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de la fente, parce qu'ils en confervent l'aubier, & qu'ils le vendent comme le bois du cœur ; c'eft fur-tout ce qu'ils pratiquent pour la latte & les échalas, les ferches, &c; mais il faut dire auffi que le bois verd fe fend mieux que le fec.

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Toutes les expériences, toutes les obfervations que nous avons rapportées, & les réflexions que nous avons faites fur les différentes opinions qui font venues à notre connoiffance; en un mot, tout ce que nous avons dit jufqu'à préfent, concourt prouver qu'il y a un avantage confidérable, lorfqu'on veut ménager la bonne qualité des bois, à écorcer, ou même à équarrir les arbres auffi-tôt qu'ils ont été abattus. Il me refte maintenant à examiner fi, en fuivant cette pratique, on ne les rend pas inutiles, à caufe de la quantité de fentes & d'éclats qu'elle peut occasionner : c'est ce qui va faire le sujet du Chapitre fuivant.

CHAPITRE II.

Quelle est la caufe des gerces, des fentes & des éclats qui endommagent fi fouvent les bois de la meilleure qualité? Pourquoi ces mêmes bois font-ils les plus fujets à fe voiler & à fe tourmenter? Dans quels cas ces accidents font-ils principalement à craindre? Quels font les moyens de prévenir leur progrès ? Les bois fe gercent, fe fendent & s'éclatent, ou ils se voilent, fe courbent & fe tourmentent, à proportion qu'ils perdent de leur feve, ou qu'ils fe deffechent.

On fait auffi que les arbres abattus diminuent de volume, à mefure qu'ils perdent l'humidité qu'ils avoient lorfqu'ils étoient encore fur leur fouche.

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Je me fuis afsuré par des expériences, que , que dans les bois de la même qualité, ce font ceux qui contiennent le plus d'humidité, qui perdent le plus de leur volume.

Je m'explique: le bois du cœur des arbres qui font en crûe, eft plus denfe que celui de la circonférence; il contient dans un même efpace plus de fibres ligneufes & moins d'humidité:: quoique ce point ait été déja prouvé ci-devant, je vais encore le prouver par de nouvelles expériences.

Or, je dis que dans ce cas, le bois de la circonférence qui perd le plus de fon poids en fe defféchant, diminue auffi plus de volume que le bois du centre.

Il n'en eft pas tout-à-fait de même, lorfque ce font des bois de différente qualité; car les bois très-vieux, très-usés, les bois qui font venus dans des pays froids, ou dans des terreins humides; en un mot ces bois, que les Ouvriers appellent Bois gras, perdent beaucoup de leur poids en fe féchant; mais cependant il m'a paru qu'ils ne diminuent pas beaucoup de volume.

Ce qu'il y a de certain, c'eft que les bois extrêmement forts, ceux qui font de la meilleure qualité, les Chênes de Provence, par exemple, fe fendent & s'éclatent beaucoup ; les bois d'une qualité médiocre, ceux de Bourgogne, & encore plus ceux du Nord, fe fendent beaucoup moins: les bois très-gras ne fe fendent prefque pas ; le bois pourri ne fe fend point du tout. Après qu'un arbre a été abattu, il se deffeche à mesure qu'il perd de fon humidité, il perd auffi de fon volume, & les fentes fe forment dans le bois à proportion qu'il diminue de volume.

Je ne m'arrêterai point à examiner comment fe fait le desséchement du bois ; il eft le même que celui de tous les autres corps; la même caufe Phyfique fait qu'un morceau de drap & un morceau de bois fe deffechent; ainfi il me fuffira de renvoyer à ce qui a été dit de plus probable fur l'évaporation des liqueurs, fur la formation des exhalaifons, des vapeurs, &c. Mais pour favoir d'où peut dépendre la diminution du volume du bois lorfqu'il fe deffeche, il faut d'abord concevoir qu'un tronc d'arbre eft compofé de différentes couches d, d, d

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(Pl. XIV. fig. 1), formées de fibres ligneufes qui s'étendent dans toute la longueur du tronc eeee; ces fibres longitudinales font jointes les unes aux autres, non-feulement par des fibres qui les coupent à angle droit, & qu'on voit former des f,f,f, fur l'aire de la coupe d'un morceau de bois ( ce font les véhicules de Malpighi, les infertions de Grew, & ce que les Marchands de bois appellent la Maille ), mais encore par quelques fibres longitudinales qui paffent obliquement d'un faifceau dans un autre, ou d'une couche à l'autre; cette méchanique s'apperçoit aisément, & la communication latérale de la feve qui eft prouvée par tant d'expériences, démontre la nécessité de l'union intime des fibres longitudinales les unes avec les

autres.

Il s'en faut cependant beaucoup que cette force qui unit les fibres longitudinales, & que j'appellerai leur force de cohéfion, ne foit auffi puiffante que la force même de ces fibres; car ces deux forces font entr'elles comme la force qu'il faut pour rompre un morceau de bois, eft à la force qu'il faut pour le fendre; ou comme la force d'un barreau de bois de fil cc (fig. 1), eft à la force d'un barreau bb, de pareille dimenfion, mais levé dans le diametre d'un gros arbre, tel que celui de la figure 1, fur lequel ces deux barreaux font ponctués, l'un fur la coupe, & l'autre dans la direction du tronc.

