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dans le Palais un poignard à la main : la nuit eft avancée, & n'eft éclairée que par la fombre lueur de quelques lampes. Lyncée inquiet, cherche fon époufe; il l'apperçoit, & lui demande avec étonnement l'explication de ce poignard? L'obfcurité de fes réponses ne fait que redoubler fes allarmes; & il apprend enfin que tous fes freres viennent d'être égorgés. Ce Prince ouvre le cinquième A&te, l'épée à la main, & veut venger, par la mort du Tyran, le meurtre de fes freres. Hypermnestre lui perfuade de prendre la fuite; parce que le Tyran lui-même en veut à fes jours. Danaus fait courir après lui, & menace Hypermnestre d'une éternelle captivité, pour avoir manqué à fon ferment. Un bruit de guerre fe fait entendre; le Roi croit qu'on lui amene Lyncée; il fort pour ordonner fon fupplice: Mais Lyncée avoit gagné le Peuple, & s'étoit fait un parti. Le combat s'engage, & Danaus périt par la main de fon gendre qui cherchoit au contraire à lui fauver la vie.

HYPERMNESTRE, Tragédie de M. Lemierre, 1758.

Danaus & Egyptus étoient deux freres qui régnoient enfemble dans Memphis. Celui-ci las de partager la fou veraineté, chaffa Danaus de l'Egypte. Ce Prince fugitif vint à Argos, & en ufurpa le Tróne fur Sthénélée. Egyptus, au bout de plufieurs années, voulut le réconcilier avec fon frere; il lui propofa fes fils qui étoient, dit la Fable, au nombre de cinquante, pour époufer leurs coufines-germaines qui étoient en auffi grand nombre ; mais Danaus, le cœur toujours ulcéré de l'injure qu'il avoit reçue, refufa ces mariages. Egyptus envoya fes cinquante fils mettre le Siége devant Argos: Danaus fut forcé de confentir à leur donner fes filles, pour confer ver fes États. Mais pour fe venger de cette nouvelle violence, ou fur la foi d'un Oracle qui le menaçoit de périr par la main de fes gendres, il ordonna à fes filles de maffacrer leurs époux la premiere nuit de leurs noces ; ce qu'elles exécuterent toutes, à l'exception d'Hypermneftre qui fauva Lyncée. Ce Prince courut rejoindre fes troupes, & revint à Argos exciter une fédition dans laquelle Danaüs fut tué.

Tome 11.

D

Voilà le fond de cette Piéce; en voici les détails.

Lyncée déclare à Hypermneftre fa paffion & fes in quiétudes; il craint de lui paroître un Tyran, après les violences qu'il a été forcé d'exercer devant Argos dont if a fait le Siége. Hypermneftre le raffure, & croit devoir elle-même lui découvrir fes fentimens. Elle avoue qu'elle l'avoit hai, mais que fes vertus l'ont touchée, & qu'elle fe trouve heureufe de la néceffité où elle est de l'époufer. Danaus leur annonce que tous les préparatifs font faits pour cette cérémonie, & feint d'être fincérement réconcilié avec Egyptus. Lyncée eft fans dé fiance; il a même congédié l'armée avant l'accomplis fement du traité, ne croyant pas devoir foupçonner la bonne foi de Danaus. Ce dernier expose à fon Confident toute la noirceur de fon ame. Il lui retrace les motifs de vengeance qu'il a contre fon frere, & lui découvre tous fes projets. Il a engagé le Grand-Prêtre à rénare un faux Oracle, qui le condamne à périr par fes gendres. Il a befoin de cet artifice, pour rendre la vengeance légitime aux yeux du Peuple qu'il faut tromper par la fuperftition. II ordonne à fon Confident d'écarter Lyncée au fortit de l'Autel, pendant l'entretien qu'il fe propofe d'avoir avec Hypermneftre. En imaginant un faux Oracle, M. Lémiere n'a pas exactement suivi la Fable de Dandus; mais ce trait peint mieux la méchanceté artificieuse du Tyran. Danaus n'en devient que plus odieux, & Hypermneftre plus excufable, lorfqu'elle invective avec tant de force, contre les Augures, & en particulier, contre l'ignorance, la fuperstition, ou la fourberie de quelques Miniftres des faux Dieux.

