leurs difcours il envelope
Des leçons même pour les Rois.
Une douceur fimple, élégante,
En riant, par tout y préfente
La nature & la verité.

De quelle grace il les anime!
Oui, peut - eftre que le fublime
Cede à cette naïveté.

Ici, du Cenfeur du Parnaffe Je ne crains point d'estre repris : Au poids dont fe fervoit Horace, Il fçait pefer tous les écrits. Il connoit, critique équitable, Quel eft l'ornement convenable Que chaque auteur doit employer; Et toi-même, Fils de Latone, Dans les preceptes qu'il nous donne, Tu ne trouvas rien à rayer.

Par lui, la Mufe fatirique

En nos jours parût fans défaut ;
Par d'autres le Panégirique
Ne s'eft pas élevé moins haut.
Art pénible, prodige étrange!
Ils nous plûrent par la loüange,
Source ordinaire de l'ennui :
La Satire eût bien moins de peine
A charmer la malice humaine
Avide des affronts d'autrui.

Quel agrément, quelle harmonie, Dans ces écrits ingénieux,

Où l'Hiperbole & l'Ironie
Difputent à qui plaira mieux !
Ces difcours privés qu'on s'adreffe,
Tribut d'eftime & de tendreffe,
Y brillent des plus heureux traits;
Par une feconde prefence

C'est ainsi qu'en trompant l'abfence,
On en fufpendoit les regrets.

Les Vers, les éloquens ouvrages

M'enyvroient de leur doux poifon;
J'en oubliois presque ces Sages

Amis de l'exacte raifon.

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Sur mille erreurs, fruits de l'enfance;
Sur la Nature & fa puiffance,

Ils s'efforcent d'ouvrir nos yeux;
Et tel d'entre eux, avec les Graces,
Nous fait parcourir fur les traces
Tout l'efpace effrayant des cieux.
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Ici, trop de clarté me blesse
Je vois ces efprits dont l'ardeur
Va de la divine fageffe

Sonder l'immenfe profondeur.
Confidents du fouverain Etre,
Ils fçavent par tout le connoitre,
Du joug des fens débaraffés.

Ces Dieux dont j'ornois ma matiére,
Devant cette pure lumiére
Sont des phantômes éclipfés

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Longtemps l'antiquité fçavante

Nous recela mille écrivains;

Mais des beautez qu'elle nous vante,
Nous avons lieu d'estre aussi vains
Les Plines & les Démosthènes,
Les travaux de Rome & d'Athénes,
Deviennent nos propres travaux ;
Et ceux qui nous les interpretent,

Sont moins, par l'éclat qu'ils leur pretent,
Leurs traducteurs que leurs Rivaux.

Ariftote fous un nuage,
Cachant un fens trop peu rendu,
Même en parlant notre langage,
N'étoit pas encore entendu ;
Mais un Oedipe infatigable
Nous a de ce Sphinx refpectable,
Découvert le fens le plus beau :
Sur les obfcurités antiques,
Ses laborieufes critiques

Ont cent fois porté le flambeau.

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