Maintenant que nous avons une idée de la difpofition des fibres ligneufes dans un arbre, confidérons quelle eft la nature de ces fibres.

Elles ne font point rigides comme le feroit un faisceau de fils de métal, ou comme des fils d'émail; elles font originairement formées d'une matiere mucilagineufe, gommeuse ou ré-. fineufe; & quoiqu'elles aient en quelque façon changé de nature, elles confervent néanmoins le caractere de leur origine, puifqu'elles s'attendriffent à la chaleur & à l'humidité,& que le froid & la féchereffe les endurcit : ce font donc des fibres élastiques qui fe refferreront, & qui fe contracteront à mesure qu'elles perdront de leur humidité, & qui fe gonfleront & s'étendront lorfqu'elles s'imbiberont d'humidité; cela doit fuffire pour ex

le

pliquer les phénomenes dont il eft ici question, & il n'est pas néceffaire de recourir, comme ont fait de grands Phyficiens, à certaines véhicules ovales qui deviennent fphériques par defféchement. On fait que les matieres mucilagineufes fe gonflent par l'humidité, &qu'elles fe refferrent quand elles fe deffechent: un morceau de gomme adragante, de colle forte, &c, se gonfle dans l'eau, & ces matieres reviennent à leur premier volume, quand on les dépofe enfuite dans un lieu fec. Je m'en tiens à ces faits, & je ne cherche point pour le préfent à expliquer comment les parties de la colle peuvent fe contracter dans un cas, & fe dilater dans un autre ; mais comme j'ai prouvé ailleurs que les fibres ligneufes étoient originairement formées de matieres mucilagineufes, & qu'elles retiennent encore (lorfqu'elles font converties en bois), quelque chofe de la nature de ces matieres, je me contente de foupçonner que ces fibres fe dilatent ou fe contractent par une méchanique femblable à celle des matieres mucilagineufes.

On fait qu'une corde humectée fe gonfle, & qu'elle diminue de groffeur quand elle fe deffeche: je crois que le gonflement de la corde dépend de la même caufe qui fait monter l'eau dans les tuyaux capillaires; & je penferois auffi que cette cause influe dans l'augmentation ou la diminution du volume des bois qu'on humecte & qu'on fait deffécher; mais il faut qu'il y ait quelque chofe de plus; car la corde, lorfqu'elle se deffeche, gagne en longueur ce qu'elle perd en groffeur, au lieu qu'un morceau de bois diminue en tout fens lorsqu'il perd fon humidité, ce qui arrive pareillement aux matieres mucilagineufes.

Je demande cependant qu'on obferve, que je dis seulement que nos fibres ligneufes retiennent encore quelques-unes des propriétés des matieres dont elles ont été formées; car réfine je ne prétends pas qu'elles ne font que gomme, que ou que mucilage; il eft certain que l'état de bois où elles font, eft très-différent de celui de mucilage où elles ont été ; mais je crois que dans un morceau de bois il y a des parties qui

font vraiment ligneufes, d'autres qui font tout-à-fait mucilagineufes, & d'autres enfin qui font dans des états intermédiaires, & que le tout enfemble eft plus ou moins fufceptible de dilatation & de contraction, fuivant qu'il y a plus ou moins de parties vraiment ligneufes. Peut-être même pourroit - on encore foupçonner que les parties les plus ligneufes font un peu fufceptibles du reffort dont nous parlons; mais cela eft indifférent à notre fujet.

Au refte, qu'on admette telle explication qu'on voudra il fera toujours certain que les fibres ligneufes fe rapprochent dans un morceau de bois verd lorfqu'il fe deffeche; je me fuis affuré différentes fois de ce fait fur un cylindre de bois verd pris hors le centre d'un arbre, comme vers aa (Fig. 1), qui rempliffoit exactement un anneau de fer: quand ce cylindre étoit fec, il s'en falloit affez confidérablement qu'il ne remplît l'anneau. D'autres fois j'ai fait faire un barreau de bois verd tel que bb, (Fig. 1), qui rempliffoit exactement un calibre de bois fec; mais ce barreau y paffoit librement quand il étoit devenu fec. Prefque toutes les menuiferies prouvent bien fenfiblement que les fibres des bois verds fe rapprochent à mesure qu'ils se sechent.

Nous ferons voir dans la fuite que, dans ces mêmes circonftances, les fibres ligneufes perdent auffi de leur longueur; mais il faut examiner auparavant ce qui doit réfulter du rapprochement des fibres. Et pour mieux faire entendre quelle eft fur cela ma pensée, j'emploierai pour comparaison, un morẻ ceau de terre glaise.

§. 1. Exemple de contraction tiré d'un Cylindre formé de terre glaife.

JE fuppofe donc un cylindre de terre glaife a a, (PI. XIV. fig. '2), fortant des mains du Potier; ce cylindre, en fe defféchant, perdra de fon volume dans toutes fes dimensions.

La quantité de cette diminution eft, dans la glaife qu'emploient les Sculpteurs de Paris pour leurs modeles, d'environ un douzieme.

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