Egine, Confidente de cette Princeffe, lui montre les plus grandes inquiétudes, fur les préfages finiftres qu'elle a cru voir au Temple. Hypermneftre la raffure fur la fainteté du mariage, & fur la foi des traités, &c. Perfuadée de la bonne foi de fon pere, Hypermneftre court au-devant de lui, pour lai témoigner fa joie. Il lui rappelle tous fes fujets de haine contre Egyptus: que devient cette Princeffe, lorfqu'elle apprend les def feins du Roi, la vengeance affreufe qu'il veut exercer contre fes gendres, & la promeffe qu'il exige d'elle

d'affaffiner fon mari? Elle lui repréfente toute la cruauté de cetté entreprife; il lui oppofe un Oracle qu'elle croit faux, & qu'elle rejette comme tel.

Hypermneftre veut raffurer fon pere fur la vertu de Lyncée, mais Danaus qui se lasse de cette réfiftance prévient fa fille, que Lyncée ne peut pas lui échapper, & qu'elle s'expofe à la colere d'un pere, fans pouvoir fauver lon époux la quitte, & ne lui laiffe qu'un moment pour fe décider. Elle refte anéantie fous le poids de fon malheur. Cependant le tems preffe: elle fort, réfolue de tout entreprendre pour affurer les jours de fon mari. Lyncée, féparé de sa femme, eft en proie à de mortelles inquiétudes. Dans ce moment il apprend que tous les freres ont péri de la main de leurs femmes, par l'ordre du Tyran. Ce Prince furieux ne refpire plus que la vengeance, & veut aller tuer Danaus. Comme il va fortir, il apperçoit Hypermnekre, une lampe dans une main, un poignard dans l'autre; il court à elle: ofe trancher mes jours, « lui dit-il; elle répond:

je viens pour les fauver. » Lyncée, confus & défefpéré, rougit de fon égarement. Mais il ne quitte pas le def fein de fe venger de Danaus. Hypermneftre fait tous fes efforts pour le déterminer à fortir du Palais & de la Ville. Elle fe jette à fes pieds. Accablé de fa propre fureur & de la douleur de fa femme, Lyncée revient à lui, & s'obstine à vouloir attendre Danaus. Hypermnestre, au contraire, l'exhorte à s'enfuir, & le menace de l'abandonner, s'il ne lui céde. Il part, réfolu de revenir avec les troupes de fon pere, qui ne doivent pas être éloignées.

Hypermnestre eft déchirée par les plus cruelles inquiétudes. Elle craint que Lyncée ne foit arrêté en chemin; & elle tombe dans un délire de douleur qui lui fait voir fon mari fous le fer du Tyran, Elle s'évanouit; Danaus arrive & la trouve dans cet état : il croit que c'eft l'effet naturel de l'action qu'elle vient de commettre ; car il ne doute pas qu'elle n'ait exécuté les ordres. Iĺ demande s'il eft obéi; elle répond en termes équivoques, qu'elle a perdu fon époux: elle fort en pleurs, dans la crainte de fe trahir. Le Roi s'applaudit d'avoir frappé fa derniere victime, & goûte une vengeance complette; mais dans l'inftant même, on vient l'avertir que Lyncée

eft échappé. Danaüs furieux fait enchaîner Hypermnet
tre qui lui repréfente avec fermeté, qu'elle a fait for
devoir; que
c'eft à fes fœurs à fe repentir du crime af-
freux qu'elles ont commis. Elle fe flatte que fon époux
échappera aux pourfuites de fon pere qui a envoyé de
tous côtés des Satellites, pour le ramener dans le Pa-
Jais. Mais bientôt fes espérances s'évanouiffent; Lyncée
reparoît chargé de chaînes. Ils jettent tous deux un cri
de défcfpoir, en fe voyant dans les fers l'un & l'autre.
L'époux d'Hypermneftre reproche au Tyran fes cruau-
tés. On vient annoncer que le Peuple eft fur le point de
fe révolter. Danaüs ordonne qu'on faffe mourir Lyncée
dans la prifon, fecrettement. Hypermneftre fe jette aux
genoux de fon pere, & le conjure inutilement de lui
rendre fon époux. On entend un bruit de fédition; Da-
naus ordonne qu'on raffemble fa garde. Lyncée arrive à
la tête du Peuple, & redemande fa femme au Tyran.
Pour réponse, le Roi fait avancer fa garde. Lyncée fu-
rieux veut faire accabler Danaus par le Peuple; le Ty-
ran l'arrête en levant le poignard fur fa fille. Lyncée
pouffant un cri de défespoir, tremble que le Peuple n'a-
vance malgré lui. Dans ce moment arrive, avec trouble
& précipitation, un des Confidens du Tyran, qui l'aver-
tit que fa garde eft forcée. Danaüs effrayé fait un mou-
vement qui le fépare de fa fille. Lyncée profite de ce
moment de trouble, fe précipite fur Hypermnefire & la
délivre de fon Tyran. Danaus enveloppé d'ennemis, se
tue lui-même, pour fe fouftraire à la fureur du Peu-
ple.

HYPOCONDRE, (P) ou le MORT AMOUREUX, Tragiz
Comédie de Rotrou, 1631

Cloridan, jeune Seigneur Grec, prend congé de Perfide, fa Maitreffe, & part pour Corinthe. Il fe trouve au fecond A&te dans une forêt, où il met à mort deux Raviffeurs. Cléonice, qu'il vient de délivrer, fe paffionne pour lui, & le conduit au Château de fon pere. Une fauffe nouvelle de la mort de Perfide, le fait évanouir. Rendu à lui-même, il croit être mort, méconnoît tout le monde, dit mille extravagances, prend le Château pour les Enfers, & cherche par-tout l'ombre. de fa Maitreffe qu'il croit morte. Perfide affligée de ne

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plus recevoir de nouvelles de fon Amant, confulte une Magicienne, & arrive au Château du pere de Cléonice. Les idées folles de Cloridant se renouvellent, Une excellente mufique, & la fuppofition de deux Morts reffufcités par un concert, le tirent enfin de fon erreur. L'Auteur attribue à fa grande jeuneffe, le peu de mérite de cette Piéce, fi foible, en effet, que je ne lais pas même fi cette excufe eft fuffifante.

I.

IDOMÉNÉE, Tragédie de Crébillon, 1705.

La néceffité d'aller remplir un vou barbare, eft ce qui forme le nœud de cette Tragédie. Mais le rivalité d'Idomenée & de fon fils, n'ajoute rien à la force du sujet. Eft-il naturel & vraisemblable, qu'un Roi, déja vieux, parle d'amour à une jeune Princeffe, dont il a fait mourir le pere, tandis que lui-même eft obligé de facrifier fon fils pour fauver (on Peuple ? Il eft vrai que cette rivalité produit quelques fcènes intéreffantes: elle fournit à Idomenée un motif de plus, pour fe tuer lui-même ; & c'étoit peut-être la feule maniere de dénouer cette piéce: car de représenter Idomenée, preffant l'accompliffement de fon vou, c'eût été l'avilir. Une telle cruauté n'eût paffé que pour foibleffe. Il n'avoit d'autre parti à prendre, que de fe dévouer à la place de fon fils. La mort de ce fils mit fin à fa perplexité; mais cette mort trop précipitée, ne produit que de l'étonnement, & ce fujet, au fond fi Tragique, n'infpire qu'une pitié momentanée on en fort moins ému que furpris. Quant à la verfification, elle eft plus forte que brillante; mais elle eft animée par cette chaleur que la force produit. Enfin, il falloit n'être pas un homme ordinaire, & fentir fa force, pour choisir d'abord une fujet auffi difficile à bien traîter: c'eft Hercule, qui, dès fon enfance, cher che à combattre des Lions,

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